Mais où sont passés les films vietnamiens pour enfants ?

Cette année, alors que les vacances d’été sont bien installées, les films vietnamiens réservés au jeune public brillent par leur absence. Une situation qui s’explique par le manque de bons scénarios, de jeunes acteurs convaincants et, surtout, de moyens financiers.

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Une scène du film +Tôi thây hoa vàng trên co xanh+ du réalisateur Victor Vu.
Photo : Kenh14/CVN

Les enfants font partie intégrante du cinéma mondial. De nombreux studios ont assis leur réputation dans ce secteur grâce aux films pour enfants, à commencer par la société américaine Walt Disney. Il s’agit d’un terrain fertile pour les producteurs et réalisateurs étrangers mais au Vietnam, ce segment est encore très faible.

Après une longue traversée du désert, le film Tôi thây hoa vàng trên co xanh (Je vois des fleurs jaunes sur l’herbe verte), du réalisateur Victor Vu, a fait un carton au Vietnam, plébiscité par les petits. Ce film, sorti en 2015, est adapté du grand succès littéraire au titre éponyme de l’écrivain Nguyên Nhât Anh.

Mais cela reste un cas isolé. En 2016, plus de 50 films vietnamiens ont été produits, dont plus de 40 sont sortis en salle, mais un seul était destiné aux enfants. Idem cette année qui s’annonce pourtant riche pour le cinéma local. La seule œuvre sortie en salle cet été pour le jeune public est Anh em siêu quây (Vilains frères), du réalisateur Lê Bao Trung.

Les réalisateurs ne se bousculent pas

Parmi tous les réalisateurs que compte le pays, seul Lê Bao Trung aime créer des œuvres pour le jeune public. «J’aime les enfants et je suis heureux de faire des films pour eux. J’espère que mon travail les rend heureux», a partagé Lê BaoTrung, propriétaire de la société de film privée LBT. Ses deux derniers longs-métrages : Bao mâu siêu quây (Baby-sitting malin), sorti en 2015 et sa suite, Bao mâu siêu quây 2 (Baby-sitting malin 2), sortie l’an dernier, ont reçu un accueil favorable auprès d’eux.

«Je voudrais faire en sorte que les enfants sortent de chez eux plutôt que de rester les yeux rivés sur leurs appareils numériques», a confié Trung. Si l’on exclut les réalisations de Trung, les films vietnamiens pour enfants - hors films d’animation - projetés dans les salles obscures sont quasi inexistants.

Une scène du film +Anh em siêu quây+ (Vilains frères) du réalisateur Lê Bao Trung.

Il faut dire aussi que ces œuvres particulières demandent toujours un scénario attrayant et adapté au public visé. Leur contenu doit être facile à comprendre tout en étant capable de capter à tout instant l’attention des spectateurs qui, à cet âge, sont beaucoup moins patients que les adultes. Ce qu’a confirmé le réalisateur Trung : «C’est un vrai défi à relever car il faut parvenir à capturer l’esprit et le regard des enfants. Les principales difficultés de ce segment résident dans le manque de scénarios qui +tiennent la route+ et de jeunes acteurs qui parviennent à convaincre à l’écran».

Des producteurs et des idées

«Les films pour enfants sont un marché prometteur», a-t-il estimé, ajoutant que les producteurs devraient travailler avec des maisons d’édition et des auteurs talentueux pour écrire des scénarios de qualité dans l’optique de produire de telles œuvres.

Le Centre de production des téléfilms du Vietnam (VFC) n’a plus de séries pour enfants depuis des années. Il fait des séries pour adultes qui se concentrent sur la vie familiale et des scandales impliquant drogue et corruption. «Nous manquons de scripts et de jeunes acteurs, a informé Nguyên Diêu Huong, responsable de l’adaptation cinématographique de VFC. Mais si nous avons un bon scénario entre les mains, nous l’adapterons à la télévision immédiatement !».

«Pour l’instant, en attendant que le 7e art destiné aux enfants se réveille au Vietnam, le jeune public vietnamien se tourne vers les films étrangers», a indiqué le réalisateur Xuân Phuoc, auteur de plusieurs séries pour enfants telles que Dông hô cat (Le sablier) et Nhung dua tre tinh nghich (Enfants malicieux).

Force est de constater que la concurrence étrangère est très rude avec des superproductions de studios aux moyens illimités ou presque comme l’Âge de Glace, Le Roi Lion ou Shrek. Les cinémas locaux comme Megastar, CGV ou le Centre national du cinéma à Hanoï s’en frottent d’ailleurs les mains, ces réalisations leur permettant de remplir les salles de longues semaines durant. Ce qui est encore loin d’être le cas des réalisations vietnamiennes, qui n’ont pas les mêmes ressources à leur disposition.

Dans ces conditions, difficile de croire que le cinéma vietnamien pour enfants va sortir du marasme, du moins à court terme, tant le retard avec l’étranger est important.


Thuy Hà/CVN

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