>>Erdogan attendu à Bruxelles, l'UE envisage d'accueillir 1.500 enfants migrants
>>Ankara ordonne à ses garde-côtes de stopper les migrants en mer Egée
Le président du Conseil européen Charles Michel (centre) avec la présidente de la Commission Ursula von der Leyen (droite) accueillent le président turc Tayyip Erdogan (gauche) à Bruxelles, le 9 mars. |
Une certaine tension était visible après la discussion, Recep Tayyip Erdogan ayant notamment choisi de se rendre directement à l'aéroport plutôt que de tenir une conférence de presse avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et celui du Conseil européen, Charles Michel.
"Il est clair que nous avons nos désaccords, mais nous nous sommes parlé franchement (...) C'était une bonne conversation", a affirmé Mme von der Leyen.
Charles Michel a lui appelé la Turquie à "respecter les engagements" issus de l'accord UE - Turquie de mars 2016, qui prévoit que les migrants restent en Turquie, en échange d'une aide financière européenne.
Or, le dirigeant turc, qui demande plus de soutien face à la situation en Syrie, a décidé d'ouvrir ses frontières au passage des migrants et des réfugiés pour faire pression sur les pays européens.
Des milliers de migrants, qui tentent de rejoindre l'Union, sont depuis regroupés à la frontière gréco-turque.
Le président turc, qui avait dit à son arrivée à Bruxelles vouloir "porter les relations entre l'Europe et la Turquie à un niveau bien plus fort", ne s'est pas exprimé après cette rencontre.
"Soutien concret"
M. Erdogan et les deux dirigeants européens ont chargé le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, et son homologue turc, Mevlut Cavusoglu, "de clarifier la mise en oeuvre de l'accord" UE - Turquie "pour être certain" que les deux parties en ont "la même interprétation", a expliqué M. Michel.
"Il est bon que les lignes de communication avec la Turquie restent ouvertes et actives", a pour sa part insisté Mme von der Leyen, pour qui l'accord de 2016 est "toujours en vigueur".
Des tentes de migrants près d'un terminal de bus, le 8 mars à Edirne, en Turquie. |
Ankara juge cependant insuffisante l'aide octroyée pour la prise en charge de quatre millions de migrants et de réfugiés, principalement Syriens, qu'elle accueille depuis des années.
Sur 6 milliards d'euros d'aide prévue, 4,7 milliards ont été engagés dont 3,2 milliards ont déjà été décaissés, selon la Commission européenne.
M. Erdogan s'était, avant cette rencontre, entretenu avec le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, à qui il a demandé davantage d'aide dans le conflit en Syrie et face aux millions de réfugiés engendrés par les combats.
"L'OTAN est dans un processus critique dans lequel elle doit clairement montrer sa solidarité", avait déclaré M. Erdogan, lors d'une conférence de presse
Ce "soutien concret" doit se manifester "sans discrimination" et sans "conditions politiques", a-t-il ajouté.
Le Turc a par ailleurs tenu des propos sévères à l'égard du gouvernement grec du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, qui a reçu 700 millions d'euros de Bruxelles pour sécuriser ses frontières et faire face aux nouveaux arrivants. "Il est irrationnel et inconsidéré qu'un allié et un pays voisin désignent la Turquie comme responsable de l'immigration illégale", a-t-il déclaré.
"Irrationnel"
De son côté, M. Stoltenberg a rendu hommage à la Turquie, notant qu'"aucun autre allié n'a autant souffert des attaques terroristes" et "ne détient autant de réfugiés".
Assurant Ankara du soutien de l'OTAN, il a aussi exprimé sa "grande préoccupation" sur les événements à la frontière gréco-turque.
Après la crise de 2015-2016 pour laquelle l'UE avait mis en place des solutions temporaires de relocalisation des migrants, la réforme des règles sur l'asile en Europe a calé.
Mme von der Leyen a indiqué lundi 9 mars que la Commission allait publier une nouvelle proposition "juste après Pâques". Depuis Berlin, le gouvernement allemand a annoncé qu'une coalition de pays "volontaires" (dont, outre l'Allemagne, la France, le Portugal, le Luxembourg et la Finlande) de l'UE envisage de prendre en charge jusqu'à 1.500 enfants migrants bloqués sur les îles grecques.
L'offensive du gouvernant syrien, appuyée par Moscou, contre la province d'Idleb (Nord-Ouest), dernier bastion opposant en Syrie, a provoqué une catastrophe humanitaire, avec près d'un million de personnes déplacées.
Plus de 1.700 d'entre eux sont arrivés sur les îles grecques, venant s'ajouter aux 38.000 déjà présents qui surpeuplent les camps de réfugiés.
AFP/VNA/CVN