>>Retraites : trafic SNCF et RATP toujours perturbé au 27e jour de grève
>>Retraites : le ton monte en attendant les vœux de Macron
Emmanuel Macron à l'aéroport international de Niamey au Niger le 22 décembre. |
À la veille du Nouvel An, le conflit semble toujours sans issue, alors que la concertation entre Édouard Philippe et les syndicats ne reprendra que le 7 janvier.
Le trafic restera très perturbé mardi 31 décembre à la SNCF et à la RATP, avec seulement la moitié des TGV et TER, un Intercités sur cinq et un quart des Transilien, tandis qu'à Paris deux lignes de métro seront fermées et 12 partiellement.
L'allocution du chef de l'État suscite de fortes attentes des syndicats comme de l'opposition, qui espèrent clarifications ou concessions alors que le mouvement reste soutenu par une majorité de Français (51%).
Mais ils risquent d'être déçus. Emmanuel Macron, en retrait depuis des semaines, paraît décidé à laisser Édouard Philippe en première ligne, tout en tenant bon sur les principes du projet le plus ambitieux de son quinquennat.
Lors de sa courte allocution enregistrée, il devrait réaffirmer son "ambition forte" pour une réforme des retraites qui "corrige de nombreuses inégalités", a affirmé lundi 30 décembre l'Élysée.
Il devrait aussi se "redire ouvert au dialogue" mais "sans entrer dans le détail". Pas question apparemment de modifier ou moduler l'âge-pivot, ce qui aurait pu rallier au moins la CFDT.
Manifestation à Paris le 28 décembre 2019 contre la réforme des retraites. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Plus globalement, il devrait rappeler sa volonté de poursuivre les réformes en "invitant les Français à résister à la tentation de l'immobilisme", tout en appelant à "l'apaisement, pas l'affrontement".
"Apaiser le débat" : Ce fut aussi le message dès lundi 30 décembre du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. Mais, a-t-il ajouté, "le dialogue, ce n'est pas d'exiger le retrait" du texte.
Concessions discrètes
Reste que durant le week-end, le gouvernement et la CGT ont continué leurs joutes verbales : Le secrétaire d'État aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a accusé le syndicat de pratiquer un syndicalisme "de blocage", voire "d'intimidation" envers les non-grévistes, le numéro un de la CGT Philippe Martinez accusant lui le gouvernement d'organiser "le bordel" et de jouer "le pourrissement" du conflit.
Et que depuis la présentation du projet de réforme par Jean-Paul Delevoye cet été, les questions se multiplient sur une réforme dont l'impact pour chacun est incertain, faute de connaître comment sera fixée la valeur du point qui régentera le futur système.
"Il est grand temps d'appuyer sur le bouton stop", a répété lundi 30 décembre le patron de FO Yves Veyrier.
Les simulateurs succincts et optimistes du gouvernement ne convainquent pas plus que les calculs anxiogènes de la gauche, qui prédit de nombreux perdants ou un boulevard ouvert aux fonds de pension.
Les différents volets suscitent de nouvelles incompréhensions, comme la cotisation qui sera réduite pour les plus hauts salaires.
Autre source de questions, les concessions accordées par le gouvernement ces derniers jours à une dizaine de catégories, allant des policiers aux pilotes de ligne en passant par les marins et danseurs de l'opéra, qui conserveront pour longtemps des régimes spéciaux. De quoi faire dire à la droite que la réforme, vidée de son contenu, redevient catégorielle.
Le gouvernement, qui veut négocier sur la pénibilité, admet lui-même désormais la nécessité de prendre en compte les cas individuels.
"Il y a eu des avancées très claires le 19 décembre, montrant que le système universel peut être dans une certaine mesure individualisé. C'est notamment le cas pour la prise en compte de la pénibilité ou le départ en retraite progressif. C'est de tout cela qu'on discutera en janvier. Le gouvernement a bien compris qu'on reprochait au système de points d'être trop mécanique", résume un conseiller ministériel.
Quoi que dise le chef de l'État mardi 31 décembre, la grève dans les transports pourrait se poursuivre jusqu'à la reprise des négociations. En ce cas, elle atteindra le 2 janvier, avec 29 jours, le record de la plus longue grève jamais connue en France depuis 30 ans.
L'an dernier, Emmanuel Macron avait déjà dû faire face à la colère sociale avec les "gilets jaunes". Il avait alors lâché 10 milliards d'euros d'aides et renoncé à la taxe contestée sur le carburant.