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Le Tottenham Hotspur Stadium vide à Londres, le 28 février. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les chercheurs ont profité des conditions exceptionnelles créées par le COVID-19 - une "expérience" grandeur nature - pour étudier le phénomène, l'un des plus connus dans le sport.
"Les gens pensent généralement que le public est la raison principale, ou la seule, de l'avantage de jouer à domicile", a dit l'auteur principal de l'étude, Fabian Wunderlich, de la German Sport University à Cologne. Mais l'effet de leur absence "était moindre qu'attendu".
L'étude, publiée dans la revue scientifique Plos One, a toutefois conclu que la foule influençait bien l'arbitrage.
Les chercheurs ont comparé plus de 1.000 matches joués sans supporteurs avec quelque 35.000 matches s'étant, eux, tenus avec du public, avant la pandémie.
Dix ligues ont été choisies dans six pays - Espagne, Angleterre, Italie, Allemagne, Portugal et Turquie - sur les saisons allant de 2010/11 à 2019/20.
Les chercheurs ont été surpris de conclure qu'en l'absence de spectateurs, une légère baisse de l'avantage de jouer à domicile était certes observable - calculée par le nombre de buts et de points accumulés - mais la différence n'était pas significative statistiquement.
Cela signifie que les chercheurs ne peuvent pas affirmer de façon certaine que cette baisse observée n'est pas liée au hasard.
"Sur les 10 dernières saisons, avec du public, les équipes jouant à domicile ont gagné 45 matches sur 100, les équipes jouant à l'extérieur 28 sur 100, et les 27 autres étaient des matches nuls", a détaillé Fabian Wunderlich.
"Pendant la pandémie, les équipes à domicile ont gagné 43 matches sur 100, celles jouant à l'extérieur 32, et il y a eu match nul dans 25 cas sur 100", a-t-il encore énuméré.
Cette baisse n'est pas suffisante pour exclure l'influence d'une tendance générale à une réduction de l'avantage de jouer à domicile, constatée sur les dernières décennies, selon le chercheur.
De façon générale, a-t-il ajouté, l'étude a mis en lumière le rôle d'autres facteurs, comme la connaissance de l'équipe du lieu où elle joue, ainsi que la "territorialité" - une stimulation hormonale accrue pour défendre son territoire, très bien documentée chez les animaux.
La fatigue liée aux déplacements joue un moins grand rôle, selon Fabian Wunderlich. En effet, les chercheurs ont mené une analyse distincte comparant les performances avant et pendant la pandémie des équipes allemandes de foot amateur, qui jouent généralement dans la même ville : ils ont constaté un avantage pour l'équipe jouant à domicile comparable à celui des équipes professionnelles, qui voyagent bien plus loin.
Pression moindre sur les arbitres
Le milieu de terrain du Bayern Munich, Serge Gnabry, marque le 2e but face au Werder Brême, lors de leur match de Bundesliga, le 13 mars à Brême. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
D'autres indicateurs ont eux été effectivement affectés par l'absence de public.
Les équipes jouant à domicile et sans leurs fans ont montré une baisse significative dans le nombre de tirs et de tirs cadrés.
Une explication pourrait être qu'en présence de supporteurs, elles tentent davantage de tirs non concluants.
De plus, lors des matches ayant eu lieu avec du public, les équipes à domicile ont reçu moins de sanctions disciplinaires par rapport aux équipes jouant à l'extérieur.
Cela pourrait être lié à la pression exercée par le public sur les arbitres, qui pourraient utiliser le bruit de la foule comme un indicateur de la gravité des fautes.
Un phénomène éliminé durant la pandémie, les équipes jouant à l'extérieur étant sifflées pour moins de fautes, et recevant moins de cartons jaunes ou rouges.
Selon le chercheur, il pourrait être utile de prendre en compte cette donnée, bien qu'elle n'influence pas significativement le résultat des matches.
"Puisqu'il y a ce biais sur l'arbitrage, les arbitres devraient être conscients que cela existe et peut-être serait-il possible de les entraîner davantage" pour y faire face, estime-t-il.
AFP/VNA/CVN