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Mark Zuckerberg lors d'une conférence de presse à Paris, le 23 mai 2018. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
L'idée centrale, c'est de bâtir une plateforme plus unifiée entre les différents services (Facebook, Instagram, Messenger, WhatsApp), plus simple, plus éphémère et donnant la primauté aux messageries privées, par opposition au traditionnel "fil d'actualités".
Ce changement de stratégie, qui prendra des années, doit répondre aux principaux problèmes de Facebook: d'une part, les critiques et scandales incessants autour de sa gestion jugée pour le moins opaque des données personnelles de ses utilisateurs; et d'autre part, un changement d'habitude des internautes, qui préfèrent de plus en plus d'autres modes de communication plus intimes que le "fil d'actualités" Facebook.
Le pari est risqué: des modes de communication moins publics -Facebook promet même de crypter tous les messages privés- privent le groupe d'un accès aux données personnelles, base de son modèle économique. Mais face à un ralentissement de sa croissance, tant financière qu'en nombre d'utilisateurs, Facebook, qui vient de fêter ses 15 ans, est contraint d'améliorer son image et de trouver de nouvelles façons de grandir et de gagner de l'argent.
Le groupe aux 2,3 milliards d'utilisateurs dans le monde semble donc amorcer une inflexion dans son modèle économique, qui ne pourra pas éternellement reposer sur la pub ciblée grâce aux données personnelles. Il compte désormais aussi miser sur les paiements électroniques, les messages échangés avec les entreprises ou le e-commerce.
Équilibrisme
"Quand je pense à l'avenir d'internet, je pense qu'une plateforme de communication centrée sur le +privé+ va devenir encore plus importante que les plateformes ouvertes d'aujourd'hui", estime-t-il dans un long texte exposant, sur sa page Facebook, ses nouveaux principes pour les années à venir.
"Aujourd'hui, nous voyons déjà que les messages privés, les +stories+ éphémères (petits montages texte/vidéo/photo) et les petits groupes sont de loin les formats de communication en ligne qui croissent le plus vite", relève le chef d'entreprise, qui promet de rendre possible les échanges de messages privés entre Instagram Direct, Messenger et WhatsApp.
"Dans quelques années, je m'attends à ce que les futures versions de Messenger et WhatsApp deviennent les moyens principaux de communication sur le réseau Facebook", indique encore le jeune multimilliardaire.
Il s'emploie désespérément depuis des mois à convaincre de sa bonne foi, après avoir promis maintes fois de s'amender. Des promesses régulièrement accueillies avec un certain scepticisme par les utilisateurs, les élus et les régulateurs à travers le monde.
Même "si nous n'avons pas actuellement une bonne réputation quant à notre capacité de construire des services protecteurs de la vie privée (...), nous pouvons évoluer pour construire les services que veulent vraiment les gens", assure Mark Zuckerberg, maniant l'art de la litote.
L'ancien chef de la sécurité du groupe, Alex Stamos, a résumé à quel point le jeune patron était pris dans un dilemme compliqué, le contraignant à un numéro d'équilibrisme pour tenter de concilier des principes parfois contradictoires, tout en y trouvant son intérêt.
"En ce moment, FB se fait pourrir (par les mêmes personnes) à la fois parce qu'il viole l'intimité des gens et parce qu'il ne contrôle pas assez les communications", a-t-il tweeté.
Réputé pour être très critique des géants d'internet, Scott Galloway, professeur à l'université de New York, a simplement tweeté "Pourquoi j'ai l'impression qu'on me ment", avec un lien vers le texte de Mark Zuckerberg.
Emporté dans un flot quasi ininterrompu de polémiques depuis plus de deux ans (fausses informations, contenus haineux, manipulation de la plateforme à des fins politiques, gestion des données personnelles, piratage...), Facebook assure régulièrement avoir appris de ses erreurs et ne cesse de promettre mieux pour l'avenir.
AFP/VNA/CVN