Libération des otages au Mali : ce que l'on sait... et ne sait pas

La libération au Mali de la dernière otage française au monde, de deux Italiens et d'une haute personnalité malienne soulève une multitude de questions, sur sa genèse, son déroulement et ses retombées.

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L'opposant malien Soumaïla Cissé et l'otage française Sophie Pétronin arrivent à Bamako après leur libération, le 8 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Entrepris dès son enlèvement en décembre 2016 à Gao, dans le Nord du Mali, les efforts pour la libération de Sophie Pétronin, se sont faits "sans relâche" mais dans la "discrétion", selon le président français Emmanuel Macron. De manière bien trop timide, selon la famille de la travailleuse humanitaire âgée de 75 ans.

Des négociations au long cours

Le rapt le 25 mars 2020 de Soumaïla Cissé, alors chef de l'opposition, en pleine campagne pour les législatives près de Tombouctou (Nord-Ouest), a par sa portée symbolique révélé les failles d'un État et de son président, Ibrahim Boubacar Keïta.
Le président Keïta a brisé en février un dogme en se disant prêt à ouvrir un dialogue avec les jihadistes. Mais très peu d'informations ont filtré sur la réalité ou la teneur de tels contacts.
De son côté, le parti de Soumaïla Cissé a créé une "cellule de crise" et sa libération était une des principales revendication du mouvement populaire qui réclamait la démission du chef de l'
État.
La junte qui a renversé le président Keïta le 18 août a fait du retour de M. Cissé un de ses objectifs prioritaires.
Mais rien ne semblait se passer jusqu'à ces deniers jours.
Brusque accélération puis l'attente, avant le dénouement
Pendant le weekend et en début de semaine, les nouvelles autorités ont libéré quelque 200 jihadistes présumés ou condamnés et les ont acheminés sans explication officielle vers le centre et le nord du pays.
Alors que les autorités maliennes et françaises gardaient le silence, différentes sources proches des tractations faisaient état dès lundi 5 octobre d'un possible échange contre des otages, à commencer par Soumaïla Cissé et Sophie Pétronin, dont le fils s'est rendu à Bamako en urgence.
Des médias ont annoncé mardi 6 octobre la libération des deux otages, à Tessalit (Nord-Est), ce que les autorités n'ont pas confirmé. Pendant deux jours, l'incertitude s'installe : plus aucune information ne circule et l'opération semble pouvoir encore capoter.

Joie des supporteurs de Soumaïla Cissé, lors de l'annonce de la libération de l'opposant malien devant sa résidence à Bamako, le 8 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Dans son communiqué de jeudi soir 8 octobre, annonçant la libération de Mme Pétronin et de Soumaïla Cissé, ainsi que de deux otages italiens, le père Pier Luigi Maccalli et Nicola Chiacchio, le gouvernement malien la date du "mardi 6 octobre".
Mais il ne fournit aucune raison à ce délai de deux jours entre la libération et son annonce officielle.
La télévision malienne a évoqué des "difficultés" de dernière minute, dues notamment à une trop forte médiatisation. L'ajout dans la négociation, qui concernait en premier lieu M. Cissé, du dossier de l'humanitaire française ou des deux Italiens, a pu également compliquer l'équation.
Quelles conséquences ?
Sur le plan intérieur, la libération de M. Cissé est un succès pour le nouveau pouvoir malien, dominé par les militaires. En retrouvant sa liberté, Soumaïla Cissé peut reprendre sa place dans la sphère politique en vue des élections prévues dans un délai de 18 mois.
Si la libération de Sophie Pétronin ne peut que réjouir la France, militairement très présente au Sahel, la contrepartie la plus visible - la remise en liberté de jihadistes susceptibles de commettre de nouveaux attentats pourrait s'avérer un pari risqué pour le Mali, voire les pays voisins.
Surtout si parmi eux se trouvent les responsables de certains des attentats les plus meurtriers de ces dernières années dans la région.

AFP/VNA/CVN

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