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Un agent électorale commence les opérations de dépouillement des votes après le second tour à la présidentielle en Guinée-Bissau, le 29 décembre à Bissau. |
Le dépouillement a commencé aussitôt les bureaux de votes fermés, à 17h00 (GMT et locales), parfois sur de simples nattes posées à même le sol, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Les quelque 700.000 électeurs et la communauté internationale espèrent que l'élection permettra de lever le blocage dans lequel s'est empêtrée depuis des années une classe politique réputée corrompue et incapable de répondre aux besoins élémentaires d'une population parmi les plus pauvres au monde.
Dans la soirée, la porte-parole de la Commission nationale électorale (CNE), Felisberta Vaz Moura, a indiqué que les résultats seront annoncés mercredi 1er janvier. Elle a exhorté "les candidats et les organes de communication nationaux et étrangers à s'abstenir de véhiculer des informations liées aux résultats électoraux".
"La CNE saisit l'occasion pour réfuter les informations sans consistance véhiculées sur les réseaux sociaux relatives à une tentative de fraude électorale", a ajouté Mme Vaz Mour, en appelant "le peuple à rester calme, serein et vigilant contre les manoeuvres visant à compromettre le déroulement du processus électoral qui se veut pacifique et ordonné".
Le candidat du parti d'opposition Madem, Umaro Sissoco Embalo, avait relayé à la mi-journée ces allégations de fraude visant le président de la CNE, accusé sur les réseaux sociaux d'avoir envoyé des urnes remplies au ministère de l'Intérieur à la veille du scrutin.
Pour cet ancien Premier ministre, arrivé deuxième au premier tour avec près de 28% des voix, la commission électorale manoeuvre pour favoriser l'élection de son rival Domingos Simoes Pereira, le chef du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), qui a viré en tête avec 40,1% des suffrages au premier tour.
"Je souhaite que le résultat soit l'expression de la volonté du peuple guinéen et qu'à partir de là, nous soyons capables de construire la concorde nationale, pour que notre pays puisse démarrer et croître", a pour sa part affirmé M. Pereira après avoir voté dans la banlieue de Bissau.
Le sortant éliminé
"Il faut voter pour changer les choses. Le prochain président aura la mission de faire marcher le pays", estimait un étudiant en économie de 31 ans, Jair Fernandes Martins.
La stabilité, indispensable pour combattre des maux comme la grande pauvreté, la corruption répandue jusque dans les classes dirigeantes et le trafic de cocaïne, est l'un des grands enjeux après des décennies de crise politique permanente.
Alors que près de 70% de ses quelque 1,8 million d'habitants vivent avec moins de 2 USD par jour, ce petit pays au climat tropical, abonné aux coups d'État depuis son indépendance en 1974, a vécu ces quatre dernières années au rythme des querelles entre le président José Mario Vaz et le PAIGC, dont il est pourtant issu.
M. Vaz n'a terminé qu'à la quatrième place au premier tour et, comme d'autres candidats éliminés, il a apporté son soutien à M. Embalo, un dissident du PAIGC.
Le chef d'état-major de l'armée, le général Biague Na Ntam, a plusieurs fois affirmé que l'armée n'interviendrait pas dans le processus électoral.
Le futur président devra "régler le problème des hôpitaux où des femmes enceintes meurent sans être assistées, faute de matériel", "construire des routes" et "diminuer le prix du riz", selon un pêcheur, Moutar Diallo. Il "doit nous donner du travail" car "rien ne marche à Bissau", soulignait un commerçant, Abdoulaye Diallo.
"Pays martyrisé"
Les deux finalistes sont issus du sérail politique.
M. Pereira, 56 ans, est un ingénieur en génie civil au large sourire, invariablement coiffé d'un Trilby couleur paille. Après avoir mené son parti à la victoire aux législatives de mars, il promet d'accélérer le développement du pays.
Umaro Sissoco Embalo, un général de brigade de réserve de 47 ans, ancien du PAIGC qui a fait campagne avec un keffieh rouge et blanc noué autour de la tête, appelle tous les Bissau-guinées, dont beaucoup vivent à l'étranger, à "contribuer au développement de ce pays martyrisé".
S'il est élu, M. Pereira pourra compter sur le soutien du Parlement, contrairement à M. Embalo, qui devra composer avec une assemblée dominée par le PAIGC.
AFP/VNA/CVN