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Huê recense près de 3.000 tablettes de bois conservées dans 13 pagodes et résidences privées. Ce trésor a été découvert grâce à un récent examen mené par l’antenne de l’Église bouddhique du Vietnam de la province de Thua Thiên-Huê. Grâce à cet examen, 1.319 tablettes de bois ont également été «retrouvées» dans la pagode de Tu Dàm.
À l’échelle du pays, seule la pagode de Vinh Nghiêm, dans la province de Bac Giang (Nord) en compte davantage, lesquelles ont d’ailleurs été reconnues par l'UNESCO patrimoine documentaire de l'humanité.
La ville de Huê (Centre) dispose de plusieurs milliers de tablettes de bois bouddhiques. |
Sur ces tablettes : des textes bouddhiques, des lois, des placets au roi, des thèses… inscrits principalement en Han (écriture démotique chinoise), avec un petit nombre en Nôm (écriture démotique vietnamienne) ou en Phan (ancienne écriture indienne). «La plupart des tablettes de bois ont été fabriquées sous la dynastie des rois Nguyên (1802 - 1945). La tablette la plus ancienne a été inscrite en 1698 sous la dynastie du seigneur Nguyên Phuc Chu», souligne le bonze supérieur Thich Hai Ân, chef adjoint du Comité d’administration de l’antenne de l’Église bouddhique du Vietnam de Thua Thiên-Huê.
Les mesures de conservation ne sont pas rassurantes
Les tablettes de bois sont conservées non seulement dans les anciennes pagodes mais encore dans les résidences privées de la ville de Huê : la maison de culte des ancêtres Dào Ly Phuong Viên des Dang (sise 120, rue Mai Thuc Loan) avec 314 gravures ; chez M. Man dans le district de Vy Da (18 gravures).
«Je pense qu’il y a un grand nombre de tablettes de bois gardées dans les pagodes à la campagne ou dans les maisons de culte des familles qui n’ont pas fait l’objet du récent examen», affirme le bonze supérieur Thich Hai Ân. Et d’ajouter que la collection et la conservation des gravures sur bois sont réalisées depuis plusieurs années à la ville de Huê. «Faute de conditions favorables, cet examen n’a pu être mené que récemment, avec le soutien de plusieurs chercheurs de Huê».
«Les tablettes de bois à Huê sont un trésor inestimable. Elles contiennent des textes et des œuvres d’art précieux», estime le chercheur Nguyên Huu Thông, ancien directeur de la succursale de l’Institut de la culture vietnamienne à Huê. «Les autographes de grandes personnalités, les techniques de gravure et l’art calligraphique font la valeur de ces tablettes», explique-t-il.
Les textes bouddhiques Kim Cang imprimés sur papier truc chi. |
Photo : Net/CVN |
«Bien que les pagodes et les familles aient pris conscience de la nécessité de conserver ces tablettes de bois, les mesures prises n’en sont pas réellement», observe le bonze supérieur Thich Hai Ân. Et d’argumenter : «Le climat humide de la ville de Huê ne favorise pas leur conservation».
Certains chercheurs conseillent de regrouper les tablettes en un lieu unique avec les conditions techniques favorables pour faciliter la conservation. Les garder dans plusieurs lieux ne peut qu’augmenter les risques de perte et de détérioration. Face à ce problème, l’antenne de l’Église bouddhique du Vietnam de la province de Thua Thiên-Huê a déposé au Comité populaire provincial sa demande d’inaugurer un Centre de préservation des patrimoines culturels au sein de Viên Giac (rue Lich Doi, ville de Huê), une pagode bâtie il y a plus de 300 ans. «Outre sa mission de conservation des tablettes de bois, ce centre sera également chargé de protéger d’autres patrimoines bouddhiques. Ces derniers temps, plusieurs statues précieuses ont été volées», remarque le bonze Thich Hai Ân.
Enfin, toujours dans le cadre de ce récent examen, le Centre culturel bouddhique Liêu Quan de Huê (relevant de l’antenne de l’Église bouddhique du Vietnam de la province de Thua Thiên-Huê), en collaboration avec le peintre Phan Hai Bang (l’École des beaux-arts de Huê), a imprimé certains textes bouddhiques figurant sur ces tablettes sur papier truc chi (en fils de bambou). Ce projet a contribué à mettre en avant les valeurs artistiques de ce trésor de l’histoire, notamment les textes bouddhiques Kim Cang illustrés par le bonze Thach Liêm.
Vân Anh/CVN