Pour le Pentagone, "les progrès restent inégaux, avec des gains modestes sur le plan de la sécurité, de la gestion du pays et du développement dans les zones de priorité opérationnelle". L'insurrection talibane "conserve l'initiative dans certaines zones", observent les auteurs du rapport, même si l'initiative a changé de camp dans d'autres zones.
L'étude, qui couvre la période allant du 1er avril au 30 septembre, correspond à une phase de montée en puissance de la stratégie décidée par Barack Obama en décembre 2009 lorsqu'il a ordonné l'envoi de 30.000 soldats supplémentaires.
Réalisé en collaboration avec d'autres branches du gouvernement (affaires étrangères, agences de renseignement, agriculture, justice), ce rapport doit être remis au Congrès. Ses auteurs font preuve d'une prudence qui contraste avec les déclarations de responsables civils et militaires américains, selon lesquels la situation sur le terrain montre des signes encourageants.
Lors du sommet de l'OTAN à Lisbonne le week-end dernier, Barack Obama s'est ainsi montré plus optimiste en affirmant que l'OTAN avait réussi à "briser l'élan" des talibans.
Un des points-clé de la stratégie américaine est de prendre l'initiative sur les talibans pour qu'ils ne soient plus en position de pouvoir renverser le régime du président afghan Hamid Karzaï.
Pour les auteurs du rapport, "malgré une pression accrue ces derniers mois", les talibans ont montré leur capacité de résistance et conservé leurs capacités logistiques et de commandement. L'action de la coalition internationale pour couper les talibans de leurs sanctuaires et de leur voies d'approvisionnement en Iran et au Pakistan, n'a "pas produit de résultats notables" malgré les pertes subies par le réseau Haqqani dans les zones tribales pakistanaises, jugent-ils. Quelque 97.000 soldats américains sont déployés en Afghanistan aux côtés de 49.000 soldats alliés.
Les opérations de contre-insurrection, menées sous le commandement du général américain David Petraeus, semblent toutefois avoir des effets dans certaines parties des provinces du Helmand et de Kandahar, régions du Sud du pays où l'insurrection est la plus active.
La violence des combats, avec 9.668 actions recensées sur les neuf premiers mois de l'année, n'a jamais été aussi importante avec une augmentation de 73% par rapport à la même période en 2009. La majeure partie des combats se déroulent dans le Sud, le Sud-Ouest et l'Est du pays.
Les bombes artisanales, si elles représentent un tiers des actions de combat recensées, provoquent près de 60% du nombre total de victimes. "La force des talibans est que la population afghane pense que les forces de la coalition partiront bientôt, accréditant l'idée d'une victoire inéluctable des talibans", observent les auteurs.
Les États-Unis et l'OTAN ont convenu de transférer les missions de combat en Afghanistan aux forces afghanes à la fin de l'année 2014, Washington devant entamer son retrait -dans des proportions qui n'ont pas été précisées- en juillet 2011.
La formation des forces afghanes de sécurité fait en revanche partie des sujets de satisfaction. Avec respectivement 134.000 soldats et 116.000 policiers, les objectifs de recrutement fixés pour le mois d'octobre ont été atteints en juillet.
Le taux de désertion dans la police et le niveau de qualité des forces afghanes restent cependant sources de préoccupation, notent les auteurs, tout comme les capacités de gestion du gouvernement et la corruption dans le pays.
AFP/VNA/CVN