Le Têt, temps idéal pour un retour aux sources

Pour les Vietnamiens, le Têt est l’occasion de retrouver leur famille. Les gens, en particulier ceux qui vivent loin de leur village natal, s’efforcent de rentrer chez eux pour célébrer la Nouvelle Année lunaire auprès des leurs.

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Les marchés sont toujours animés à l’approche du Têt.
Photo: Thúy Hà/CVN

À l’instar de nombreuses personnes vivant et travaillant à Hanoï ou dans les autres grandes villes, chaque année, ma famille retourne traditionnellement dans mon village natal à la campagne pour y accueillir le Nouvel An lunaire.

À l’arrivée des derniers jours de l’année lunaire, Hanoï voit de plus en plus les stores de ses magasins baissés et ses rues désertées. La ville, comme en suspension, offre un spectacle différent et, déjà, les fleurs de pêcher s’ouvrent un peu partout. Il n’y a pas de doute, le Têt approche à grands pas.

Tât niên, un repas de famille

Au 28e jour du 12e mois lunaire, les habitants des villes sont déjà pour la plupart partis à la campagne rejoindre leurs familles. Quant à la nôtre, nous prenons le car au départ de la station de Giap Bat (Hanoï) pour Thai Binh, qui se trouve à environ 120 km au sud de la capitale.

Avec le temps, bien que la façon dont les gens des campagnes célèbrent le Nouvel An lunaire ait quelque peu évolué, la tradition de préparation des offrandes pour le culte des ancêtres et d’achat de nouveaux ustensiles reste cependant absolument conservée. Et rien de mieux que de se rendre au marché du Têt pour l’occasion. Il s’agit en effet d’un véritable trait culturel typique des campagnes. Mes enfants se réjouissent à l’idée de passer la matinée en compagnie de leurs grands-parents dans une ambiance festive et joyeuse, à faire des emplettes ou à goûter aux spécialités rurales de saison.

Plus qu’un endroit où y faire ses courses, le marché du Têt est aussi le lieu où on y rencontre ses voisins et y retrouve des amis de longue date. Il s’agit d’un lieu convivial idéal pour les sorties en famille en cette saison de l’année.

Les marchés s’animent, l’ambiance effervescente est palpable. Les fleurs et les fruits exposés sur les étals abondent. Les fruits (bananes, aréquiers, oranges, pamplemousses, etc.) proviennent directement des jardins de leurs marchands et confèrent à ces marchés de campagne un caractère familier, intime et chaleureux.

D’ordinaire, les marchés ruraux ont lieu en matinée, mais à l’occasion du Têt, ils se tiennent toute la journée afin de répondre à la demande grandissante des clients. Les femmes achètent des feuilles de bananier et de dong (phrynium), des oignons fermentés ou encore des fruits pour les déposer sur l’autel des ancêtres. Les jeunes achètent des articles de décoration pour la maison, ainsi que de nouveaux vêtements pour être élégants à l’arrivée du Têt. Les enfants, quant à eux, s’émerveillent à la vue des jouets populaires multicolores.

Le dernier jour de l’année lunaire est appelé tât niên. Traditionnellement, toute ma grande famille (mes parents, la famille de mon frère et la mienne) se réunit autour d’un repas, soit le déjeuner, soit le dîner. On l’appelle bữa cơm tất niên (le repas du dernier jour de l’année).

Le soir, nous préparons deux plateaux pour le culte: l’un que nous déposons sur l’autel des ancêtres dans la maison et l’autre dans la cour, dédié au Ciel et à la Terre. À minuit pile, mon père exécute la cérémonie d’offrande aux ancêtres, au Ciel et à la Terre. Le culte du Réveillon a pour but de purifier les mauvaises choses de l’ancienne année et d’accueillir de bonnes choses pour l’année à venir.

Retrouver l’âme de la campagne

On se rend à la pagode dans la nuit du Réveillon afin de prier la chance pour la Nouvelle Année lunaire.
Photo: Hông Hai/CVN

Dans mon village, on se rend à la pagode dans la nuit du Réveillon afin de prier la chance pour la Nouvelle Année lunaire. Nous achetons des petits sachets de sel, censés nous porter chance pour l’année à venir. Et si, en plus, on rapporte quelques baguettes d’encens bénies de la pagode chez soi, alors il est dit que la chance vous suivra toute l’année.

Vient ensuite ce que l’on appelle le xông nhà. Il s’agit d’une coutume très importante du folklore du Têt vietnamien. Un des membres de la famille est désigné et doit quitter la maison avant minuit. Une fois les douze coups de minuits sonnés, il doit être la première personne de l’année à mettre le pied dans la maison apportant ainsi bonne chance, santé, prospérité et bonheur au foyer. Cette personne est choisie en fonction de la compatibilité de son année de naissance vis-à-vis du signe de la Nouvelle Année lunaire. Par exemple, si vous êtres né l’année du Chat et qu’il s’agit de l’année de la Souris, vous pouvez être certain que vous ne serez pas choisi pour effectuer le xông nhà de votre foyer cette année-là!

Le lendemain, au 1er jour du Nouvel An lunaire, après le déjeuner commence un rituel bien connu des Vietnamiens pour le Têt: la visite des différents oncles, tantes, cousins et autres membres plus ou moins proches de la famille. Dans le village, on peut voir de nombreux groupes de gens se déplacer, souvent bien habillés. Comme nous, ils font le tour des maisons.

À chaque visite, il faut enlever ses souliers. Au total, je me serai déchaussée plus de 20 fois dans la journée. Mon conseil: mieux vaut ne pas mettre des chaussures à lacets!

Aujourd’hui, modernité oblige, les caractères traditionnels du Têt de campagne se perdent un peu. Ceux qui rentrent célébrer le Têt dans leur village natal ne manquent pourtant pas de se mêler à la foule pour retrouver l’âme de la campagne et leur mémoire d’enfant.

Thúy Hà/CVN

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