>>Pandémie : l'Europe mobilisée pour obtenir plus de vaccins
Les forces de l'ordre portugaises surveillent la frontière avec l'Espagne pour tenter de faire face à la troisièle vague de la pandémie, le 31 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Après un mois de janvier marqué par un record de 303 morts en 24 heures et des images d'ambulances faisant la queue pendant des heures devant le plus grand hôpital de Lisbonne, le gouvernement portugais a dû se résoudre à appeler à la rescousse.
Après "plusieurs contacts bilatéraux", l’exécutif socialiste a confirmé lundi soir avoir accepté "l'offre de coopération du gouvernement allemand", qui acheminera mercredi huit médecins et du personnel soignant qualifié, ainsi que quelque 150 appareils de perfusion et 150 lits médicaux.
Depuis Bruxelles, le commissaire européen à la gestion des crises, Janez Lenarcic, a indiqué mardi sur Twitter que ses services accompagnaient "la situation critique" du Portugal et se tenaient prêts à lui venir en aide si Lisbonne en faisait la demande.
Hors micro-États, le Portugal est le pays au monde le plus durement frappé par l'épidémie de coronavirus sur une période de deux semaines, en nombre de décès et de nouveaux cas par rapport à sa population de 10 millions d'habitants.
Une situation "très complexe"
Le bilan depuis le début de la pandémie a dépassé mardi 2 février le seuil des 13.000 morts, dont près de la moitié depuis le début de l'année.
À l'hôpital Santa Maria de Lisbonne, un des deux plus grands du pays, 333 patients étaient pris en charge lundi 1er février pour un total de 350 lits alloués aux malades du COVID-19, selon une source hospitalière. Mais il n'y avait que six places libres en soins intensifs.
Un autre hôpital, qui dessert les communes d'Amadora et Sintra, dans la banlieue de la capitale portugaise, se trouvait encore mardi dans une situation "très complexe" après avoir connu des jours chaotiques suite à un manque de pression dans son réseau de distribution d'oxygène, trop sollicité, selon une autre source hospitalière.
Des dizaines d'ambulances attendent devant le service des urgences pour le COVID-19 à l'hôpital Santa Maria à Lisbonne, le 28 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Lors de l'incident survenu une semaine auparavant, l'hôpital avait atteint un record de 363 patients COVID pris en charge simultanément, soit le triple de la capacité maximale prévue par son plan de contingence.
Quelque 150 malades ont dû être ventilés grâce à des bonbonnes portables et plus d'une centaine d'entre eux ont été transférés à la hâte vers d'autres hôpitaux, aggravant par exemple l'engorgement des urgences à Santa Maria, qui a depuis mis en place un système de pré-triage des malades.
"Des signes positifs"
Mardi 2 février, la Direction générale de santé a fait état de moins de 6.000 nouvelles contagions quotidiennes pour la deuxième journée consécutive, ce qui n'arrivait pas depuis le 5 janvier.
Dans le même temps, le nombre total de personnes malades hospitalisées s'est réduit à 6.775, dont 852 en soins intensifs.
Epargné par la première vague de la pandémie, le Portugal a éprouvé plus de difficultés à endiguer la deuxième vague, en se limitant à des confinements partiels.
Puis, après l'allègement des restrictions à Noël et l'arrivée du variant britannique, plus contagieux, l'épidémie s'est emballée et le gouvernement a fini par imposer un deuxième confinement général à la mi-janvier, fermant les écoles une semaine plus tard.
"Le Portugal est maintenant le pire pays au monde, mais nous voyons déjà des signes positifs", a commenté le virologue Pedro Simas, de l'Institut de médecine moléculaire de Lisbonne.
Selon lui, le pays a été frappé par la troisième vague du virus alors que la deuxième avait laissé un niveau de contagions journalières encore trop élevé.
Comme lui, d'autres experts cités dans la presse estimaient que certaines régions du pays ont déjà atteint leur pic de contaminations quotidiennes et que la région de Lisbonne devrait bientôt suivre.