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Des manifestants du secteur des transports, en gilets jaunes, rassemblés, le 25 mars |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous sommes parvenus cette nuit à un grand accord avec les représentants du secteur, qui se traduira par l'injection de plus d'un milliard d'euros", d'aides publiques pour aider les transporteurs, a annoncé sur Twitter le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez.
Cet accord qui n'a pas été signé par les grévistes a été négocié uniquement avec le Comité national du transport routier (CNTC), organisation patronale du secteur. L'accord prévoit notamment une subvention de 20 centimes d'euros par litre de carburant.
Cette aide entrera en vigueur le 1er avril et sera maintenue jusqu'au 30 juin au moins. Elle sera financée "à hauteur de 15 centimes" par l'État "et de 5 centimes par les entreprises du secteur pétrolier", a précisé le ministère des Transports.
Selon l'exécutif, accusé jusqu'à présent d'inaction face à la flambée des prix, ce mécanisme devrait permettre une économie de "700 euros par mois et par camion" pour les transporteurs. Elle représente un effort global de "600 millions d'euros" pour les finances publiques.
Le plan dévoilé vendredi 25 mars prévoit aussi des aides directes chiffrées à 450 millions d'euros, avec le versement d'une prime de 1.250 euros par camion, 950 euros par autobus et 300 euros par "véhicule léger" (taxis, ambulances, VTC). Les routiers bénéficieront enfin de facilités pour le remboursement de leurs crédits.
"Nous sommes satisfaits et nous espérons que la grève", lancée le 14 mars par un collectif de routiers indépendants qui n'a pas pris part aux négociations, "va prendre fin", a réagi le président du CNTC, Carmelo González, très critique depuis l'origine vis-à-vis de ce mouvement. "Il serait incompréhensible que les blocages continuent", a-t-il insisté.
Un appel rejeté par les grévistes, réunis au sein de la Plateforme de défense du secteur du transport de marchandises, qui ont jugé les mesures insuffisantes et assuré qu'ils maintiendraient leur grève jusqu'à ce que leurs représentants soient reçus par le gouvernement.
Des "miettes"
Ce dernier a jusqu'à présent refusé de négocier avec ce collectif, jugé minoritaire au sein de la profession et accusé d'être proche de l'extrême droite. Des critiques rejetées par la plateforme, qui assure représenter une grande majorité de travailleurs indépendants et de PME.
Des manifestants du secteur des transports rassemblés, le 25 mars |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le gouvernement "continue de discuter avec les mauvaises personnes", a dénoncé son président Manuel Hernandez en qualifiant de "miettes" les aides de l'exécutif. "Il faudrait baisser de plus de 60 centimes le prix du gazole" pour que les aides permettent de couvrir "les coûts d'exploitation", a-t-il insisté.
Signe de la détermination des grévistes. Plusieurs milliers de manifestants en chasubles jaune fluo se sont rassemblés vendredi 25 mars matin devant le ministère des Transports, à Madrid, en réclamant la "démission" de la ministre des Transports, Raquel Sanchez.
"Le gouvernement dit que nous sommes une minorité mais ce qu'on voit ici prouve que c'est faux", a assuré Javier Prada, venu d'Andalousie (Sud), en désignant la foule derrière lui. Selon lui, le gouvernement a fait le choix de soutenir "les grandes entreprises" du secteur, au détriment des indépendants.
"On nous accuse d'être d'extrême droite mais ce sont des mensonges", a abondé José Luis, de Tolède (Centre). "Il faut que la ministre prenne en compte" nos besoins et "accepte de nous recevoir", a ajouté ce manifestant, qui assure ne plus vouloir "travailler à perte".
Sur Twitter, la ministre s'est finalement dite "prête" vendredi 25 mars "à se réunir" à 17h00 (16h00 GMT) avec des représentants de la plateforme pour "leur expliquer les mesures mises sur la table".
La grève, comparée par certains médias au mouvement des "gilets jaunes" français, a obligé de nombreuses entreprises à suspendre leur production, à l'image de Danone, Heineken, Mercedes ou ArcelorMittal, faute d'approvisionnement ou de camions pour exporter leur production.
"Chaque jour, le coût (de la grève) augmente", a mis en garde l'Association des distributeurs et des supermarchés (Asedas), en exhortant les grévistes "à mettre fin à la paralysie du pays".