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Le président français Emmanuel Macron, le 8 juillet à Paris. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
La succession de réglementations et de textes législatifs consacrés à l'Outre-mer et leurs effets insuffisants ont entamé la crédibilité de l'État auprès des ultramarins, a reconnu le président Emmanuel Macron.
Le jour où "on aura réussi en proximité avec l'ensemble des ultramarins à bâtir des solutions qui changent le quotidien, à ce moment-là, nous serons à nouveau crus. Aujourd'hui je le dis pour nous tous, nous ne sommes plus crus", a-t-il poursuivi lors d'un discours prononcé au ministère des outre-mer.
Héritiers des contrats de plan État-région, ces contrats de "convergence et de transformation" sont conçus pour rattraper les retards de développement économiques et sociaux des outre-mer.
Ils ont été signés avec les collectivités de Guadeloupe, de Guyane, de Martinique, de Mayotte, de La Réunion, de Saint-Pierre-et-Miquelon et de Wallis-et-Futuna, les autres territoires devant suivre ultérieurement. Au total, cela représente "un effort financier de l'État de 2,1 milliards d'euros" pour la période 2019-2022.
Fort taux de chômage, problèmes d'accès à l'eau et à l'assainissement, infrastructures scolaires et sanitaires souvent déficientes, économies fragiles: les Outre-mer souffrent de retards économiques et sociaux structurels.
"On a signé ces dernières années, quelle que soit la sensibilité politique, beaucoup de textes, sans doute beaucoup trop, on a pris beaucoup de déclarations, mais la vie des gens n'a pas assez changé", a insisté M. Macron.
"On ne fait pas d'économie sur les outre-mer", a également affirmé le président, alors que le budget 2020 est en discussion.
Pour le chef de l'État, on ne peut "pas s'habituer dans les Outre-mer à des situations de retard et de décrochage" et il faut "une forme de conversion du regard" sur ces territoires, car "les seules dépenses ne sont pas seulement des dépenses pour rattraper des retards, mais (pour) porter des ambitions".
"Moment fort"
"C'est un moment fort (...), un engagement majeur de l'ensemble du gouvernement", a déclaré le président de la Région Réunion, Didier Robert, "satisfait" des 250 millions d'euros apportés à son territoire.
Issus de la Loi égalité réelle outre-mer votée en 2017 sous François Hollande, les contrats détaillent les mesures et actions concrètes (aménagement de plages en Guadeloupe, construction de collèges et lycées en Guyane, développement des transports collectifs à Mayotte...) qui seront mises en place par l'État et les collectivités (régions, collectivités territoriales, départements...) d'ici 2022.
L'ancienne ministre socialiste des outre-mer Ericka Bareigts s'est dit "satisfaite" qu'on puisse appliquer "avec quelques années de retard" la Loi égalité réelle. Mais "nous sommes sur du court terme", a-t-elle regretté.
Les contrats s'inspirent "du Livre bleu outre-mer", sorte de feuille de route pour les outre-mer présentée en juin 2018 à l'Élysée à l'issue des Assises des outre-mer, mais également des différents plans d'urgence déjà mis en place dans certains territoires après plusieurs crises sociales (Guyane, Mayotte, etc).
Le président de la Communauté de communes de Petite-Terre à Mayotte, Saïd Omar Oili, a loué la volonté du gouvernement de prendre en compte les "spécificités de chaque territoire" et que ces contrats aient été "co-construits" avec les collectivités. "C'est la façon dont nous voyons le développement de notre île", a ajouté l'élu.
Les contrats s'inscrivent par ailleurs dans la "Trajectoire 5.0" lancée par le ministère des Outre-mer, à savoir la déclinaison des objectifs de développement durable d'ici 2030 pour les territoires ultramarins.
Pour le Premier ministre Edouard Philippe, "si nous n'agissons pas très vite et très fort, nous risquons de payer dès demain les retards que nous avons pris. "La géographie et les caractéristiques des outre-mer font d'eux des avant-postes dans ce combat", a-t-il affirmé.