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Kimmo Kartano récupère sa livraison de l'épicerie Broad Branch Market transportée par un robot, le 9 avril à Washington. |
Le petit engin à l'allure de glacière détale dans les rues de Washington. Il s'arrête à un trottoir le temps de laisser passer une voiture... et reprend son chemin jusqu'au domicile de la famille Williams, trois pâtés de maison plus loin. Il est accueilli et déverrouillé par Jake Williams, 39 ans, qui en sort des sacs de fruits, une miche de pain et des pizzas.
"On ne peut plus aller dans les magasins", explique Jake Williams pour expliquer cette scène un peu futuriste. "Et c'est amusant pour elle", confie-t-il en pointant Emilia, sa fille de 3 ans. Face à des consommateurs soucieux de rester chez eux et au danger d'exposer des livreurs au coronavirus, l'entreprise Starship Technologies, basée à San Francisco, a vu la demande pour ses robots-livreurs augmenter dans des dizaines de villes dans le monde.
L'entreprise, créée par deux fondateurs de Skype, a commencé à travailler avec Broad Branch Market en avril, pour subvenir aux besoins de la boutique, trop exiguë pour appliquer correctement les mesures de distanciation sociale imposées par les autorités locales. Chaque jour, un va-et-vient de dix robots assure la moitié des livraisons de l'épicerie, explique sa gérante Tracy Stannard. "C'est mignon de les voir déambuler dans le quartier, et ça fait plaisir aux gens", se réjouit-elle.
Sécurité
Les livraisons de robots de Starship et d'autres entreprises du secteur ne répondent qu'à une infime partie des livraisons de nourriture, mais mettent en lumière un besoin à une époque de distanciation sociale et de craintes de propagation de pandémie.
Plus de 40 employés d'épiceries aux États-Unis sont morts du virus, selon un comptage du Washington Post. Et partout dans le pays, des livreurs ont organisé des manifestations pour exiger de meilleures conditions de sécurité. "La demande pour des livraisons sans contact a augmenté de façon exponentielle ces dernières semaines", confirme Ryan Tuohy, vice-président de Starship.
Un robot de livraison Postmate dans une rue de Los Angeles, le 24 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ses engins se déplacent à une vitesse moyenne de six kilomètres par heure et peuvent transporter environ trois sacs de courses. Une poignée d'autres entreprises ont sauté sur l'affaire. Avec son robot autonome R2, qui va jusqu'à 40 kilomètres à l'heure et peut transporter quelque 190 kilos, la start-up Nuro a récemment commencé à livrer des produits alimentaires dans la région de Houston en partenariat avec le géant de l'alimentation Kroger. L'entreprise de la Silicon Valley a aussi reçu l'autorisation d'opérer sur les routes californiennes.
"Un déplacement de moins"
"Nous n'avions pas prévu que notre service contribuerait à protéger les Américains de la contagion. Mais la pandémie de COVID-19 a accéléré le besoin du public en services de livraison sans contact", estime David Estrada, de Nuro, dans un billet de blog. Des robots autonomes similaires sont testés par Amazon, qui explore également la livraison par drone, engin pour lequel l'intérêt grandit également.
Wing, la start-up de drones créée par Alphabet (la maison-mère de Google) qui teste la livraison de médicaments sans ordonnance en Virginie, a vu sa demande bondir, selon un porte-parole de l'entreprise. "Nous espérons que cela permette ne serait-ce qu'un déplacement de moins vers un magasin", dit James Ryan Burgess. Mais la livraison par drone est encore soumise à de nombreuses règlementations, notamment des autorités américaines.
Zipline, une start-up californienne qui livre du matériel médical par drone en Afrique, a indiqué dans un tweet qu'elle souhaitait offrir des services similaires aux États-Unis une fois qu'elle en aurait obtenu l'autorisation. "En tant qu'entreprise américaine en temps de crise, nous voulons aussi aider notre pays", a-t-elle fait valoir.
AFP/VNA/CVN