>>L'OPEP et ses alliés envisagent une baisse de 19,5 millions de barils par jour
>>Les pays exportateurs de pétrole s'accordent sur une baisse "historique" de la production
Une raffinerie pétrolière. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Selon les prévisions dévoilées dans son rapport mensuel, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) attend une consommation mondiale atteignant cette année 92,82 millions de barils par jour (mbj), soit une baisse "sans précédent" d'environ 6,85 mbj par rapport à 2019 (-6,87%).
L'Agence internationale de l'énergie (AIE), basée à Paris, avait déjà indiqué mercredi 15 avril prévoir un plongeon "historique" de la demande de brut, tablant pour sa part sur une consommation mondiale de 90,6 mbj sur l'année.
Il s'agira du premier recul annuel de la consommation pétrolière mondiale depuis 2009 et la crise financière.
"La pandémie de COVID-19 affecte désormais la demande pétrolière de nombreux pays et régions, avec un impact sans précédent sur les besoins, notamment en carburants pour les transports", alors que les flottes des compagnies aériennes restent clouées au sol et que les mesures de confinement de par le globe paralysent les déplacements, relève l'OPEP.
Dans ce contexte, la demande mondiale de brut devrait dégringoler de 12 millions de barils par jour au deuxième trimestre par rapport à l'an dernier, avant une reprise timide - avec un repli attendu de 6 mbj au troisième trimestre et d'environ 3,5 mbj sur les trois derniers mois de l'année - prévoit l'organisation.
Logiquement, les cours du baril ont dévissé : "le marché du pétrole subit en ce moment un choc historique qui est brutal, extrême, et d'une ampleur mondiale", s'alarme le cartel, dont le siège se trouve à Vienne.
Pour tenter d'enrayer la dégringolade des prix, l'OPEP et ses principaux partenaires se sont accordés dimanche sur une baisse de 9,7 millions de barils par jour en mai et juin, tandis que les pays du G20 ont promis une coopération accrue.
Sous pression face aux prix bas et à l'engorgement des infrastructures, l'ensemble des pays producteurs devraient se voir contraints de sabrer leur offre : selon les prévisions du cartel, les pays non-OPEP réduiront leur production de 1,5 mbj sur l'ensemble de 2020.
Le coup est rude pour le secteur, déjà fragilisé, de la raffinerie : "La saison basse traditionnelle pour les raffineries, à la fin du premier trimestre chaque année, se trouve exacerbée", avertit l'organisation.
"Le plongeon de la consommation pourrait pousser davantage de raffineurs à réduire, ou même stopper, leurs opérations, faute d'environnement économique favorable, de capacités de stockage disponibles ou même d'employés disponibles", s'inquiète le rapport, tandis que leurs marges s'aventurent déjà en territoire négatif.
En particulier, "les raffineries européennes sont sous pression face à la surabondance d'essence et de diesel sur le marché, suite au repli des importations d'Afrique occidentale et d'Amérique latine, et en raison de la concurrence plus féroce des raffineurs américains", détaille-t-il.
Rare secteur à enregistrer "une dynamique positive" dans ce rapport cataclysmique : "Le bond soudain des exportations de brut en mars a dopé la demande" pour les tankers, gonflant nettement leurs prix, explique l'OPEP.
"Le besoin de trouver des localisations pour stocker la production excédentaire a soutenu le marché" du fret pétrolier, explique-t-elle, mais l'appétit accru pour les services de fret, y compris pour les possibilités de "stockage flottant", ne fait que "souligner le gonflement de la surabondance de brut et de produits" dans le monde.