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Photo fournie par l'ESA le 9 mars, montrant le long nuage de plus de 1.800 km détecté sur Mars. |
Repéré en septembre 2018 par les instruments de la sonde européenne Mars Express, le long panache qu'une sonde russe avait photographié dès les années 1970 intriguait les scientifiques, rappelle mardi 9 mars un communiqué de l'Agence spatiale européenne (ESA). Mais son observation était rendue difficile par sa localisation, à un endroit de la planète où les instruments de la sonde ne pouvaient l'observer que sur de très courtes périodes.
L'équipe étudiant les nuages de Mars a trouvé la parade en utilisant "un outil secret de Mars Express", une caméra de surveillance visuelle appelée "VMC", explique Jorge Hernandez Bernal, de l'Université du pays basque à Bilbao, dans le communiqué de l'ESA.
D'une résolution équivalente à celle d'une vulgaire webcam, elle avait servi brièvement en 2003, peu après le lancement de Mars Express, avant d'être éteinte et utilisée sporadiquement pour des opérations éducatives. La sonde gravite autour de Mars depuis la fin 2003.
Mais à la différence des instruments scientifiques beaucoup plus sophistiqués de la sonde, la caméra VMC a "un grand champ de vision (...) et est bien adaptée au suivi de l'évolution d'un phénomène", selon M. Bernal, qui a co-signé une étude sur le sujet dans la dernière livraison du Journal of Geophysical Research.
L'observation a révélé que pendant plusieurs des douze mois terriens que durent le printemps et l'été martiens, le nuage se forme chaque matin sur le flanc intérieur du volcan Arsia Mons, avant le lever du soleil.
Formé d'une vapeur d'eau de glace, il s'élève alors avec les premiers rayons jusqu'à une quarantaine de kilomètres d'altitude, bien au-dessus des quelque 17 km où culmine l'ancien volcan. Là, des vents d'altitude l'étirent vers l'ouest à une vitesse atteignant 600 km/h, jusqu'à 1.800 km de là. Le phénomène ne dure pas plus de deux heures et demie, avant de s'évanouir sous les rayons solaires.
Les observations de la VMC ont été rapidement relayées par celles de la caméra stéréoscopique à haute résolution (HRSC) et par le spectro-imageur français OMEGA. Ce dernier "a permis de donner la composition du nuage : de l'eau", dit à l'AFP Brigitte Gondet, de l'Institut d'astrophysique spatiale de l'Université de Paris-Saclay.
La petite VMC, elle, a pris du galon dans l'exercice et a depuis été promue au rang d'instrument scientifique.
AFP/VNA/CVN