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La Commission européenne redouble ses efforts pour renforcer le rôle international de l'euro. |
"Nous devons faire davantage pour permettre à notre monnaie unique de jouer pleinement son rôle sur la scène internationale", a déclaré le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dans son discours sur l'état de l'Union mercredi dernier 19 septembre à Strasbourg, appelant à renforcer l'euro en tant que "symbole et influence d'une nouvelle Europe plus souveraine", et de remettre en question la domination du dollar américain (USD) sur le système financier mondial.
Des incertitudes internationales
"Avant la fin de l'année, la Commission présentera des initiatives pour renforcer le rôle international de l'euro", a dit M. Juncker, envoyant un signal clair sur la détermination de l'UE à soutenir sa monnaie.
Malgré une reprise longue et difficile après la crise financière mondiale en 2008, ponctuée par des situations de crise auxquelles la Banque centrale européenne (BCE) a dû répondre en urgence en Grèce, en Irlande, en Espagne, au Portugal et en Italie, la zone euro est finalement parvenue à se redresser, en partie grâce à l'engagement de la BCE, dont le président Mario Draghi a promis en juillet 2012 qu'elle était prête à faire "tout ce qui serait nécessaire pour préserver l'euro".
De fait, jusqu'au deuxième trimestre 2018, la zone euro a enregistré cinq années de croissance économique continue avec des progrès sur le marché du travail et des perspectives raisonnablement souriantes de poursuivre ces progrès au cours des prochaines années.
"La BCE devrait relever ses taux d'intérêts l'année prochaine, ce qui contribuera à raffermir l'euro. L'opportunité pour l'euro de renforcer sa position approche", a expliqué Zhao Xueqing, chargée de recherche à l'Institut pour la finance internationale de la Banque de Chine.
Toutefois, des facteurs d'incertitude subsistent, liés principalement à des facteurs internationaux et notamment à la menace de protectionnisme du président des États-Unis Donald Trump, poussant l'UE à rechercher une plus grande indépendance.
"Il est absurde que l'Europe paye 80% de sa facture énergétique, de 300 milliards d'euros par an au total, en dollars alors que 2% seulement de notre énergie provient des États-Unis", a déploré M. Juncker, jugeant également "ridicule" que les entreprises européennes achètent des avions européens en dollars plutôt qu'en euros.
Le renforcement de l'euro
En termes de part dans la dette internationale, les prêts internationaux, les paiements mondiaux, les réserves de devise et les règlements, l'euro reste incontestablement la deuxième monnaie la plus importante du système monétaire international, selon la 17e édition de la revue annuelle du rôle international de l'euro publiée par la BCE en juin.
Toutefois, l'écart entre l'euro et le dollar reste très important, et les billets verts représentent ainsi environ 60% des devises internationales du Fonds monétaire international (FMI), contre 20% seulement pour l'euro.
Changer cela nécessitera beaucoup de persévérance et de nombreuses mesures, le fonctionnement de l'Union monétaire européenne restant une priorité.
"Nous devons tout d'abord mettre nos affaires en ordre en renforçant et en approfondissant notre Union monétaire européenne, comme nous avons déjà commencé à le faire", a dit M. Juncker lors d'une session du Parlement européen en juillet.
M. Draghi a également appelé à poursuivre la convergence et l'intégration des différentes économies de la zone euro, notamment en menant à terme l'Union bancaire et en renforçant les mesures de gestion de crise et de protection de la zone euro.