Comment sauver les villages de métiers

Le Vietnam compte plus de 5.000 villages de métiers. Si la course à la modernisation les menace de disparition, la situation n’est pas désespérée. À condition d’investir et de s’investir pour leur sauvegarde.

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Cours d’apprentissage sur la fabrication d’articles en rotin et bambou dans le village de Phu Vinh, à Hanoï.

Autrefois, l’ancienne capitale Thang Long regroupait un grand nombre de quartiers de corporations connues comme celle des papetiers sac phong (au service des décrets royaux) de Nghia Dô, des fondeurs de cuivre de Ngu Xa ou des sculpteurs sur argent de Dinh Công. La banlieue n’était pas en reste avec les villages de peintures de Kim Hoàng, de menuiserie de Sâu Gia, de fabrication des lanternes à ombres mobiles de Dàn Viên, etc. La plupart de ces villages et corporations ont aujourd’hui totalement disparu ou tentent de survivre comme ils le peuvent.

Hanoï recense encore 1.350 villages de métiers, dont 286 reconnus par la ville comme traditionnels. Mais les travaux déployés pour leur préservation et leur développement sont très insuffisants, malgré l’attention que leur portent les localités et branches.

Un commerce à repenser

Plusieurs raisons viennent expliquer cette situation : la mauvaise qualité des produits, le manque de compétitivité et d’investissements pour élargir les débouchés, que ce soit dans le pays ou à l’étranger, mais aussi le fait que les localités jugent non nécessaires de lancer des opérations marketing pour les produits. Sans parler de la formation des artisans, pour la plupart livrés à eux-mêmes et sans réelles opportunités d’améliorer leur savoir-faire. Résultat, les produits étrangers dont l’origine n’est pas claire envahissent les boutiques. Une situation que l’on retrouve même à Bat Tràng (spécialisé dans les céramiques) et à Van Phuc (dans la soie), qui sont pourtant les deux ambassadeurs des villages de métiers de Hanoï...

De plus, malgré leur relative bonne qualité, nombre de produits des villages de métiers restent boudés par les consommateurs, soit parce qu’ils sont vendus trop chers, soit parce que le réseau de distribution fait défaut, quand ce n’est pas les deux.

Pour que les villages se développent en répondant aux besoins des consommateurs tout en protégeant les valeurs traditionnelles qu’ils renferment, il faut tout d’abord motiver les artisans à faire du bon travail, voire du travail d’exception pour les plus doués, de sorte qu’ils donnent l’envie aux générations suivantes et transmettre «le métier».

L’«Artiste du Peuple» Quach Van Hiêu, domicilié dans le village de sculpture sur argent de Dinh Công, pratique cette profession depuis dix ans. Il a bien failli «jeter l’éponge» à plusieurs reprises, en voyant ses confrères se reconvertir tour à tour. Mais Quach Van Hiêu n’a pas abandonné, bien au contraire, puisqu’il fait aujourd’hui tout son possible pour le sauvegarder.

Avec l’aide de l’arrondissement de Hoàng Mai, chaque année, il organise des cours de formation en faveur de 20 à 30 jeunes du village. Et le travail semble payer, les produits de Dinh Công bénéficiant d’une réputation croissante dans le pays. Outre la formation, les festivals ou foires des villages de métiers sont essentiels, car ils permettent de présenter leurs produits aux consommateurs du pays et d’ailleurs.

Exemple avec la Foire inter-nationale des produits du petit artisanat et des cadeaux du Vietnam, organisée en avril dernier à Hô Chi Minh-Ville, et le Festival des métiers traditionnels de Huê, qui a eu lieu en même temps. Ces deux événements ont été organisés avec un grand professionnalisme : distribution des tracs, catalogues, activités de marketing, de publicité par le biais des réseaux sociaux, etc. Et les retombées ne se sont pas fait attendre, avec une grande affluence de visiteurs de toutes les nationalités qui a permis de nouer de nombreux contacts entre ces derniers et les villages. Ces exemples montrent que les villages de métiers sont aussi des biens culturels précieux au service du tourisme et du développement socio-économique.

Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural n’a d’ailleurs pas attendu ces événements pour lancer des mesures, avec des objectifs précis. Notamment que chaque commune n’ait qu’un métier et un produit phare.

Un village, un métier

Dans le village des fondeurs de cuivre de Ngu Xa, Hanoï.
Photo : Huy Hùng/VNA/CVN

Répondant à cette option, de nombreuses localités de Hanoï accélèrent le développement de métiers spécifiques permettant d’ouvrir de grandes perspectives pour le développement agricole et rural. Illustration avec le village du textile et de l’habillement de La Phù, dans le district de Hoài Duc. En s’appuyant sur les professions qui font sa force, Là Phù est parvenu à générer l’an dernier 810 milliards de dôngs de chiffre d’affaires.

Le vice-président du Comité populaire de Hanoï, Nguyên Van Suu, a fait savoir que la ville envisageait de mettre l’accent sur la formation professionnelle en faveur des travailleurs ruraux et sur le renforcement de l’application des avancées technoscientifiques ainsi que des activités de promotion du commerce. Il s’agira aussi de multiplier les circuits touristiques dans les villages de métiers pour stimuler les ventes.


Huong Linh/CVN

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