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Le Français Tony Yoka après sa victoire sur le Belge Joel Tambwe Djeko à Nantes, le 5 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Souvent raillé pour la piètre qualité de ses adversaires, le médaillé d'or olympique de Rio-2016 ne va pas forcément améliorer son image en se frottant au Croate de 26 ans qui n'est plus apparu sur un ring depuis près de deux ans. Le Français, invaincu en 10 combats et désormais situé aux alentours de la 15e place mondiale, bout d'impatience et rêve de défier un combattant du Top 10 mais il se heurte pour l'instant aux dures réalités du "boxing business".
Encore trop juste pour une chance mondiale, son obsession depuis ses débuts professionnels en 2017, Yoka constitue une trop grande menace pour les boxeurs classés juste au-dessus de lui. Une équation difficile à résoudre et qui complique la recherche d'opposants de qualité. Ce qui donne aux yeux du grand public l'impression d'une carrière peinant à décoller.
"Quand tu arrives vers le haut du +ranking+, ça bouche un petit peu", explique le Français (29 ans), qui s'est préparé comme d'habitude en Californie sous les ordres de Virgil Hunter. "Cela fait quelque temps que je dis que je suis prêt. J'attends ma chance et qu'on me laisse boxer face à un nom, pour que je montre que je peux le battre. Mon promoteur et mon manageur essayent de me calmer un petit peu, mais je suis fatigué de me battre contre des gars qui sont derrière moi. Je veux du haut niveau. Joe Joyce, Joseph Parker, Dillian White, Dereck Chisora : n'importe qui, on prend."
Ces derniers mois, Yoka n'a pas hésité à interpeller Joe Joyce sur les réseaux sociaux, proposant une revanche à celui qu'il avait dominé en finale olympique, devenu depuis l'un des principaux "prospects" chez les lourds. Des négociations ont été entamées entre les deux parties mais l'Anglais a finalement préféré ne pas prendre trop de risques face au vétéran franco-camerounais Carlos Takam (40 ans), vaincu au 6e round par arrêt de l'arbitre le 24 juillet à Wembley.
"Réalité économique"
"C'est très compliqué de trouver des adversaires pour Tony Yoka", indique son promoteur Jérôme Abiteboul. "Quand vous devez affronter le champion olympique, les prétentions salariales ne sont souvent pas réalistes et, dans le haut du tableau, les boxeurs ne souhaitent le combattre que pour un titre. Dans le Top 20 mondial, il y a aussi beaucoup d'Anglais et d'Américains et les droits télés dans ces pays sont dix fois plus importants que chez nous. On est donc aussi confrontés à une réalité économique."
Le Français Tony Yoka délivre un " jab " au Belge Joel Tambwe Djeko lors de la finale EBU de boxe des lourds européenne à Nantes, le 5 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Selon lui, l'objectif est tout de même de monter en gamme en 2022 et "de boxer la crème du Top 15".
"On est dans le plan de carrière qui était le nôtre depuis le départ, c'est-à-dire de monter une marche à chaque fois sans se brûler les ailes et sans vouloir aller trop vite parce que ça ne sert à rien", détaille Abiteboul. "Le public voudrait le voir boxer contre Anthony Joshua et Tyson Fury mais ce n'est pas aussi simple que ça. La prochaine étape devrait être un titre EBU (Championnat d'Europe, ndlr) d'ici deux combats, et on espère un Championnat du monde à son 14e ou 15e combat."
À défaut d'un duel de prestige, le clan Yoka a tout de même réussi à s'offrir un écrin incomparable avec le stade de Roland-Garros, temple du tennis français qui a vu passer plusieurs grands noms de la boxe entre 1931 et 1974 (Marcel Cerdan, Carlos Monzon, Jean-Claude Bouttier) et où plus de 8.000 spectateurs sont attendus.
La "fight card" de la soirée aura de l'allure avec le retour au pays de Souleymane Cissokho, médaillé de bronze à Rio et invaincu en 13 sorties. Il mettra en jeu sa ceinture intercontinentale WBA des super-welters contre le Russe Ismail Iliev. Un Championnat d'Europe des mi-lourds opposera aussi Mathieu Bauderlique (20 victoires, 1 défaite), 3e des JO-2016, au Russe Igor Mikhalkin.