Une Vietnamienne remporte le prix suédois Cikada

L’ambassade de Suède au Vietnam a remis fin novembre le prix suédois Cikada 2015 à la poétesse Y Nhi. À l’âge de 71 ans, elle est devenue le premier citoyen vietnamien à recevoir ce prix prestigieux, lequel vise à honorer les poètes d’Asie de l’Est.

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La poétesse Y Nhi fait partie de la génération des poètes ayant grandi pendant la résistance anti-américaine.

La cérémonie de remise du prix Cikada a eu lieu fin novembre à l’ambassade de Suède au Vietnam. «Il s’agit d’une reconnaissance pour la façon dont Y Nhi a exalté le sacré de la vie à travers ses recueils de poésie», a insisté, Mme l’ambassadeur de Suède, Camilla Mellander.

«C’est une bonne surprise, a confié Y Nhi. À mon âge, on ne s’attend guère à de bonnes nouvelles comme ça. Une joie d’autant plus forte qu’elle était inattendue. Ce prix honore des poésies exaltant le sacré de la vie, un critère à la fois beau et humaniste. Je suis très heureuse de devenir le premier citoyen vietnamien à recevoir ce prix littéraire prestigieux».

«Un prix est à la fois un honneur et un encouragement. Je suis heureuse mais aussi inquiète quand je pense qu’il va falloir en être digne dans l’avenir», a-t-elle ajouté.

Échanges culturels Vietnam - Suède

D’après Lars Vargo, président du jury du prix Cikada 2015, «en lisant les ouvrages d’Y Nhi, on ressent toute l’importance de la vie ainsi que les valeurs humaines. Ses poèmes répondent bien à nos critères. Elle a mérité amplement de recevoir ce prix».

Cérémonie de remise du prix Cikada à la poétesse Y Nhi, le 30 novembre à Hanoi.

Selon le critique littéraire Pham Xuân Nguyên, le prix Cikada a été créé en 2004, à l’occasion du 100e anniversaire du poète suédois Harry Martinson (1904-1978), prix Nobel de littérature en 1974. Cikada est le nom d’un recueil de poèmes très connu d’Harry Martinson, sorti en 1953. Il s’agit d’un prix pour les poètes d’Asie de l’Est. Cette année, deux poètes ont été honorés, l’autre étant le Chinois Bei Dao.

«Le Vietnam et la Suède cultivent des relations de longue date et une longue histoire de collaboration dans de nombreux domaines. Ces dernières années, le programme de coopération au développement de la Suède a privilégié des projets culturels dans de nombreux domaines comme la littérature, la musique...», a affirmé Camilla Mellander. C’est ainsi que des œuvres littéraires de nombreux auteurs vietnamiens ont été traduites en suédois, entre autres celles d’Y Nhi, permettant aux Suédois de mieux comprendre la culture vietnamienne. «Ce prix littéraire contribuera aux efforts de l’ambassade de Suède de promouvoir les échanges culturels entre les deux pays», a souligné l’ambassadeur.

Pionnière dans le renouveau de la poésie

Née en 1944, Y Nhi fait partie de la génération des poètes ayant grandi pendant la résistance anti-américaine comme Xuân Quynh, Phan Thi Thanh Nhàn et Lâm Thi My Da. Depuis 1986, elle est l’un des artisans du renouveau de la poésie vietnamienne, à la fois dans le fond et la forme.

La couverture du recueil Till : igår publié par les Éditions suédoises de Tranan.
Photo : CTV/CVN

Pour elle, l’amitié est une chose très importante. «Xuân Quynh est l’amie dont je me souviens le plus. Je pense toujours que, si Xuân Quynh et plusieurs de mes amis étaient encore en vie, ils remporteraient de nombreux prix», a confié Y Nhi.

Y Nhi a publié dix recueils de poésie, dont Nguoi dàn bà ngôi dan (La femme au tricot - 1985), qui a remporté le Prix national de la littérature en 1985, et deux recueils de nouvelles. Elle est l’une des très rares femmes poètes qui ont attiré l’attention des lecteurs en se référant au sort des femmes au Vietnam. Ses poèmes sont parmi les plus modernes dans l’émotion et la forme.

La poésie d’Y Nhi est caractérisée par la douceur, le silence et la solitude d’une femme qui a vécu dans sa vie la dernière grande perte, l’amour. Son travail porte souvent un ton de tristesse et de chagrin. La poésie d’Y Nhi a été traduite dans de nombreuses langues telles que russe, français, espagnol, allemand et anglais, et incluse dans de nombreuses revues littéraires et anthologies à travers le monde dont l’Anthologie de la poésie vietnamienne contemporaine Black Dog, Black Night (Éditions Milkweed, États-Unis, 2008), reconnue comme «La meilleure Anthologie de l’année» par le magazine Coldfront.

Huit poèmes d’Y Nhi ont été traduits en langue suédoise, compilés dans le recueil Till : igår, publié par les Éditions de Tranan à Stockholm. Ce livre contient les œuvres de 12 poètes vietnamiens.

«La vie est au cœur de la poésie, elle s’en nourrit. Je pense qu’on composera des vers tant que les hommes auront des soucis, des amours, des colères... Il n’y a pas de poésie séparée de la vie. La mission de chaque poète est de restituer ses liens avec la vie, de façon originale et distinctive», a partagé Y Nhi.

Phuong Nga/CVN

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