L'ouverture des noms de domaine sur Internet critiquée au Congrès américain

L'ouverture des noms de domaine sur Internet, décidée en juin par l'organisme indépendant Icann, a été très critiquée par des experts la semaine dernière au Congrès américain, au lendemain de l'avertissement d'un responsable de l'administration pour qui elle pourrait s'avérer désastreuse.

Cette ouverture, qui permettra à ce que des adresses Internet se terminent autrement qu'avec les suffixes .com, .org, .gouv ou des lettres signalant divers pays (.fr, .be, etc.), autorisera des entreprises de demander des noms de domaines pour des adresses qui se termineraient par exemple en .apple, .toyota ou .bmw.

Pour Esther Dyson, ancienne présidente de l'Icann, c'est une innovation inutile qui risque de déboucher sur "une profusion de noms de domaines" ne pouvant qu'apporter de la confusion. "Toute cette idée est malavisée", a-t-elle dit, "j'espère que l'Icann va revenir dessus".

Daniel Jaffe, responsable de l'Association nationale des annonceurs, a jugé le projet "fondamentalement vicié" : "les entreprises vont devoir acheter leur propre nom pour se protéger", a-t-il assuré : "même pour les grosses entreprises ça coûtera très cher".

Pour Angela Williams, directrice juridique de la fédération d'associations sportives YMCA, "le nouveau programme remet en cause le fonctionnement d'Internet en augmentant le risque de fraude, de +cybersquatting+, et d'usurpation de marque, et en relevant de façon important le coût à payer pour se protéger de ces infractions". "Rien que le coût de tout le processus de demande d'un nom de domaine pourrait atteindre des centaines de milliers de dollars", a-t-elle affirmé, ce qui serait particulièrement dommageable pour des organismes à but non lucratif comme la YMCA.

L'Icann a indiqué qu'il en coûterait 185.000 dollars pour demander un nouveau suffixe. Le 7 décembre, le président de la Commission fédérale du commerce (FTC), Jon Leibowitz, s'était dit "très très inquiet du fait que l'ouverture de ces nouveaux (noms de domaine) ait le potentiel de tourner au désastre pour les consommateurs et les entreprises".

"Nous y voyons un énorme coût pour les consommateurs et les entreprises, et pas beaucoup d'avantages", avait-il dit. Le vice-président de l'Icann, Kurt Pritz, a affirmé prendre toutes ces critiques "très très au sérieux", mais il a défendu la décision prise, résultat d'une consultation de six ans et conçue pour "bénéficier à des milliards d'internautes avec plus de concurrence, de choix et d'innovation".

AFP/VNA/CVN

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