L’ethnie Giay et ses coutumes ancestrales

Les Giay vivent éparpillés dans les provinces montagneuses septentrionales du pays. Une ethnie minoritaire dont les coutumes ancestrales religieusement conservées se perpétuent.

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Une octogénaire Giay présente le "ném còn".
Photo: Nguyên Triêu/CVN

Le Têt (Nouvel An lunaire) arrive à grands pas. Dans la région Nord-Ouest, un froid vif règne dans ces montagnes peuplées, pour l’essentiel, d’ethnies minoritaires. Le chemin menant à la commune de Quang Kim, province de Lào Cai, traverse des champs de sarrasins en fleurs. Le sentier zigzague sur le flanc de la montagne qui parfois disparaît dans la brume qui hante ces hautes terres une bonne moitié de l’année.

La commune de Quang Kim compte quelques villages habités par les Giay. Cette ethnie (une des 54 ethnies du Vietnam) qui ne recense que quelque 60.000 personnes, observe strictement les us et coutumes ancestraux, notamment ceux du Têt - la fête la plus importante de l’année.

En dépit du froid vif, les Giay s’affairent à la préparation de la fête du Têt. Les familles abattent chacune un cochon et quelques poulets, ils préparent des bánh chung (gâteau de riz gluant de forme carrée, farci de viande de porc et de mungo), ainsi que des bánh dày (gâteau de riz gluant pilé, de forme ronde).

Place des ancêtres au cœur du Têt

Concernant ces deux gâteaux caractéristiques du Nouvel An vietnamien, selon la conception ancienne, le banh chung symbolise la Terre qu’on imaginait de forme carrée; et le banh dày, le Ciel, de forme ronde. "Le Têt est l’occasion pour tout le monde de festoyer en famille. Il s’agit d’une fête animée, en particulier par le retour des ancêtres", révèle San Chang,

75 ans, chef du village de Ta Van. La tradition veut que les ancêtres reviennent tous les ans sur Terre pour fêter le Nouvel An avec leurs descendants.

Chez les familles Giay, le rite de bienvenue aux aïeux défunts est organisé dès le dernier jour de l’ancienne année, et ce de manière extrêmement solennelle. Un repas copieux est préparé avec soins et apposé sur l’autel des ancêtres. Sur ce dernier se trouvent obligatoirement un brûle-parfum, des chandelles, des fleurs ainsi que des papiers votifs (monnaies et vêtements en papier dédiés au culte des morts).

À la tombée de la nuit, les baguettes d’encens sont allumées. Le chef de famille, vêtu d’un costume traditionnel neuf, se prosterne devant l’autel, invoque des prières et invite le retour des ancêtres. Ainsi commence la veillée qui durera toute la nuit, pour leur souhaiter la bienvenue. À partir de ce moment-là, les bâtonnets d’encens doivent impérativement rester allumés pendant la totalité du Têt, et ce jusqu’à ce que la famille fasse ses adieux aux ancêtres.

Une fête de culte des Giay dans la province montagneuse de Hà Giang (Nord).
Photo: Thinh Nguyên/CVN

Le rite d’adieux, quant à lui, a généralement lieu au 3e jour de la Nouvelle Année, appelé le mùng 3 Têt. Encore une fois, un festin familial est tenu. Le culte dédié aux ancêtres s’effectue avec soin. Une fois les derniers bâtons d’encens éteints, on descend les offrandes en papier de l’autel et les brûle dans la cour. "Par cette manière, les cadeaux seront portés par le vent aux ancêtres qui s’en vont rentrer au Ciel", affirme-t-on.

Fête de "descente dans les champs"

Chez les Giay, la cérémonie de "descente dans les champs" fait partie des célébrations printanières et a lieu le premier jour de l’année portant le signe du Dragon (thìn en vietnamien). Pourquoi donc cet animal?

"Le dragon est censé faire la pluie, c’est lui qui arrose les cultures. En faisant ainsi nous espérons chasser la sècheresse afin d’avoir de bonnes récoltes", explique Vàng Van Phu, octogénaire.

Il s’agit d’une fête communautaire qui s’organise en plein air, dans un champ choisi à l’avance. Étant donné que cette célébration prend place au début de la période de repiquage du riz, les champs sont pour la plupart dénudés. Chaque famille prépare un plateau d’offrandes comprenant de la viande de porc et de poulet, une flasque d’alcool de maïs, divers gâteaux et sucreries caractéristiques du Têt ainsi que des fruits et des fleurs. Les plateaux d’offrandes sont placés à même la terre, les gens commencent à allumer des baguettes d’encens et implorent les divinités pour un temps favorable aux cultures, une moisson abondante et une vie heureuse, notamment.

Avec le temps, la Fête de descente dans les champs a évolué, s’y ajoutent désormais des activités culturelles et diverses réjouissances. Se distinguent parmi celles-ci un concours gastronomique où le jury local prime les meilleurs plateaux d’offrandes, une exposition des produits agricoles de divers villages, des jeux populaires folkloriques…

Le "ném còn" est un jeu populaire immanquable lors des festivités printanières des ethnies minoritaires dans la région Nord-Ouest.
Photo: CTV/CVN

Ném còn et équilibre des forces

On ne peut mentionner les traditions des Giay sans parler du ném con. Sur un replat cerné de montagnes, les villageois se tiennent en cercle autour d’un mât de bambou au sommet duquel trône un cercle coloré. Face à face, deux équipes - l’une de femmes et l’autre d’hommes - se lancent des balles ornées de rubans colorés qui font penser à de petits dragons volants. Et, l’assistance de s’exclamer chaque fois que la balle traverse le cercle et est rattrapée de l’autre côté.

Le ném còn, ou le "lancer de balles d’étoffe" est un jeu populaire immanquable lors des festivités printanières des ethnies minoritaires dans la région Nord-Ouest. Chez les Giay, ce jeu est obligatoire lors de la Fête de "descente dans le champ". "En plus de l’aspect récréatif, le but du +ném còn+ est aussi de s’attirer les bonnes grâces des divinités durant l’année, et d’assurer des récoltes abondantes", explique le patriarche San Chang.

La tradition stipule la participation de tous à la préparation de ce jeu folklorique. Les hommes s’occupent de la confection du mât et du cercle, les femmes, elles, des balles d’étoffes. Pour eux, "la balle symbolise le Yang, et le cercle, le Yin. En lançant la balle à travers le cercle, on exprime ainsi le désir d’une harmonie entre les deux forces. Une garantie du bonheur, de la prospérité et de la chance en somme".

C’est en effet par l’intermédiaire de ce jeu printanier que l’on soude la communauté et formule ses vœux pour la Nouvelle Année: "Que nos vœux soient exaucés et que la malchance périsse!"


Nghia Ðàn/CVN

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