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Le président ukrénien Petro Poroshenko met un terme 332 ans de tutelle religieuse russe sur l'Ukraine, à Kiev le 15 décembre 2018. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Un concile d'ecclésiastiques orthodoxes réuni dans une cathédrale du XIe siècle à Kiev en présence du président pro-occidental Petro Porochenko a acté la création de cette nouvelle Église et élu son primat, mettant fin à 332 ans de tutelle religieuse russe sur l'Ukraine.
"Ce jour sacré entrera dans l'histoire comme celui de la création d'une Église autocéphale (indépendante, ndlr) unie en Ukraine. Jour de notre indépendance définitive de la Russie", a déclaré M. Porochenko devant plusieurs milliers de partisans réunis dès le matin devant la cathédrale malgré le froid hivernal.
"Gloire!", ont scandé les manifestants dont certains ont pleuré et se sont embrassés à cette annonce.
Le concile a rassemblé essentiellement deux formations orthodoxes dissidentes qui ont ainsi fusionné: le Patriarcat de Kiev, autoproclamé en 1992 et qui compte le plus grand nombre de fidèles selon les sondages, ainsi que la minuscule Église dite autocéphale.
La troisième branche, loyale au Patriarcat de Moscou, qui a perdu une partie de ses fidèles depuis le début de la crise avec la Russie en 2014 mais dispose toujours du plus grand nombre de paroisses en Ukraine, a rejeté le concile comme "illégal" et a interdit à son clergé d'y participer.
Deux de ses évêques (sur un total de plus de 80) et "plusieurs autres" de ses représentants de moins haut niveau ont cependant bravé cette interdiction, a indiqué une source proche de cette confession.
Les responsables ukrainiens esèrent que "la majorité" des fidèles de l'Eglise loyale à la Russie rejoindront à terme la nouvelle formation.
Photo fournie par le service de presse de la présidence ukrainienne du président Petro Porochenko devant le concile d'ecclésiastiques orthodoxes ukrainiens réuni dans la cathédrale Saint-Sophie, le 15 décembre 2018 à Kiev. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"Les portes de notre Église sont ouvertes à tous. Nous appelons tout le monde à s'unir et à rejoindre cette Église", a pour sa part invité le jeune chef de la nouvelle Église, la métropolite Iepifani, après son élection.
Ce jeune ecclésiastique de 39 ans, jusqu'alors peu connu du public, est considéré comme un proche du Patriarche de Kiev, Filaret, excommunié par Moscou avant d'être réhabilité en octobre par le Patriarcat de Constantinople, qui fait office de figure d'autorité dans le monde orthodoxe.
Elu lors d'un vote à deux tours, Mgr Iepifani doit encore recevoir le 6 janvier du Patriarcat de Constantinople un décret officiel confirmant le statut indépendant de son Église.
Colère de Moscou
L'Église orthodoxe russe a pour sa part assuré que la décision du concile "ne représente absolument rien", dénonçant sa tenue comme "non-canonique".
Ce "concile de réunification" visait à mettre en application la décision historique de Constantinople qui a donné l'autorisation en octobre à l'Ukraine de disposer de sa propre Église.
La décision de Constantinople a suscité l'ire de l'Église russe, qui a dénoncé un "schisme" et rompu ses liens avec Constantinople.
Des manifestants à Kiev devant la cathédrale Sainte-Sophie avant l'ouverture d'un concile historique pour créer une Église ukrainienne indépendante, le 15 décembre 2018. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
La création d'une Église indépendante constitue une nouvelle épisode d'un divorce politique, culturel et social entre Kiev et Moscou intervenant à la cinquième année d'une crise sans précédent entre ceux ex-républiques soviétiques.
Cette crise a commencé en 2014 avec l'arrivée au pouvoir à Kiev de nouvelles autorités pro-occidentales, suivie un mois plus tard par l'annexion par la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée, puis par l'éclatement d'un sanglant conflit dans l'est séparatiste prorusse du pays, qui a fait plus de 10.000 morts.
Fin novembre, la situation s'est encore dégradée d'un cran lorsque la Russie a intercepté manu militari trois navires de guerre ukrainiens au large de la Crimée, première confrontation militaire ouverte entre les deux voisins.
La branche fidèle à la Russie accuse Kiev de faire pression sur son clergé et ses fidèles pour les forcer à se rallier à la nouvelle formation, alors que la police a récemment perquisitionné plusieurs églises du Patriarcat de Moscou.
Les autorités ukrainiennes assurent pour leur part que chaque paroisse sera libre de choisir de rejoindre ou non la nouvelle Église.
"Je garantis que le pouvoir respectera le choix de ceux qui décideront de rester" fidèles au Patriarcat de Moscou et "protégera" ceux qui décideront de l'abandonner, a réitéré samedi M. Porochenko, qui a fait de l'indépendance religieuse de l'Ukraine l'un des éléments clé de sa campagne électorale pour la présidentielle du 31 mars prochain.