Macron reçoit le patron de l'OTAN après ses critiques et avant le sommet

Un face-à-face pour aplanir les "divergences" : Emmanuel Macron s'explique jeudi 28 novembre à l'Elysée avec le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg après les remous provoqués par ses propos sur la "mort cérébrale" de l'organisation militaire, qui se réunit à Londres la semaine prochaine.

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Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg (g), et le président français Emmanuel Macron à l'Élysée, le 15 mai 2018 à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

Emmanuel Macron recevra le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg (g) en fin de matinée "pour préparer le sommet de l'OTAN et assurer son succès", indique la présidence. À l'issue d'une heure d'entretien, les deux hommes feront une déclaration à la presse, qui devrait être suivie de près, tant les récentes déclarations d'Emmanuel Macron ont jeté le trouble parmi les 29 membres de l'Alliance atlantique.

Le 7 novembre, il secouait le monde, habituellement très feutré, de l'OTAN en déclarant dans un entretien à l'hebdomadaire The Economist "Ce qu'on est en train de vivre, c'est la mort cérébrale de l'OTAN."

Il réagissait alors à la décision de deux poids-lourds de l'Alliance, les États-Unis et la Turquie. Les premiers pour avoir décidé de retirer leurs troupes de Syrie sans prévenir leurs alliés. Et la Turquie pour son intervention dans le nord-syrien contre les forces kurdes, soutenues par les forces occidentales antijihadistes.

"Vous n'avez aucune coordination de la décision stratégique des États-Unis avec les partenaires de l'OTAN et nous assistons à une agression menée par un autre partenaire de l'OTAN, la Turquie, dans une zone où nos intérêts sont en jeu, sans coordination", a-t-il regretté.

Cette mise en cause frontale a été aussitôt dénoncée par Washington et Ankara, mais aussi par l'Allemagne, le Royaume-Uni ou les pays de l'Est.

Jens Stoltenberg a alors annoncé qu'il viendrait rencontrer Emmanuel Macron "afin de mieux comprendre son message et les raisons qui sont derrière" ses critiques. "Lorsque nous avons des divergences, le mieux est d'en parler", a-t-il souligné.

"Électrochoc"

Pour l'Élysée, la discussion entre les deux hommes portera "sur la meilleure façon d'aborder, lors du sommet, les principaux enjeux du débat actuel sur l'OTAN : le renforcement de l'unité de l'Alliance et de la coordination des actions des alliés, le respect des engagements fondamentaux du traité de Washington (fondateur de l'OTAN) et la meilleure prise de responsabilités des Européens au sein de l'Alliance".

Emmanuel Macron devrait s'entretenir avec plusieurs autres dirigeants d'ici au sommet de mardi et mercredi (3 et 4 décembre), selon la présidence. Il aura également des rencontres bilatérales à son arrivée à Londres, où seront présents les présidents américain Donald Trump et turc Recep Tayyip Erdogan.

En attendant, la chancelière allemande Angela Merkel a livré mercredi 27 novembre un nouveau plaidoyer pour l'OTAN, qui garantit "la liberté et la paix" depuis 70 ans, en partie grâce à "nos amis américains", selon elle. "L'Europe ne peut pas se défendre seule pour le moment" et "il est important (...) que nous assumions davantage de responsabilités", a-t-elle ajouté devant les députés allemands.

Cherchant à calmer le jeu entre eux, Paris et Berlin ont déjà proposé le 20 novembre la mise en place d'un comité d'experts destiné à renforcer le processus politique au sein de l'OTAN. La nouvelle présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a pour sa part affirmé mercredi 27 novembre que l'UE et l'OTAN n'étaient "pas rivales", mais "complémentaires".

À Paris, on fait remarquer que le constat d'Emmanuel Macron "est partagé" par beaucoup et que le débat est ainsi lancé, notamment pour "rendre les Européens plus responsables". "Ce qui a suscité des réactions, c'est surtout la méthode et la forme" des propos du chef de l'Etat, qui a cherché à provoquer "un électrochoc", selon une source diplomatique.

Mais pour Jorge Benitez, expert de l'OTAN à l'Atlantic Council, l'initiative d'Emmanuel Macron est "contre-productive" : "Il devrait plaider pour une Europe plus forte au sein d'une Otan plus forte" plutôt que de "sacrifier l'unité de l'alliance pour le rêve éloigné d'une Europe indépendante conduite par la France".

AFP/VNA/CVN

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