>>Grandes marées spectaculaires dans l'Ouest, et sans incident
La baie du Mont Saint-Michel à marée haute, le 12 août 2014. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
«Ça va être impressionnant et spectaculaire. On va avoir une grosse masse d’eau qui va monter avant de redescendre», a indiqué Nicolas Weber, spécialiste des marées au Shom lors d’une conférence de presse à Brest.
La baie du Mont Saint-Michel est le deuxième endroit au monde, après la baie de Fundy au Canada, où le marnage, différence entre une pleine mer et une basse mer successives, est le plus important.
Il atteindra dans la baie inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco 14,15 mètres, «soit la hauteur d’un immeuble de quatre étages», a souligné le spécialiste du Shom, appelant à «la prudence» car «la mer va remonter très vite».
Le dicton assure qu’elle avance dans cette baie «à la vitesse d’un cheval au galop». Sans reprendre cette métaphore, Nicolas Weber a cependant indiqué qu’elle montait «plus vite qu’un homme qui court». «C’est dangereux, il ne faudra pas s’aventurer trop loin», a-t-il prévenu.
Une «marée du siècle» qui n’en est pas une
La «marée du siècle», qui en réalité se reproduit tous les 18 ans environ, intervient alors que plusieurs facteurs astronomiques sont en conjonction parfaite : alignement des astres, distance les plus courtes sur les orbites... Les marées résultent de l’attraction de la Lune et du Soleil sur les mers et les océans.
Les marées seront particulièrement importantes en 2015. |
En France, l’ampleur de la marée est indiquée par le coefficient de marée : entre 20 et 120. Le 21 mars, il atteindra 119. Calculé par le Shom pour le port de Brest, il est ensuite appliqué aux côtes de l’Atlantique et de la Manche.
«En 2015, plus de 40 jours connaîtront des coefficients supérieurs à 100, dont 20 supérieurs à 110», a souligné Nicolas Pouvreau, autre spécialiste des marées au Shom, ajoutant que les coefficients supérieurs à 110 étaient rares (moins de 2%).
En 2014, le plus haut coefficient était de 115, ce qui correspond à un marnage de 13,30 m dans la baie du Mont, soit 80 cm de moins que ce qui est attendu le 21 mars.
«Ces coefficients de marées sont calculés en tenant compte de conditions atmosphériques normales», a cependant souligné Nicolas Weber, précisant qu’ils tenaient compte d’une pression atmosphérique moyenne de 1.015 millibars. Si celle-ci «baisse de dix millibars le niveau d’eau va monter de dix centimètres», a-t-il expliqué, assurant que de nombreuses communes, notamment en Vendée et Charente-Maritime, se préparaient à ces importantes marées, après le passage de la tempête Xynthia sur les deux départements dans la nuit du 27 au 28 février 2010. Cette nuit-là, une brusque montée des eaux, sous l’effet de la tempête, de la pleine mer et d’une marée à fort coefficient (102 à 113), avait, selon les cas, submergé ou enfoncé des digues, faisant 41 morts au total, dont 29 dans le seul village de la Faute-sur-mer (Vendée).
La dernière «marée du siècle» s’était produite le 10 mars 1997 et les prochaines auront lieu le 3 mars 2033 et le 14 mars 2051.
Le Shom a pour mission de décrire et prévoir l’évolution de l’environnement physique marin dans ses relations avec l’atmosphère, les fonds marins et les zones littorales. Il emploie quelque 500 personnes, dont 470 à Brest.