Marche républicaine à Paris, capitale antiterroriste du monde

Paris devait se muer dimanche 11 janvier en capitale douloureuse du monde en accueillant une immense et très internationale manifestation contre des attentats qui ont fait en France 17 morts auxquels s'ajoutent les trois assaillants islamistes.

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Dirigeants du monde entier, partis, syndicats, groupes religieux juifs, chrétiens, musulmans, associations, personnalités vont accompagner une foule monstre de plusieurs centaines de milliers de personnes. Tout semble ainsi réuni pour faire du 11 janvier, avec sa marche républicaine, un jour historique.

Un homme tient une pancarte "Nous sommes tous Charlie" dans une manifestation à Lille le 10 janvier 2015.


C'était au départ un hommage aux victimes de jihadistes revendiqués, à commencer par les irrévérencieux dessinateurs de Charlie Hebdo massacrés mercredi 7 janvier, puis une jeune policière jeudi 8 janvier , et quatre personnes dans une supérette casher vendredi 9 janvier. C'est devenu progressivement un sommet à haute résonance diplomatique.
Le couple royal jordanien, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et le président palestinien Mahmoud Abbas étaient ainsi attendus à Paris pour se joindre à François Hollande à partir de 15h00. De même que le président ukrainien Petro Porochenko et le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov.
Par contre, le président des États-Unis, Barack Obama ne participera pas à cette "marche républicaine", a indiqué à l'AFP un responsable américain, démentant ainsi une rumeur qui circulait sur les réseaux sociaux.
Avant M. Hollande, seul un président français avait déjà participé à une manifestation de rue: François Mitterrand en 1990 après la profanation du cimetière juif de Carpentras. Le défilé est prévu entre République (15h) et Nation, deux grandes places de l'est parisien que séparent trois kilomètres.
Participeront aussi huit présidents africains et les plus hauts dirigeants européens, d'Angela Merkel à David Cameron, de Mariano Rajoy à Jean-Claude Juncker. Par contre, le président des États-Unis, Barack Obama ne participera pas à cette "marche républicaine", a indiqué à l'AFP un responsable américain, démentant ainsi une rumeur qui circulait sur les réseaux sociaux.

Mobilisation internationale

Soit près de 50 chefs d'État ou de gouvernement que François Hollande, omniprésent et infatigable sur tous les fronts de la crise, devrait recevoir auparavant à l'Elysée. Les journaux français lancent dimanche 11 janvier un appel unanime pour la défense des libertés et à la "résistance", quelques heures avant la marche parisienne. Ainsi, Le Monde appelle à "marcher contre la terreur", le Journal du Dimanche souligne que "Le monde se lève", alors qu'Aujourd'hui en France/Le Parisien titre "Ensemble". À la présidence, on a salué à la fois "la mobilisation internationale exceptionnelle" et l"'union nationale".
Mais a-t-on ajouté, il s'agit d'abord du "rassemblement du peuple français". Ce que confirme un sondage Ifop Paris Match publié samedi soir : 97% des Français jugent nécessaire de faire preuve d'unité nationale. A noter que seuls 17% des Français avouent avoir peur, après les attaques, selon un sondage Odoxa, pour Le Parisien Dimanche/Aujourd'hui en France.
L'unité nationale est doublée désormais d'une union sacrée planétaire.
Les familles des victimes doivent marcher en tête du cortège. Suivront le chef de l'État et les hôtes étrangers, puis les personnalités politiques françaises. Tous les partis seront là à l'exception du FN, Marine Le Pen ayant appelé à manifester en province et non à Paris, elle-même étant à Beaucaire, à mairie d'extrême droite.
Les mobilisations impressionnantes samedi dans les grandes villes de province - 700.000 personnes en tout, selon l'Intérieur, 120.000 dans la seule Toulouse - semblait augurer de chiffres encore plus forts dans la capitale. "Plusieurs centaines de milliers" de manifestants, a prudemment avancé Bernard Cazeneuve, "des millions", s'est aventuré le Premier ministre.
Le record reste la liesse collective de quelque 1,5 million de personnes descendues dans les rues pour la victoire au Mondial de football en 1998. Manuel Valls a promis des mesures de sécurité à la hauteur. Elles seront draconiennes avec 2.200 hommes mobilisés, 10 stations de métro fermées, le stationnement interdit.
Cette manifestation intervient alors que le plan Vigipirate, est à son niveau le plus élevé - "alerte attentat" - en Ile-de-France. Dans le cadre de ce plan, 2.000 policiers et 1.350 militaires protègeront en outre les sites sensibles à Paris et son agglomération: sièges des médias, lieux de culte, écoles confessionnelles, bâtiments publics, représentations diplomatiques.
Dimanche matin11 janvier , en Allemagne, un quotidien de Hamburg (Nord de l'Allemagne) qui avait publié des caricatures de Mahomet venant de Charlie Hebdo a été la cible d'une attaque avec un engin incendiaire, sans qu'il y ait eu de blessés.
Rendez-vous à l'Elysée
La couverture médiatique devrait être elle aussi exceptionnelle, comme elle l'a été tout au long d'une crise qui a été comparée à un "11 septembre" français.
Mais la journée de l'exécutif ne se résume pas à ce cortège. L'agenda de Hollande est sans répit. Il reçoit d'abord le matin, avec son Premier ministre, les représentants de la communauté juive, avec qui il devrait évoquer ce qu'il avait qualifié dès vendredi d'"acte antisémite effroyable" commis porte de Vincennes par un affidé de Daech. Il devait par ailleurs se rendre à la synagogue de la Victoire à 18h30. À 12h00, ce sera le tour du gouvernement au grand complet. Suivront à 13hh00 les ex-présidents et ex-Premiers ministres.
Dans la première catégorie, seul son prédécesseur Nicolas Sarkozy - revenu au palais présidentiel jeudi pour la première fois depuis le 15 mai 2012 - a accepté l'invitation, déclinée par les octogénaires Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac. Mais les ex-chefs de gouvernement seront au complet, de Michel Rocard à Jean-Marc Ayrault, en passant par Alain Juppé.
François Hollande accueillera aussi à l'Elysée dirigeants internationaux et personnalités françaises et se rendra ensuite avec eux à la marche républicaine.
Son ministre de l'Intérieur aura aussi fort à faire, outre la sécurisation du cortège monstre, une réunion internationale sur le terrorisme avec 11 ministres de l'Intérieur européens et le ministre américain de la Justice Eric Holder, proche de Barack Obama. Lettonie, Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Italie, Pays-Bas, Pologne, Suède et Royaume-Unis seront représentés.
Après ces temps d’hommage, de deuil et de communion viendront sans nul doute celui des débats, des mises en cause, des doutes sur les systèmes de sécurité où, a admis M. Valls, il y a eu "des failles".
Mais dimanche 11 janvier c’est l’heure de ce que la philosophe Elisabeth badinter appelle dans le JDD l'"état de résistance". L'intellectuelle conteste la notion de guerre développée tant par M. Valls ("nous sommes en guerre contre le terrorisme, pas contre une religion") que Nicolas Sarkozy ("la guerre a été déclarée à la civilisation" par des "barbares").Selon Mme Badinter, en effet, "la guerre est une agression réciproque. Nous n’agressons personne : nous résistons". Surtout pas d'amalgame, tel est aussi le leitmotiv de beaucoup. Les Jeunes socialistes défileront d'ailleurs derrière une banderole
"Les jeunes pour la République, contre les amalgames".

AFP/VNA/CVN

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