Climat : "L'avenir de la planète est en jeu", lance Ban Ki-moon à Durban

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a lancé une mise en garde le 6 décembre à Durban, en Afrique du Sud, face au réchauffement climatique qui met "l'avenir de la planète en jeu", appelant à donner une suite au protocole de Kyoto, "une fondation sur laquelle bâtir".

"Sans exagération, nous pouvons dire : l'avenir de notre planète est en jeu", a déclaré M. Ban devant les représentants de plus de 190 pays réunis depuis dix jours et jusqu'à aujourd'hui pour trouver les moyens de faire chuter les émissions mondiales de gaz à effet de serre afin de limiter la hausse de la température de la planète à +2°C.

Soulignant la "gravité du moment", M. Ban a reconnu qu'il ne fallait pas à s'attendre à des percées spectaculaires à Durban, en raison notamment de la crise économique, mais insisté sur l'importance du protocole de Kyoto, seul outil juridiquement contraignant sur les émissions de gaz à effet de serre dont l'avenir incertain est au cœur des débats à Durban. "Je vous demande de considérer avec attention une deuxième période d'engagement du protocole de Kyoto", provoquant une vague d'applaudissements nourris. "Si Kyoto tout seul ne résoudra pas le problème du climat, il constitue une fondation sur laquelle bâtir", a-t-il ajouté alors que, à l'extérieur de la séance plénière, ont fleuri des messages "I love KP" ("KP" pour protocole de Kyoto), imprimés sur des autocollants ou sur les T-shirts de certains militants.

Entré en vigueur en 2005, Kyoto impose à l'ensemble des grands pays industrialisés -à l'exception notable des États-Unis qui ne l'ont pas ratifié- des réductions d'émissions de leur gaz à effet de serre, au premier rang desquels le CO2 lié à la consommation d'énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon).

"Feuille de route" européenne

Le Japon, la Russie et le Canada ne sont pas favorables à un nouvel engagement à l'issue de la première période qui s'achève fin 2012.

Les pays en développement tiennent fortement à une nouvelle période au nom, notamment, de la responsabilité "historique" des pays industrialisés dans l'accumulation de CO2 dans l'atmosphère.

L'Union européenne elle, est prête à s'engager, mais insiste pour que soit dans le même temps établi le calendrier d'un nouveau traité, qui engloberait tout le monde et entrerait en vigueur à l'horizon 2020. "On entend certains dire que nous n'avons pas besoin de prendre des décisions sur le futur ici à Durban (...) que nous devrions passer plus d'années à réfléchir", a lancé la commissaire européenne en charge du climat Connie Hedegaard. "L'Europe pense que le monde a eu assez de temps pour réfléchir".

La Chine avait, depuis quelques jours, laissé entendre qu'elle pourrait adhérer à cette piste, faisant naître l'espoir d'une nouvelle dynamique avec les États-Unis, autre acteur central de la diplomatie climat. Les deux pays sont les deux principaux émetteurs de gaz à effet de serre de la planète. Mais le représentant américain pour le climat, Todd Stern, a douché ces espoirs le 6 décembre. "Je n'ai pas le sentiment qu'il y a eu un quelconque changement dans la position chinoise concernant un accord juridiquement contraignant", a-t-il déclaré devant la presse.

L'Inde a également pris ses distances vis-à-vis de la "feuille de route" proposée par l'Europe.

Une dizaine de chefs d'État et près de 130 ministres sont attendus aujourd'hui à Durban, où le centre de conférences s'est largement animé avec l'ouverture de la séquence ministérielle.

Une séquence ouverte le 6 décembre par le président sud-africain Jacob Zuma, son homologue du Gabon, Ali Bongo Ondimba, le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi ou encore le Prince Albert II de Monaco, qui a martelé à la tribune qu'il n'y avait "aucune excuse à l'inaction".

AFP/VNA/CVN

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