Livres pour enfants : les auteurs vietnamiens aux abonnés absents

À chaque retour des vacances scolaires, les parents ont l’embarras du choix en termes de livres pour enfants. Mais le constat est toujours le même : ce genre est dominé de la tête et des épaules par les œuvres étrangères.

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Les livres pour enfants sont une fenêtre ouverte sur le monde.

Un groupe de parents composé d’enseignants et d’employés du secteur de l’édition ont coopéré pour créer Kid’s Books, une petite maison d'édition spécialisée dans la littérature de jeunesse et pédagogique. Celle-ci a sélectionné la collection Le comportement à adopter avec les enfants du Japonais Minemura Ryoko qui présente des méthodes d’éducation du pays du

Soleil-Levant.

Récemment, un parent de Kid’s Books a découvert la série Apprendre à apprendre d’André Giordan, agrégé de biologie, docteur en biologie et en sciences de l'éducation. Connu pour ses idées novatrices, il est l'auteur de nombreux livres sur l'enseignement et la vulgarisation des sciences. À travers ces ouvrages, les parents peuvent apprendre à leurs enfants des méthodes d’apprentissage qui ont fait leurs preuves. Les premiers livres en vietnamien ont été mis en vente au début de l’été.

Un segment dominé par les livres étrangers

Genre littéraire en pleine expansion, la littérature jeunesse souffre pourtant d’un paradoxe. Destinée aux enfants, elle a besoin de médiateurs adultes pour atteindre son public. Devant l’abondance des livres pour enfants et l’importance cruciale de la lecture, l’adulte est investi d’un rôle délicat : choisir !

Dans les libraires, les parents remarquent immédiatement que les livres étrangers traduits en vietnamien dominent les rayons. Difficile pour les auteurs nationaux de tirer leur épingle du jeu sur ce marché très concurrentiel. Le corollaire est que les enfants vietnamiens ont accès à très peu de publications intrinsèquement proches d’eux, c’est-à-dire inspirées de leur quotidien et de leur monde intérieur - pas fondamentalement différents de ceux d’un petit Français ou d’un petit Américain certes, mais avec des particularités cependant.

Au début de l’année, la Compagnie de livres Dinh Ti a acheté les droits d’auteur de la collection Big Books auprès des Éditions britanniques Usborne. Quinze livres sur les dinosaures, le corps humain, les insectes, les bateaux, les étoiles et planètes…, des sujets qui passionnent les enfants. Vocabulaire riche et diversifié, histoire qui favorise l’éveil au monde, récit intéressant et illustrations de qualité, voilà ce qui permet de reconnaître un bon ouvrage. La Société de la culture Dông A a publié Nhât ky cua bô và bé (Carnet du père et son enfant). L’occasion de partager un moment privilégié avec son enfant.

Des livres étrangers traduits en vietnamien dominent les rayons.

La Maison d’édition Tre (Jeunesse), quant à elle, s’intéresse à la littérature de jeunesse en tant qu’outil pédagogique. Elle a notamment publié la collection Dên tham thành phô cua tôi (Venez visiter ma ville) avec au total 11 livres, la série Hoc ung xu qua ngu ngôn (Apprendre à se comporter via des fables) du Belge Quentin Gréban et la collection Noi sao cho con hiêu (Comment dire pour que nos enfants comprennent ?) de la doctoresse vietnamienne Nguyên Thuy Anh.

La Maison d’édition Kim Dông suit les pas de son homologue Tre avec bien des collections intéressantes comme Hành trinh biên dôi (Processus de changement). À travers cette dernière, les enfants découvrent comment on fait du riz, du papier. Ils peuvent mieux comprendre le travail de leurs parents, de leurs proches avec la collection Nhung nguoi sông quanh em (Les gens vivant autour de nous).

Un genre déconsidéré par les auteurs nationaux

Si l’on fait un tour d’horizon des librairies, on s’aperçoit rapidement que les livres de jeunesse écrits par des auteurs vietnamiens occupent la portion congrue par rapport à ceux traduits. Il y a certes quelques auteurs familiers comme Nguyên Nhât Anh, Phong Diêp, Lê Van Nghia… mais ils sont peu nombreux. Conscientes de cette lacune, certaines maisons d’édition ont cherché à attirer des auteurs nationaux mais avec peu de succès jusqu’à maintenant.

Selon l’écrivain Phan Hôn Nhiên, de la Maison d’édition Kim Dông, «écrire pour les enfants est très exigeant. Il faut des personnes douées, avec de l’expérience et un esprit d’observation très fin. Tout doit être traité de manière légère, humoristique, proche et familière». L'écrivain pour la jeunesse doit, comme tout écrivain, bâtir un univers, construire un monde original, dense et prenant, parfois en n'ayant pour tout matériau que des mots. Il doit propulser le lecteur, non seulement dans un voyage mais dans une aventure, une exploration.

C’est un fait, la littérature de jeunesse est un genre potentiel mais encore peu exploité par les auteurs nationaux, et ce en dépit des besoins croissants.

D’une manière générale, les auteurs vietnamiens n’ont pas beaucoup d’égards pour ce genre littéraire, car ils considèrent qu’il est difficile d’en vivre correctement. Et beaucoup continuent de penser qu'il est plus facile de se faire un nom en écrivant pour les adultes. Espérons que les jeunes auteurs s’inspireront de leurs glorieux prédécesseurs - Tô Hoài, Doàn Gioi, Nguyên Duc... pour n’en citer que quelques-uns parmi les plus connus. Ceux-ci ont en effet réussi à créer des œuvres qui ont accompagné, sans une ride ou presque, des générations d’enfants vietnamiens.


Quelques chiffres

Depuis 2016, la littérature de jeunesse occupe plus de 25% des publications des Éditions Nha Nam. Ce taux atteint 50% chez les Éditions Tre (Jeunesse). La compagnie Dinh Ti, quant à elle, investit fortement cette année dans les livres pour enfants, particulièrement de culture générale.


Texte et photos : Thuy Hà/CVN

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