L'OIT veut une nouvelle ère de justice sociale

L'Organisation internationale du travail doit devenir le chef de file de ceux qui appellent à plus de justice sociale et des changements profonds dans la mondialisation, a exhorté le 1er juin le directeur du secrétariat de l'OIT, Juan Somavia en ouvrant la 100e Assemblée de l'institution.

"De la place Tahrir à la Puerta del Sol, dans les rues et places de nombreux pays, nous sommes témoins de la naissance d'un mouvement social et populaire mené par la jeunesse, qui peut changer le monde" , a expliqué M. Somavia.

Ces jeunes sont "les porte-parole des 3,5 milliards de personnes silencieuses" dont les revenus sont équivalents à ceux des 61 millions de personnes les plus riches du monde, a-t-il poursuivi devant les milliers de délégués réunis à Genève jusqu'au 17 juin.

Pour M. Somavia, ils expriment une revendication connue dans la plus vieille institution de l'ONU, avoir une chance de trouver un travail décent. Leurs espoirs "doivent être au cœur de notre action. Telle est l'essence de ce que nous devons trouver durant cette session" , a-t-il estimé.

Ces espoirs appellent toutefois des modifications profondes du modèle actuel de croissance, qui selon l'OIT a montré son inefficacité en creusant sans cesse les inégalités, conduisant également à des niveaux de chômage record depuis 2009 avec plus de 200 millions de sans-emploi dans le monde.

"Si nous recommençons comme avant, nous retomberons tôt ou tard dans la crise" , prévient M. Somavia plaidant pour une "croissance efficace sur le plan économique et social" .

Pour cela, "le moteur doit changer", a-t-il martelé, estimant que le tripartisme de l'OIT, composé de représentants des gouvernements, employeurs et travailleurs, "est à même de faire intervenir le changement" .

De plus, les grandes lignes "sociales" défendues depuis de longues années par l'organisation, qui a reçu le prix Nobel de la Paix en 1969, la mettent "aujourd'hui du bon côté de l'histoire" , a-t-il souligné.

"Plus de 90 ans après la naissance de l'organisation (...), nos valeurs et nos politiques sont toujours indispensables pour mettre en place un monde meilleur et plus juste" , explique M. Somavia dans un rapport réclamant "une nouvelle ère de justice sociale" .

Cette nouvelle ère est devenue une "urgence" pour le secrétaire de l'OIT car pendant que le chômage des jeunes explosent, on assiste à "un niveau indécent des revenus concentrés" parmi une toute petite part de la population. "Trop de personnes en ont assez et sont en colère" alors que les politiques "semblent indifférents face à cette génération" .

"N'oublions pas que pendant que nous parlons, il y a un engagement courageux du monde arabe, de la jeunesse qui nous envoie un message très fort... soyons ambitieux, n'ayons pas peur, osons faire en sorte que cet esprit de changement devienne une réalité" , a-t-il exhorté sous les applaudissements des délégués.

La 100e Assemblée de l'organisation créée en 1919 (qui s'est réunie parfois plus qu'une fois par an depuis) doit être selon l'OIT "historique". Elle marque de fait une nouvelle légitimité de l'organisation qui a retrouvé, avec la crise, une place au premier rang des institutions internationales, à commencer par le G20.

Cette nouvelle autorité est illustrée par le panel important d'invités de marque, parmi lesquels la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre russe Vladimir Poutine, attendus les 14 et 15 juin.

L'assemblée pourrait également prendre une décision sans précédent en adoptant une Convention sur les travailleurs domestiques qui sera la première portant sur le monde caché et très vulnérable de l'économie informelle.

AFP/NA/CVN

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