Maradona : 60e anniversaire trop ordinaire pour un destin extraordinaire

Joueur starifié, incarnation de tous les excès, Diego Maradona est ironiquement contraint de célébrer presque seul son 60e anniversaire vendredi 30 octobre, confiné dans sa résidence au sud de Buenos Aires, cas contact d'une personne présentant des symptômes de COVID-19.

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Diego Maradona au Festival de Cannes, à l'occasion de la présentation du film du cinéaste Emir Kusturica "Maradona par Kusturica", le 20 mai 2008.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Patient à risque" opéré à maintes reprises pour insuffisance respiratoire ou cardiaque, le célèbre numéro 10 argentin manque l'occasion de fêter son 60e printemps à l'endroit même où il a le plus brillé : sur le pré rectangulaire d'un terrain de foot.

Pourtant l'occasion était belle vendredi 30 octobre pour la reprise du championnat argentin, arrêté depuis 8 mois en raison de la pandémie, de le voir en ce jour particulier sur le banc de touche du Gimnasia y Escrima la Plata qu'il entraîne désormais.

Des célébrations ont été annoncées dans l'intimité familiale, entouré de ses cinq enfants reconnus ainsi que de son petit-fils, mais rien n'a été confirmé depuis l'annonce, mardi 27 octobre par son médecin, de son placement à l'isolement de manière préventive.

"Main droite"

Maradona a connu la gloire, est tombé dans l'excès d'alcool et de cocaïne qui auraient pu le conduire jusqu'à la tragédie.

Malgré l'âge et la rédemption, il donne toujours à la face du monde son esprit rebelle, ne pouvant s'empêcher à l'approche de cette célébration de faire lui-même référence à l'ineffable "Main de Dieu".

"Je rêve de marquer un autre but aux Anglais, de la main droite cette fois-ci", a-t-il déclaré cette semaine au magazine France Football.

Ce but de la main gauche, qui a précédé son slalom historique dans la défense anglaise pour son doublé dans ce quart de Coupe du monde (2-1) puis la victoire finale contre l'Allemagne (3-2), l'a propulsé lors du Mondial-1986 au Mexique au rang d'icône du football argentin.

Pluie d'hommages

Des statues à l'effigie de Diego Maradona (gauche) et Pelé exposées à Luque, au Paraguay, le 20 décembre 2017.
Photo : AFP/VNA/CVN

Si la journée de vendredi 30 octobre s'annonce nuageuse au-dessus de l'estuaire du Rio de la Plata, les hommages, eux, pleuvront à grands seaux.

Le Brésilien Pelé, l'autre immense star du football du XXe siècle, devrait renvoyer à Maradona les souhaits reçus la semaine dernière lors de son 80e anniversaire.

Avec l'âge venant la sagesse, les deux idoles qui ont eu tant de querelles verbales sont réconciliées : "Je veux me joindre à cet hommage universel, très heureux 80 ans de vie au roi Pelé", lui avait écrit Maradona.

Bien évidement les vœux de l'autre star argentine, Lionel Messi et ses six Ballons d'or auquel il manque le titre suprême de champion du monde, sont attendus, de même qu'un message du Portugais Cristiano Ronaldo. "Vous êtes à un niveau supérieur aux autres", leur a lancé Maradona.

La FIFA ne devrait elle manifester aucune emphase, Maradona ayant qualifié ses dirigeants historiques de "mafiosi", "voleurs", "dictateurs" et "ignorants".

Les hommages viendront aussi du Sud de l'Italie, de ce club et de cette ville de Naples qui ont tant fusionné avec le génial numéro 10.

La vie normale

S'il est populaire, c'est aussi parce que Maradona a toujours dépassé les limites du rectangle vert pour être le porte-voix du petit peuple contre les riches élites. Sa devise : "je ne renierai jamais mon origine", celle de la classe ouvrière.

Son anniversaire sera l'occasion de renouveler ses engagements sociaux et politiques. La campagne de charité "Les dix du 10", pour dix villes et dix maillots de l'équipe nationale portant sa signature vendus aux enchères, sera lancée.

L'une des dix villes lauréate à recevoir des fonds est Esquina, dans la province côtière de Corrientes, où sont nés ses parents, Doña Tota et Don Diego, qui ont eu huit enfants.

Maradona lui vit à Brandsen, au sud de Buenos Aires, là où tout a commencé dans la Bombonera de la Boca Juniors. Il est à seulement 10 minutes du centre d'entraînement du Gimnasia. Sa grande maison est entourée d'un parc, d'un terrain de football, d'une piscine et d'un traditionnel barbecue argentin.

Une de ses filles, Jana, y cultive un potager bio afin que son père puisse manger sainement. Outre les entraînements, sa vie est rythmée par les exercices quotidiens préparés par son médecin et son coach personnel.


AFP/VNA/CVN

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