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Des manifestations devraient réunir des dizaines de milliers de personnes à Londres, Berlin, Madrid et plusieurs autres villes d'Europe, où les réfugiés, outre un voyage souvent dangereux, arrivent parfois dans des conditions déplorables, comme en Hongrie. Quelques manifestations contre l'accueil des infortunés ont également été annoncées, en Pologne, en République tchèque et en Slovaquie.
Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier s'est rendu le 11 septembre à Prague pour tenter de convaincre les pays du groupe de Visegrad (Pologne, République Tchèque, Slovaquie et Hongrie), sans réussir à rapprocher les points de vue.
Des réfugiés arrivent sur l'île de Lesbos en Grèce, le 11 septembre 2015. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Il a réitéré le "besoin de solidarité européenne" face à la crise actuelle, "peut-être le plus grand défi de l'histoire de l'UE". Mais le chef de la diplomatie tchèque, Lubomir Zaoralek, a martelé que les pays "doivent avoir le contrôle sur le nombre de réfugiés qu'ils sont prêts à accepter" - une position déjà défendue jeudi par la Roumanie, rejointe par le Danemark.
Berlin, prête à accueillir jusqu'à 800.000 réfugiés cette année, pourrait en recevoir 40.000 rien que ce week-end, selon M. Steinmeier. Soit le quart des 160.000 arrivants que la Commission européenne souhaite répartir dès la semaine prochaine à travers l'UE.
Pour "survivre"
Si les Européens ne surmontent pas leurs divisions lors d'une réunion des ministres de l'Intérieur lundi 14 septembre à Bruxelles, un sommet des 28 au niveau des chefs d'État et de gouvernement sera convoqué, a prévenu le président du Conseil européen, Donald Tusk.
La Hongrie, partisane d'une ligne dure contre les migrants, a proposé d'intégrer aux discussions la Serbie et la Macédoine, pays submergés comme elle par l'afflux de candidats à l'exil, fuyant surtout la Syrie en guerre.
Le populiste Premier ministre hongrois Viktor Orban a élaboré un plan d'aide de trois milliards d'euros pour certains pays voisins de la Syrie (Turquie, Liban et Jordanie, qui accueillent près de quatre millions de réfugiés syriens), qu'il veut exposer prochainement aux dirigeants de l'UE, selon le quotidien allemand Bild.
Des migrants et réfugiés arrivent dans le village de Miratovac, en Serbie, à la frontière avec la Macédoine, le 11 septembre 2015 |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'Arabie saoudite, critiquée - comme d'autres pays du Golfe - pour son inaction face à la crise actuelle, a dénoncé des informations "fausses et trompeuses", affirmant avoir accueilli 100.000 Syriens fuyant la guerre.
Les ministres des Finances de l'UE ont de leur côté demandé à la Commission d'étudier le coût de cette crise, qui risque de peser sur les budgets européen et nationaux.
Plus de 430.000 migrants et réfugiés ont traversé la Méditerranée depuis janvier, et près de 2.748 y ont péri ou disparu, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Près de 310.000 d'entre eux sont arrivés en Grèce, et 121.000 en Italie. 2.166 sont arrivés en Espagne et 100 à Malte. Entre jeudi et vendredi 10 et 11 septembre, un record de 7.600 migrants sont entrés en 12 heures en Macédoine, a indiqué l'ONU. Plus au Nord, à Presevo, en territoire serbe, des centaines de migrants attendaient aussi les documents leur permettant de poursuivre leur voyage vers la Hongrie, porte d'entrée dans l'Union européenne. "Le seul but de cet exode c'est de survivre", explique Wahid Rashid, 37 ans, en tentant tant bien que mal de sécher son passeport, trempé par les pluies de la nuit, au-dessus d'un feu de bois improvisé.
Budapest espère bloquer leur passage dès le 15 septembre grâce à une double clôture de fils de fer barbelés à la frontière serbe, et a annoncé avoir déployé 3.800 soldats dans la zone pour en accélérer la construction par des prisonniers réquisitionnés. En Grèce, sur l'île de Lesbos où quelque 22.500 migrants, soit plus du quart de la population, ont été recensés depuis lundi 7 septembre, la situation "se normalise", selon le gouvernement, grâce à la mise en place de navettes spéciales vers le continent. Mais en soulageant Lesbos, ces départs tendent la situation aux frontières nord du pays avec la Macédoine, étape suivante de l'odyssée des migrants.
Conditions "inhumaines"
Les conditions d'accueil des migrants en Hongrie ont été à plusieurs reprises dénoncées. Une vidéo filmée clandestinement à l'intérieur du plus grand camp de migrants à la frontière entre la Hongrie et la Serbie montrait le 11 septembre les conditions "inhumaines" dans lesquelles la nourriture est distribuée, selon la volontaire autrichienne qui l'a diffusée.
On y voit quelque 150 personnes rassemblées entre des clôtures à l'intérieur d'un hall et se bousculant pour tenter d'attraper des sandwiches que leur lancent des policiers hongrois portant des casques et des masques hygiéniques. Viktor Orban a "tiré son chapeau" à sa police, mais n'a pas commenté directement cette vidéo.
Les patrons des organisations internationales de coopération policière Interpol et Europol ont appelé à l'organisation d'un sommet des polices consacré aux filières d'immigration clandestine, qui ont atteint selon eux "des niveaux sans précédents".
La France a suspendu une consule honoraire en Turquie, propriétaire d'un magasin d'articles maritimes, qui vendait des canots aux migrants cherchant à gagner la Grèce au péril de leur vie.
AFP/VNA/CVN