Manifestations silencieuses en Irlande du Nord pour la paix

Des milliers de personnes ont pris part le 11 mars à des manifestations silencieuses en Irlande du Nord pour dénoncer les récents meurtres de 2 soldats et d'un policier, et soutenir le processus de paix.

Dans le même temps, la police nord-irlandaise a poursuivi l'interrogatoire de 2 hommes, de 37 et 17 ans, interpellés mardi soir à Craigavon, à une trentaine de kilomètres de Belfast, où avait été tué la veille le policier catholique Stephen Carroll.

Des rassemblements ont eu lieu à la mi-journée dans plusieurs villes, dont Belfast, dans l'Est, et Londonderry, ville du Nord-Ouest où est commémorée chaque année la mort de 14 manifestants tués par l'armée britannique lors du "Bloody Sunday" ("Dimanche sanglant" du 30 janvier 1972).

À Belfast, des milliers de personnes se sont réunies dans les rues longeant la mairie, à l'appel de la centrale syndicale Irish Congress of Trade Unions (ICTU), et ont observé quelques minutes de silence.

"Les attaques sauvages de ces derniers jours représentent une agression contre chaque citoyen qui soutient la paix", a déclaré à la foule Peter Bunting, secrétaire général adjoint de l'ICTU.

Ces rassemblements avaient pour but de montrer que l'Irlande du Nord ne veut pas d'un retour aux jours sombres des "Troubles", les violences interconfessionnelles qui avaient fait plus de 3.500 morts jusqu'aux accords de paix de 1998.

L'assassinat de Stephen Carroll a été revendiqué par un groupuscule catholique armé dissident de l'Armée républicaine irlandaise (IRA) et qui se fait appeler l'IRA-Continuité.

La mort du policier, la première depuis 10 ans, est intervenue 2 jours après l'attentat qui a coûté la vie, samedi soir, à 2 soldats britanniques, non loin de Belfast. Ces meurtres ont été revendiqués par l'IRA-Véritable, un autre groupuscule républicain dissident qui continue à exiger le rattachement de la province britannique à l'Irlande.

Les responsables politiques se sont attachés à présenter un front uni, promettant que cette brusque flambée de violences ne signifiait pas un retour aux "Troubles".

Dans une image exceptionnelle, le Premier ministre d'Irlande du Nord, le protestant Peter Robinson, et le vice-Premier ministre catholique Martin McGuinness sont apparus coude à coude mardi, avec le chef de la police nord-irlandaise Hugh Orde, pour dénoncer les violences.

Leurs auteurs sont "des traîtres" à la cause républicaine, a lancé M. McGuinness, des mots perçus comme extraordinairement durs de la part d'un dirigeant républicain, qui plus est ancien membre de l'IRA.

À Londres, le Premier ministre Gordon Brown a estimé devant le parlement que les "marches de la paix" montraient "l'unité de la population contre la violence (...) et la résolution inébranlable qu'aucun meurtrier ne devrait être autorisé à détruire la paix".

À Rome, le pape a condamné avec "fermeté" les "actes de terrorisme".

Mais, dans les rues de Craigavon, l'inquiétude était palpable et des experts disent craindre une réponse violente des groupes dissidents loyalistes.

"C'est terrible", a lancé un des rares habitants à oser parler.

Dans la soirée, des catholiques et des méthodistes (protestants) se sont réunis à Craigavon pour une veillée en mémoire de Stephen Carroll. La sœur Myrtle Morrison a appelé ses concitoyens à s'épauler pour condamner cet "acte insensé".

AFP/VNA/CVN

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