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La Première ministre britannique Theresa May avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, entourés de leaders européens à Bruxelles, le 22 mars. |
"Les dirigeants de l'UE se sont entendus pour considérer, avec le gouvernement britannique, que la Russie est très probablement derrière l'attaque de Salisbury et qu'il n'y a pas d'autre explication possible", a annoncé jeudi soir 22 mars le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, dans un message sur son compte Twitter, lors de la première journée d'un sommet européen.
Dans la foulée, l'UE a décidé de rappeler son ambassadeur en Russie pour "consultations", a annoncé le Premier ministre néerlandais Mark Rutte. La Première ministre britannique Theresa May a pu compter sur l'engagement du président français Emmanuel Macron et de la chancelière allemande Angela Merkel. Les trois dirigeants se sont entretenus pendant une vingtaine de minutes avant le dîner.
"L'incident de Salisbury s'inscrit dans le cadre des attaques menées par la Russie contre l'Europe", a déclaré Mme May à son arrivée à Bruxelles. "La menace russe ne respecte pas les frontières", a-t-elle affirmé. L'objectif des trois dirigeants était de durcir le projet de déclaration des 28, qui stipulait seulement que "les États membres prennent très au sérieux l'évaluation du gouvernement britannique selon laquelle il est très probable que la Fédération de Russie est responsable".
Solidarité sans faille
Cette condamnation - dans laquelle les 28 déclarent que l'implication de la Russie est la "seule explication plausible" pour l'attaque chimique de Salisbury - permet aux dirigeants de l'UE d'afficher une solidarité sans faille avec le Royaume-Uni et d'adresser un message fort et dissuasif à la Russie. La condamnation des Européens est un moyen de faire comprendre à Moscou qu'une telle opération - le recours présumé à un agent neurotoxique de fabrication militaire - ne restera pas impunie, a expliqué un responsable européen.
Au delà du rappel du représentant de l'UE à Moscou, certains dirigeants européens envisagent d'expulser des diplomates russes ou de rappeler leur ambassadeur, a précisé un responsable européen. La présidente lituanienne Daria Grybauskaité a ainsi publiquement dit réfléchir à une telle expulsion. La France s'est également déclarée prête à "de possibles mesures, décidées sur base nationale, en concertation avec d’autres pays européens", selon l'Élysée.
Dates clés de l'affaire Skripal. |
"Nous sommes déterminés par la parole, et le cas échéant par de nouvelles mesures, à réagir de manière unie", a pour sa part commenté Angela Merkel. "Nous attendons une évaluation des données transmises par les Britanniques à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC)", a précisé la chancelière allemande.
Londres a expulsé 23 diplomates russes, présentés comme des agents du renseignement "non déclarés", pour sanctionner Moscou, et a annoncé qu'aucun membre du gouvernement ne se rendrait en Russie pour suivre les rencontres de la coupe du monde de football en juin et juillet. La Russie a répliqué par l'annonce de l'expulsion d'un nombre équivalent de diplomates britanniques et de la cessation des activités du British Council en Russie.
À Moscou, le président Vladimir Poutine a réuni jeudi 22 mars le Conseil de sécurité russe au sein duquel siègent le Premier ministre Dmitri Medvedev et tous les responsables de la sécurité, pour "un échange de points de vue sur la politique inamicale et provocatrice de la Grande-Bretagne à l'égard de la Russie", a indiqué le Kremlin.
Prélèvements de sang
Les dirigeants européens n'ont pas discuté jeudi 22 mars de nouvelles sanctions contre Moscou. Mais cette position pourrait changer d'ici à la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE le 16 avril à Luxembourg si de nouveaux éléments permettant d'impliquer la Russie sont apportés. Un juge britannique a annoncé jeudi 22 mars avoir autorisé des prélèvements de sang sur l'ex-espion russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia pour les transmettre aux experts de l'OIAC.
Ils pourront ainsi procéder à leurs propres analyses de la substance utilisée au moment de l'empoisonnement et d'indiquer s'il s'agit d'un agent neurotoxique de la famille "Novitchok", comme le soutient le gouvernement britannique. Skripal et sa fille sont hospitalisés "dans un état critique mais stable". Un policier britannique contaminé en leur portant assistance est en revanche sorti jeudi 22 mars de l'hôpital.
Theresa May a décidé de rester à Bruxelles pour participer vendredi matin 23 mars à la suite des discussions sur le commerce et les taxes américaines. Elle quittera ensuite le sommet, laissant ses homologues s'entretenir à 27 sur la future relation post-Brexit avec le Royaume-Uni. Le sommet se terminera en format encore plus réduit, par un débat entre les 19 pays membres de la zone euro sur l'avenir de l'Union économique et monétaire (UEM).
AFP/VNA/CVN