S'adressant au Conseil exécutif de l'agence onusienne réuni cette semaine à Genève, Margaret Chan a relevé que bien que la fin de la pandémie grippale de A/H1N1 ait été déclarée en août, le virus continuait de circuler cet hiver, se comportant désormais comme une souche saisonnière.
Toutefois, "certains pays (dans l'hémisphère Nord) continuent de voir des cas graves d'affections de A/H1N1 dans des groupes d'âge comparativement jeunes", a-t-elle relevé. "Dans certains cas, persuader le public de se faire vacciner est devenu encore plus problématique que durant la pandémie", a ajouté Mme Chan.
Plus généralement, "il va probablement falloir accepter que la perception du public sur la sécurité des vaccins a pu être définitivement altérée par des craintes infondées, au point qu'aucune preuve ne pourra changer leur opinion", s'est alarmée la directrice de l'OMS. "Il s'agit d'une nouvelle tendance préoccupante dont il va falloir s'occuper", a-t-elle prévenu.
Alertés par l'OMS sur l'arrivée d'un virus inédit d'origine porcine, aviaire et humaine au printemps 2009, nombre de pays ont lancé des commandes faramineuses de vaccins pour faire face à la première pandémie du siècle. Mais après quelques mois de panique, les populations ont largement boudé le vaccin, soupçonné d'avoir été fait "à la va-vite" et d'avoir des effets secondaires dangereux tandis que le virus se montrait moins dévastateur que craint.
L'OMS a été largement mise en cause dans sa gestion de la pandémie sur laquelle elle a commandé un rapport qui doit être publié lors de sa prochaine Assemblée annuelle en mai.
Au-delà de la question de la grippe, Mme Chan a regretté que cette défiance s'étende à d'autres maladies, accentuant un mouvement de scepticisme déjà naissant avant le A/H1N1. "Selon un rapport sur les immunisations, le problème de la défiance du public va bien au-delà des vaccins contre la grippe", a-t-elle encore expliqué.
Selon une étude de l'OMS parue en 2009, le taux de vaccination incomplète des enfants s'élève à 44% dans le monde. Alors que les pays pauvres sont confrontés à un accès insuffisant aux vaccins et à des prix trop élevés, les pays riches ont vu certaines maladies ressurgir comme la rougeole en raison du scepticisme des parents.
AFP/VNA/CVN