La fuite, qui s'est déclarée le 20 décembre sur le site en eaux profondes de Bonga, à 120 kilomètres des côtes du Delta du Niger, dans le Sud du Nigeria, a été arrêtée, tout comme la production de cette importante installation dont la capacité s'élève à 200.000 barils par jour.
Selon la compagnie anglo-néerlandaise, "moins de 40.000 barils" auraient été déversés accidentellement dans l'Océan atlantique lors d'un transfert vers un tanker.
"C'est la pire marée noire depuis 1998", au Nigeria, a estimé le directeur de l'agence nationale de détection et de réponse aux fuites pétrolières (Nosdra), Peter Idabor, faisant référence à un incident impliquant Mobil.
Cependant, selon des activistes, des fuites bien plus importantes ont souillé sur terre le Delta du Niger, la région pétrolifère dans le Sud du pays, premier producteur de brut d'Afrique. "C'est d'un niveau équivalent à ce qui s'est produit en 1998 avec la marée noire de Mobil, les nappes de pétrole avaient atteint toute la côte, au-delà des frontières du Nigeria", a indiqué M. Idabor. Il a toutefois estimé que les dégâts devraient être moins importants cette fois, la réponse des autorités étant "plus rapide et mieux adaptée". "Nous avons activé le plan national d'urgence de réponse aux fuites de pétrole", a-t-il annoncé.
Selon M. Idabor, le brut s'est répandu sur une surface de "30 à 40 milles marins" (55 à 70 km) et se dirige vers Forcados, une localité de l'État du Delta, dans le Delta du Niger. "Nous essayons de voir (...) comment protéger les côtes", a ajouté M. Idabor qui n'était pas en mesure d'indiquer quand la nappe pourrait les toucher.
Un nettoyage de très grande ampleur nécessaire
Selon l'organisation de défense de l'environnement SkyTruth qui s'est basée sur des images satellitaires datant de mercredi dernier matin et qu'elle a diffusées sur son site Internet, la nappe mesure 70 kilomètres de long, jusqu'à 17 kilomètres de large et sa surface est de 923 kilomètres carrés.
La société Oil spill response limited (OSRL, basée en Grande-Bretagne) doit prendre part à l'opération d'urgence et livrer 210 tonnes de dispersants, des produits chimiques utilisés pour limiter la pollution d'hydrocarbures, a-t-il précisé.
Dans la matinée, Shell, qui a présenté des excuses pour l'incident, a dans un communiqué affirmé le déploiement de navires et d'avions. Le groupe a aussi assuré que "jusqu'à 50% du pétrole qui a fui s'est déjà dissipé de façon naturelle et par l'évaporation".
Nnimmo Bassey, directeur de l'ONG de défense de l'environnement Friends of the Earth International, a mis en doute ce chiffre, le jugeant très élevé en seulement 48 heures, et estimé que la quantité de brut déversée devait être estimée de source indépendante. "Nous estimons qu'il y a une réelle menace pour les moyens de subsistance des pêcheurs et des communautés" sur la côte, a-t-il indiqué, soulignant la gravité de la situation.
Shell a précisé être en position, avec le gouvernement nigérian, d'informer "les communautés locales et les pêcheurs de la situation".
Le Delta du Niger est extrêmement pollué après plus de 50 ans d'exploitation pétrolière. Dans un rapport en août sur la pollution en pays Ogoni, un secteur du Delta du Niger où Shell a particulièrement été implanté dans le passé, l'ONU a estimé que les dégâts étaient tels (eau, sols, air contaminés par le pétrole) que le nettoyage de la zone serait le plus important jamais entrepris dans le monde.
Shell, qui a été épinglé dans ce rapport, affirme avoir régulièrement nettoyé les fuites émanant de ses installations mais activistes et ONG estiment que le groupe, tout comme d'autres compagnies pétrolières, n'a pas fait assez.
Depuis quelques années, le sabotage d'oléoducs par des militants armés et le vol de brut, contribuent aussi à la pollution du delta selon les observateurs.
AFP/VNA/CVN