>>Libye : Haftar annonce un cessez-le-feu après les appels du Kremlin et d'Ankara
>>Réunion sur la Libye à l'ONU, demandée par Moscou
Le ministre russe de la Défense, Serguei Shoigu (gauche), serre la main au maréchal Khalifa Haftar, lors d'une rencontre à Moscou. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les deux chefs des belligérants libyens sont arrivés lundi 13 janvier à Moscou pour des négociations destinées à signer un accord formel de cessez-le-feu, entré en vigueur la veille en plein ballet diplomatique pour éviter que ce conflit dégénère.
La venue du chef du gouvernement reconnu par l'ONU (GNA), Fayez al-Sarraj, et de l'homme fort de l'Est, le maréchal Khalifa Haftar, dont les troupes s'opposent depuis plus de neuf mois aux portes de Tripoli, illustre l'influence croissante de Moscou dans cet épineux dossier.
La Russie n'a pas indiqué si une rencontre physique aura lieu entre les deux rivaux, qui se sont vus la dernière fois en février à Abou Dhabi.
Aux côtés de leurs homologues russes, les ministres turcs des Affaires étrangères et de la Défense, Mevlut Cavusoglu et Hulusi Akar, doivent chapeauter la rencontre. Ankara soutient Sarraj et déploie même pour ce faire des militaires, tandis que Moscou, malgré ses dénégations, est soupçonné d'appuyer Haftar avec des armes, de l'argent et des mercenaires.
Conférence de paix
Selon le président du Conseil d'État, Khaled al-Mechri, allié du GNA, la discussion pourrait notamment porter sur le déploiement de "forces de surveillance" dont il n'a pas précisé la nature.
S'exprimant lors d'une courte intervention télévisée, Fayez al-Sarraj a appelé les Libyens à "se lancer vers la stabilité et la paix".
Signe de leur poids croissant dans le chaos libyen et malgré leur rivalité sur le terrain, les présidents russe Vladimir Poutine et turque Recep Tayyip Erdogan avaient annoncé le 8 janvier le cessez-le-feu qui est entré en vigueur dimanche 12 janvier.
Cette trêve doit servir de prélude à une conférence internationale sur la Libye à Berlin sous l'égide de l'ONU, prévue pour le 19 janvier. La chancelière allemande Angela Merkel est d'ailleurs venue samedi 11 janvier à Moscou pour des pourparlers avec le président russe.
Ce dernier a enchaîné les conversations téléphoniques avec les dirigeants arabes et européens.
Pour Moscou, il s'agit d'accroître encore son influence au Moyen-Orient et de regagner le terrain perdu en Libye, en profitant de l'échec occidental à pacifier le pays depuis neuf ans.
"Si ce processus de paix décolle, la Russie va renforcer son rôle de faiseur de paix et réussir à garder Haftar", note Alexeï Malachenko, expert russe des questions de défense.
Mais des analystes doutent toutefois qu'une trêve puisse durer. "Haftar a une cible : la prise militaire de la capitale, ce qui lui permettrait de s'assoir à la table des négociations en dictant sa loi", souligne auprès de l'AFP, Federica Saini Fasanotti, de la Brookings Institution.
AFP/VNA/CVN