>>Au moins 32 personnes tuées dans un triple attentat-suicide à l'aéroport Atatürk d'Istanbul
La mère d'une victime du triple attentat qui a frappé l'aéroport international Atatürk d'Istanbul, le 29 juin dans la mégapole turque. |
Ces attaques coordonnées, qui ont fait 239 blessés, sont les plus meurtrières dans la première grande métropole de Turquie, déjà visée trois fois cette année par des jihadistes ou des Kurdes, et surviennent avant une période de vacances. Une journée de deuil national a été décrétée ce mercredi 29 juin.
Au lendemain de l'attentat de mardi soir 28 juin, aucune information n'a été fournie sur les kamikazes dont le gouverneur d'Istanbul avait indiqué dans la nuit qu'ils étaient trois.
Le gouvernorat a annoncé que 13 ressortissants étrangers figuraient parmi les 41 morts et que 130 blessés étaient toujours hospitalisés. Parmi les 13 étrangers tués, figurent plusieurs Saoudiens, deux Irakiens, un Tunisien, un Ouzbek, un Chinois, un Iranien, un Ukrainien et un Jordanien, selon un responsable turc.
Venu d'Ankara dans la nuit, le Premier ministre Binali Yildirim avait estimé que "les indices point(ai)ent Daech", acronyme arabe de l'EI, face à laquelle la Turquie, initialement accusé de bienveillance, a dû changer de pied, adoptant une approche plus musclée.
Cérémonie funèbre à Istanbul, le 29 juin après un triple attentat-suicide dans l'aéroport. |
L'attentat n'a toujours pas été revendiqué. L'EI n'a jusqu'ici jamais revendiqué les attaques que Ankara lui a attribuées sur le sol turc.
Il s'agit d'une attaque "touchant la Turquie en son cœur", a estimé Soner Cagaptay, analyste pour la Turquie au Washington Institute, ajoutant que si l'"EI était effectivement derrière cet attentat, cela serait une déclaration de guerre" et "la vengeance de la Turquie s'abattra sur l'EI".
Mardi soir 28 juin vers 22h00 (19h00 GMT), des explosions ont d'abord eu lieu à l'entrée du terminal des vols internationaux. Trois assaillants ont mitraillé des passagers ainsi que des policiers en faction, une fusillade a éclaté puis les kamikazes se sont fait sauter.
Le mode opératoire rappelle les attentats jihadistes ayant ensanglanté Paris en novembre 2015 (130 morts) et Bruxelles (32 morts dans le métro et à l'aéroport) en mars dernier.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a rapidement exhorté la communauté internationale à une "lutte commune" contre le terrorisme. "Cette attaque, qui s'est déroulée pendant le mois du ramadan, montre que le terrorisme frappe sans considération de foi ni de valeurs", a dit le chef de l'État.
La présidence a indiqué que le président Barack Obama avait téléphoné à son homologue turc pour "condamner fermement les attentats d'Istanbul".
Des scènes de détresse se sont déroulées devant l'hôpital de Bakirkoy proche de l'aéroport, submergé par des proches cherchant à avoir des nouvelles. Des femmes ont été vues en pleurs devant une morgue.
Rebelles kurdes ou jihadistes
Tous les vols ont été suspendus quelques heures au départ d'Atatürk, le plus grand de Turquie et le 11e dans le monde, avec ses 60 millions de passagers en 2015.
Puis le trafic aérien a pu reprendre et une partie des dégâts ont été réparés très rapidement. Mercredi 29 juin, l'enregistrement des passagers n'était quasiment pas perturbé.
Enquêteurs et experts à l'aéroport Ataturk visé par un triple attentat suicide le 28 juin à Istanbul. |
Istanbul et Ankara ont été secouées depuis l'an dernier par une série d'attentats qui ont fait quelque 200 morts et créé un climat de forte insécurité.
Istanbul avait déjà été visée en janvier (12 touristes allemands tués, attaque imputée à l'EI), en mars (4 touristes tués - trois Israéliens et un Iranien - attribuée aussi à l'EI) et début juin (11 morts dont six policiers, attentat revendiqué par les combattants kurdes).
Les attentats en Turquie ont visé des lieux touristiques emblématiques, provoquant une chute immédiate du tourisme, ou les forces de sécurité turques. Ils ont été attribués soit à l'EI ou aux rebelles kurdes, notamment aux TAK, une émanation du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).