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Le président du FC Barcelone, Josep Maria Bartomeu, lors d'un point presse au Camp Nou, le 19 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
C'est l'épilogue de longs mois de violentes secousses, dans une ambiance de fin de règne : trois jours après le clasico de Liga perdu 3-1 face au Real Madrid samedi 24 octobre dans un Camp Nou vide, Bartomeu a cédé à la pression et fini par présenter sa démission... alors qu'il avait déclaré lundi 26 octobre ne pas avoir "de raisons de démissionner".
Pourtant, cela a fini par arriver, mettant un terme à six années de présidence pour cet ancien bras droit du président Sandro Rosell (2010-2014), qui avait succédé au pied levé à son ancien mentor visé par la justice espagnole.
"J'apparais aujourd'hui pour vous communiquer ma démission et celle du reste du comité de direction. C'est une décision réfléchie, sereine, conjointe et approuvée par tous mes collaborateurs", a déclaré Bartomeu en conférence de presse.
Après des jours d'incertitude, sur fond de désaccords sur la date et les modalités d'organisation du vote portant sur la motion de censure endossée par des milliers de "socios" (supporters-actionnaires), Bartomeu et son comité de direction ont décidé de présenter leur démission. Une commission de gestion transitoire, aux pouvoirs limités, devra désormais gérer l'organisation des nouvelles élections sous trois mois à partir de sa création.
Scandales
Bartomeu met ainsi fin à une situation délétère qui dure depuis janvier 2020, avec la défaite en demi-finale de Supercoupe d'Espagne puis le limogeage dans la foulée de l'entraîneur Ernesto Valverde, qui ont amorcé la lente chute de l'illustre FC Barcelone.
En février déjà, l'image de Bartomeu a été grandement écornée : le président dément alors être à l'origine d'une campagne de calomnies visant des figures du club sur les réseaux sociaux et dont le but aurait été d'améliorer son image. La radio Cadena Ser démontre pourtant que le Barça a versé un million d'euros en six factures distinctes à l'entreprise I3 Ventures pour manipuler l'opinion publique sur les réseaux sociaux.
Les "socios" sont scandalisés. En avril, six membres du conseil d'administration démissionnent, sur fond de désaccords sur le mode de gestion de Bartomeu.
Et la pandémie de nouveau coronavirus n'interrompt pas la crise de l'institution Barça. Dans un club déjà endetté (200 millions d'euros de dette nette depuis 2019), la crise sanitaire a débouché sur de nouvelles pertes estimées à 200 millions d'euros.
Le Barça se sépare pendant l'été de quelques gros salaires du vestiaires : Arthur, Ivan Rakitic, Arturo Vidal, Luis Suarez... Et le club demande des efforts salariaux au reste de l'effectif.
Mais le coup décisif viendra en août : Bartomeu se retrouve terriblement affaibli après une première moitié d'année 2020 catastrophique puis une déroute historique 8-2 face au Bayern Munich en quart de finale de Ligue des champions à Lisbonne.
"Il n'y a pas de projet, rien"
Le président du FC Barcelone, Josep Maria Bartomeu, le 19 août, et l'attaquant argentin Lionel Messi, le 14 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Quelques jours plus tard, coup de tonnerre : Messi, emblématique capitaine et légende du Camp Nou, annonce au club qu'il souhaite partir.
Bartomeu refuse et l'oblige à rester selon les termes de son contrat, jusqu'à l'été 2021, en posant un ultimatum à l'Argentin : si Messi dit publiquement que son problème est Bartomeu, alors il démissionnera.
Messi ne l'avouera jamais publiquement, et se ravisera. Mais l'opinion publique se range derrière "La Pulga", qui critique ses dirigeants dans une interview retentissante : "Il n'y a pas de projet, rien. Ils ne font que jongler et boucher des trous au fur et à mesure que les choses arrivent."
Bartomeu, réélu à la surprise générale avec 54% des voix en juillet 2015 dans la foulée d'un somptueux triplé Liga - Coupe - Ligue des champions, n'ira donc pas au bout de son mandat marqué par de nombreux trophées (4 Ligas, 4 Coupes du Roi...) mais autant de scandales, comme par exemple les enquêtes judiciaires sur les conditions du transfert de Neymar.
Ce chef d'entreprise de 57 ans, père de deux enfants, est parti sur un ultime coup d'éclat : après avoir annoncé sa démission, il a révélé que le comité de direction avait accepté que le géant catalan participe à une future Superligue européenne.
Ce projet, serpent de mer du football européen, est censé favoriser les clubs les plus puissants et riches du continent et entrera, s'il voit vraiment le jour, en compétition avec les épreuves chapeautées par l'UEFA, dont la Ligue des champions.