L’histoire : parent pauvre de l’éducation nationale

Pour le Bac 2014, les candidats ne seront évalués que sur quatre disciplines au lieu de six. Parmi les matières au choix figurent l’histoire, dont il apparaît qu’elle est la moins choisie par les élèves. Causes et solutions.

Le ministère de l’Éducation et de la Formation vient de décider de renouveler le plan d’examen du baccalauréat de 2014. Selon lequel, les candidats ne seront évalués que sur quatre disciplines (au lieu de six comme pour les années précédentes) dont deux obligatoires et deux au choix parmi six que sont physique, chimie, géographie, histoire, langues étrangères et biologie. Parmi ces dernières, c’est l’histoire qui est la moins choisie par les élèves.

 

Très rares sont les élèves qui choisissent l’historie au Bac.

Après la publication par le lycée privé Luong Thê Vinh (Hanoi) des taux d’inscription pour les matières au choix pour le prochain baccalauréat, avec un terrible 0% pour l’histoire, plusieurs écoles à Hanoi lui ont emboîté le pas, avec le même constat : très rares sont les élèves qui choisissent cette discipline au Bac.

Selon le professeur Van Nhu Cuong, directeur du lycée Luong Thê Vinh, 75,6% ont choisi la physique, 56,3% l’anglais, 50% la chimie, 11,4% la géographie, 5,3% la biologie et... 0% l’histoire. Au lycée Viêt Duc, parmi 716 élèves, ce taux est respectivement de 54%, 62%, 45%, 20%, 6,6% et 4,6%. Au lycée Nguyên Tât Thành, seuls 17 sur 600 ont opté pour l’histoire et au lycée Trân Nhân, seulement 10...

Même situation dans les lycées de Dà Nang (Centre) et de Hô Chi Minh-Ville. Au lycée Trân Phu (Dà Nang), la physique et l’anglais sont les plus choisis. Alors pourquoi cette désaffec-tion ? «Avec l’histoire, on doit apprendre par cœur des dates et des évènements tandis que pour les autres, il est facile d’avoir de bonnes notes sans accumuler des tonnes de connaissances», explique Huyên Nhu, lycéenne de Trân Phu.

Des programmes surchargés

Tentant d’expliquer cette situation, le professeur Van Nhu Cuong pointe, lui aussi, du doigt «la grande quantité de connaissances à acquérir pour l’épreuve d’histoire, avec des résultats au bout qui ne sont pas garantis». Selon lui, actuellement, l’enseignement de l’histoire dans les écoles suscite de nombreuses inquiétudes. Il souhaite voir un changement du projet «Renouvellement intégral des manuels après 2015» du ministère de l’Éducation et de la Formation, pour redonner à l’histoire la place qu’elle mérite.

Partageant l’idée du professeur Van Nhu Cuong, Mme Nguyên Phuong, enseignante au lycée Trân Phu, (Quang Ninh, Nord), considère que la capacité d’acquérir des connaissances en histoire des élèves est faible en raison de programmes surchargés et aussi du manque de motivation. Les élèves la considèrent comme une discipline fastidieuse qui repose beaucoup sur l’apprentissage «par cœur», et où la logique et la réflexion interviennent peu. Le niveau des enseignants est aussi en cause. C’est pourquoi, il serait nécessaire de renouveler les contenus des manuels ainsi que la manière d’enseigner cette matière, pour la rendre plus accessible et plus attractive.

Pour le Pr.-Dr. Bùi Chi Hiêp, directeur du lycée Mac Dinh Chi à Hô Chi Minh-Ville, les élèves choisissant l’histoire au Bac sont ceux qui souhaitent se diriger vers des filières universitaires du groupe C (littérature, histoire et géographie).

Phùng Thi Nguyêt Thu, directrice du lycée Phu Lâm à Hô Chi Minh-Ville, estime, pour sa part, qu’en raison de la quantité de choses à mémoriser, les élèves délaissent histoire et géographie. De plus, les méthodes d’enseignement seraient peu adaptées.

Selon le Pr. - Dr. Ngô Minh Oanh, directrice de l’Institut d’études de l’éducation de l’École normale supérieure de Hô Chi Minh-Ville, «le choix des élèves reflète la société actuelle où les filières économiques ont la cote. Peu de parents s’enthousiasment d’avoir un enfant passionné d’histoire, c’est même plutôt le contraire ! En plus l’histoire repose sur l’accumulation de connaissances encyclopédiques, peu sur la logique ou la réflexion, ce qui plaît moins aux élèves».

Afin de remédier à cette situation, d’après le Pr. - Dr. Hà Minh Hông, chef de la discipline Histoire à l’Université des sciences sociales et humaines de la mégapole du Sud, «l’histoire doit devenir une matière obligatoire au Bac. Cette discipline non seulement donne des connaissances de base sur l’histoire nationale et mondiale, mais aussi renforce le patriotisme, l’humanisme. En bref, elle participe à la consolidation d’une conscience nationale. En plus, elle donne à chacun les clés d’une meilleure compréhension du monde qui l’entoure et auquel il doit faire face».

Bref, une réflexion globale sur l’enseignement de l’histoire est nécessaire pour redorer le blason de cette noble matière injustement délaissée. La balle est désormais dans le camp du ministère de l’Éducation et de la Formation.

 

Huong Linh/CVN

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