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L'Ircam à Paris le 25 octobre 2012. |
Des journées portes ouvertes, du 2 au 4 juin, marqueront l'anniversaire et le début de son festival Manifeste (jusqu'au 1er juillet), avec notamment un concert géant sur la Piazza du Centre Pompidou noyée dans le brouillard. L'artiste japonaise Fujiko Nakaya, "sculptrice de brouillard", accompagnera les musiciens électroniques installés au deuxième étage du centre avec huit cors des Alpes, au son spectaculaire.
D'autres événements sont prévus, comme l’exposition "L'Œil écoute" du Centre Pompidou qui explore les chemins de traverse entre les oeuvres d'art et la musique. Exemple : le compositeur Erik Satie a inspiré Marcel Duchamp, Brancusi, Braque et Picasso.
"On a titré notre festival +Le regard musicien+ pour marquer cette correspondance entre les arts qui est plus vive que jamais notamment avec l'évolution du numérique", explique le directeur de l'Ircam Frank Madlener.
La fusion entre les arts est au cœur du projet du Centre Pompidou et de l'Ircam, associés dés l'origine et voisins: l'Ircam est situé en sous-sol, sous la place Stravinsky qui jouxte Beaubourg.
Le violoniste français Diego Tosi répète le 25 mars 2013 à l'Ircam à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Il y a eu, il y a 40 ans, une conjonction très rare dans l'histoire : celle d'une volonté politique, celle du président Pompidou, de créer un centre pour tous les arts, et une volonté individuelle, celle d'un artiste très connu, Pierre Boulez, convaincu que la musique devait être dans le concert des autres disciplines", explique Frank Madlener.
"Ajoutez à cela un troisième élément, la révolution technologique qu'est le numérique, et vous avez un triangle inespéré qui a provoqué la naissance de l'Ircam", estime-t-il.
Aujourd'hui encore, l'Ircam occupe une place unique dans le monde, associant à la fois des chercheurs, des artistes et des pédagogues. On vient du monde entier pour y étudier ou travailler.
Vie quotidienne
Le centre emploie quelque 110 personnes à plein temps, pour l'essentiel des chercheurs, mais invite aussi de très nombreux artistes à créer avec ses outils innovants.
Le compositeur Pierre Boulez sur le plateau de l'émission "7 sur 7" le 9 décembre 1989, à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Aujourd'hui, ce qui est en train de bouleverser le paysage et qui est visible dans le festival Manifeste, c'est qu'il n'y a pas que les compositeurs: on est de plus en plus dans des relations avec les arts visuels, avec le spectacle vivant, avec tous les arts qui sont contaminés par la dimension technologique", selon son responsable.
L'Ircam produit aussi bien des logiciels que des opéras faisant appel aux technologies de pointe, qui circulent dans les festivals dans le monde entier.
Ses innovations ont aussi marqué la vie quotidienne depuis 40 ans. "Quand le public va voir un concert pop ou électro, il ignore que le spectacle utilise le logiciel Max qui a été conçu à l'Ircam, qui s'est marié à Live", raconte Frank Madlener.
Dans le domaine du cinéma, la post-production utilise "Tracks", un logiciel qui permet de féminiser une voix, de la rendre plus grave, d'en modifier la mélodie, de la vieillir ou même de multiplier les voix. C'est aussi ce logiciel qui est utilisé pour "flouter" les voix des personnes souhaitant conserver l'anonymat dans les reportages.
Dans le design sonore, les équipes de l'Ircam ont été à l'origine des "signatures" sonores des véhicules électriques de Renault, qui signalent aux piétons l'arrivée de la voiture, qui serait sinon totalement silencieuse.
"On travaille aussi avec Universal Monde, qui a des millions d'heures de musique, pour créer un logiciel qui permettra d'extraire les données non seulement avec la date, le compositeur et le genre mais aussi le mood, l'atmosphère du morceau", explique le directeur. "On peut caractériser l'humeur, c'est en quelque sorte la play-list intelligente."