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Intérieur de l'usine de Fordo à Qom, dans le Nord de l'Iran, qui abrite des centaines de centrifugeuses. |
L'annonce mardi 5 novembre de la reprise des activités de Fordo, gelées en vertu de l'accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015, a suscité l'inquiétude de la communauté internationale. Les États-Unis qui se sont unilatéralement retirés en 2018 de ce pacte ont eux dénoncé un "chantage nucléaire". C'est le président iranien Hassan Rohani qui a fait cette annonce, au lendemain de l'expiration du délai donné par l'Iran aux États encore parties à l'accord (Allemagne, France, Royaume-Uni, Russie et Chine) pour l'aider à surmonter les conséquences du retrait américain et des sanctions rétablies par Washington qui ont plongé son économie dans une sévère récession.
"Dans les premières minutes de jeudi 7 novembre (...), la production et collecte d'uranium enrichi (ont démarré) dans les installations de Fordo", à environ 180 km au sud de Téhéran, a indiqué l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA). "Toutes ces activités ont été réalisées sous le contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique" (AIEA), ce qu'une source proche de cet organe de l'ONU chargé du contrôle du programme iranien a confirmé.
L'AIEA a par ailleurs jugé "inacceptable" que Téhéran ait "momentanément empêché" une de ses inspectrices de quitter l'Iran en raison de suspicions à son encontre, en évoquant un incident survenu fin octobre sur le site de l'usine d'enrichissement de Natanz (centre). L'Iran a confirmé avoir retiré l'accréditation d'une inspectrice de l'AIEA. La reprise de l'enrichissement à Fordo est la quatrième phase du plan de réduction des engagements iraniens lancé en mai en riposte au retrait et sanctions des États-Unis.
Inquiétudes internationales
Le porte-parole de l'OIEA, Behrouz Kamalvandi, a indiqué que les centrifugeuses de Fordo monteraient progressivement en puissance jusqu'à produire, à partir de samedi, de l'uranium enrichi à hauteur de 4,5% en isotope 235 - le taux maximum d'enrichissement auquel l'Iran se limite depuis juillet.
Des infrastructures d'enrichissement de l'uranium à Natanz, à environ 300 km au sud de Téhéran |
Ce taux reste en-deçà de l'enrichissement à 20% que l'Iran a un temps pratiqué, et très loin des 90% nécessaires pour envisager la fabrication d'une bombe atomique. Aux termes de l'accord de 2015, Téhéran a de nouveau réaffirmé qu'il ne chercherait jamais à développer ou acquérir l'arme nucléaire et a accepté de réduire drastiquement ses activités nucléaires en échange de la levée d'une partie des sanctions internationales qui asphyxiaient déjà à l'époque son économie.
L'accord interdit à l'Iran de mener des activités d'enrichissement à Fordo, usine souterraine longtemps tenue secrète. Il lui interdit également d'enrichir l'uranium en isotopes 235 à plus de 3,67%. Après l'annonce iranienne d'une reprise des activités à Fordo, Paris, Londres, Berlin et l'Union européenne (UE) avaient appelé Téhéran à revenir sur sa décision. À Washington, le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a appelé jeudi 7 novembre "toutes les nations à rejeter le chantage nucléaire" de l'Iran et à "prendre des mesures sévères pour augmenter la pression" sur ce pays.
L'Iran dit être prêt à revenir à l'application complète de ses engagements dès lors que les autres parties respecteront les leurs en prenant des mesures concrètes lui permettant de contourner les effets des sanctions américaines. L'Iran, pays membre de l'OPEP, exige surtout de pouvoir exporter son pétrole autant qu'il le souhaite et que son système financier cesse d'être isolé du reste du monde à cause des sanctions.
AFP/VNA/CVN