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Creusement d'un tunnel sur le tracé de la future ligne du TGV Lyon-Turin, le 15 septembre 2008 à Saint-Michel-de-Maurienne, en Savoie. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"J'ai exprimé de forts doutes et ma perplexité sur l'opportunité de cet ouvrage. Je ne suis vraiment pas convaincu qu'il s'agisse d'un projet dont l'Italie a besoin", a déclaré M. Conte lors d'une conférence de presse.
La France a réagi dans la soirée, par la voix de la ministre des Transports Elisabeth Borne, qui a déclaré que France était pour sa part "convaincue de la pertinence de ce projet majeur pour les échanges entre (les) deux pays et pour l'Europe".
"La France réaffirme son attachement au respect des engagements pris et des délais de réalisation", a ajouté la ministre dans un communiqué, en rappelant que le projet Lyon - Turin faisait l'objet "d'un traité bilatéral ratifié en 2017" et bénéficiait d'un financement européen à hauteur de 40%.
Constatant l'incapacité de son gouvernement à trouver un compromis sur un sujet où les deux forces politiques de la majorité sont aux antipodes, Giuseppe Conte a demandé à la France et à l'Union européenne de rediscuter ce projet.
"Notre intention est de discuter avec nos partenaires, la France et l'Union européenne, pour partager avec eux ces doutes que nous avons, ces interrogations sur la pertinence de ce projet, puis nous agirons ensuite" sur la base de ces discussions, a ajouté le chef du gouvernement italien.
"La France a toujours respecté le souhait du gouvernement italien de conduire une réflexion sur ce projet", a répondu Mme Borne, et "se tient naturellement ouverte à une discussion entre partenaires".
Cette liaison ferroviaire entre Lyon et Turin alimente depuis des mois les polémiques au sein de la majorité formée par la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini, favorable à cette ligne à grande vitesse (LGV), et le Mouvement 5 Étoiles (M5S, antisystème) de Luigi Di Maio, farouchement opposé au projet qu'il considère comme un gaspillage d'argent public.
Répartition des coûts
Rome estime que de récentes évaluations, notamment "en matière de volume de trafic sur les rails", imposent de renégocier le projet avec les partenaires "afin de vérifier s'il est toujours pertinent et, si tel est le cas, la possibilité de répartir différemment ses coûts économiques", selon un communiqué de la présidence du Conseil publié à la mi-journée.
Dans l'après-midi, M. Conte a été plus direct: la répartition des coûts entre la France et l'Italie "n'apparaît pas juste à l'heure actuelle" et "c'est un aspect qui doit être approfondi dans de nouvelles discussions", a-t-il dit.
Du côté du M5S, plusieurs élus ont fait monter la pression sur ce dossier en estimant qu'il pourrait entraîner une crise gouvernementale. Un risque que MM. Di Maio et Salvini s'efforcent de conjurer en garantissant que l'exécutif tiendra bon quoi qu'il arrive. M. Conte a d'ailleurs à nouveau balayé cette perspective, affirmant qu'il n'y avait à son avis "pas de risque".