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Une femme passe une mammographie dans le cadre du dépistage du cancer du sein, le 9 octobre 2017 à Marseille. |
"L'ambition c'est d'aller plus vite (...), sur la lancée de ce qui a été acquis par les plans précédents", tout en imprimant des "virages", assure-t-on à l'Élysée, alors que le cancer fait encore environ 150.000 morts par an en France, soit la première cause de décès chez les hommes et la deuxième chez les femmes.
Après trois plans de lutte contre le cancer d'une durée de cinq ans, qui ont permis des "progrès notables", c'est cette fois une "stratégie décennale" qui sera annoncée, pour "donner de la visibilité" à tous les acteurs, explique la même source.
Ce programme sera détaillé jeudi matin 4 février à l'occasion de la Journée mondiale contre le cancer, pendant les Rencontres annuelles de l'Institut du cancer (INCa), au cours desquelles une intervention vidéo du président de la République sera diffusée.
Dans le même temps, Emmanuel Macron se rendra à l'Institut Gustave-Roussy, à Villejuif (Val-de-Marne), dans un service accueillant des enfants atteints de cancers et dans un laboratoire de recherche spécialisé dans l'immunothérapie, l'une des voies de traitements les plus prometteuses.
La stratégie décennale, qui sera pilotée par l'INCa, comprendra quatre "axes prioritaires" : améliorer la prévention, réduire les séquelles liées à la maladie, la lutte contre les cancers à "mauvais pronostic" et lutter contre les inégalités, notamment dans l'accès aux innovations.
Dans un premier temps, une "feuille de route", avec des actions concrètes, a été établie pour la période 2021-2025, avec un budget de 1,74 milliard d'euros de la part de l'État et de la Sécurité sociale.
"Cancers évitables"
Cette enveloppe représente "une augmentation de 20% par rapport au financement du plan antérieur", qui était doté d'environ 1,5 milliard d'euros, souligne l'Élysée.
Emmanuel Macron va présenter au centre Gustave-Roussy un plan de lutte contre le cancer. |
En matière de prévention, le gouvernement et l'INCa ambitionnent de réduire de 60.000 par an d'ici 2040 le nombre des "cancers évitables", sur un total de 153.000 - on estime que 40% des cas de cancers pourraient être évités, car attribuables à des facteurs de risques modifiables comme le tabac, l'alimentation, l'exposition aux UV ou encore la sédentarité.
Ils souhaitent aussi convaincre davantage de Français de participer aux trois dépistages organisés mis en place: pour le cancer du sein, le cancer colorectal et, récemment, le col de l'utérus. Objectif : "réaliser 1 million de dépistages en plus à l'horizon 2025", contre 9 millions chaque année aujourd'hui.
La marge de progression existe principalement pour le dépistage du cancer colorectal, avec seulement 30% de participation, tandis que des "travaux de recherche" sont menés pour envisager des dépistages sur d'autres cancers, comme celui du poumon.
Le plan souhaite par ailleurs limiter à un tiers la proportion de patients souffrant de séquelles cinq ans après leur diagnostic (chirurgies mutilantes, effets secondaires des médicaments, retards de développement chez les enfants...), contre deux tiers à l'heure actuelle.
Le dernier objectif consiste à "améliorer significativement" le taux de survie des cancers à mauvais pronostic, c'est-à-dire ceux dont le taux de survie à cinq ans est inférieur à 33%, tels que le cancer du pancréas, celui du poumon, certains cancers du sein dits "triple négatif" ou encore un cancer rare, le glioblastome du tronc cérébral de l'enfant.
Le 3e plan cancer, qui couvrait la période 2014-2019 et prolongé en 2020, "a permis des avancées majeures" dans la recherche, l'accès aux thérapies innovantes, la prise en charge des cancers pédiatriques ou encore la prévention du tabagisme, mais "manquait singulièrement d'ambition dans la lutte contre l'alcool", responsable de 16.000 décès par cancer par an, pointait le bilan d'évaluation dressé en octobre par l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l'IGESR (pour les ministères de l'Éducation, du Sport et de la Recherche).
L'objectif pour la période qui s'ouvre, "c'est vraiment la lutte contre l'alcoolisme et contre la dépendance", assure l'Élysée. "L'ensemble des leviers" seront mobilisés : la recherche, mais aussi la régulation de la publicité, la limitation de l'accessibilité aux mineurs ou encore le renforcement de l'information sur les risques liés à l'alcool, en particulier auprès du jeune public.
AFP/VNA/CVN