>>Climat: le delta du Mékong en sursis
>>Le delta du Mékong face au changement climatique
Visite sur le terrain d’un modèle de "Village climato-intelligent" dans la province de Yên Bai (Nord). |
Photo: Nomafsi/CVN |
L’adaptation au changement climatique est indispensable pour le Vietnam, qui est l’un des pays les plus vulnérables et dont le secteur agricole emploie encore à ce jour plus de 70% de sa population active.
Conscient de ce fait, le gouvernement soutient l’idée de Climate-Smart Village (Village climato-intelligent) du Programme de recherche sur le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire en Asie du Sud-Est (CCAFS-SEA), une initiative du Groupe consultatif sur la recherche agricole internationale (CGIAR). Ce modèle a été déployé à titre expérimental dans les provinces de Yên Bai, Hà Tinh et Bac Liêu, situées respectivement au Nord, au Centre et au Sud du pays.
Agriculture adaptée au changement climatique
Pour Lê Quôc Doanh, vice-ministre de l’Agriculture et du Développement rural, il est important de respecter les règles naturelles, en utilisant des modèles de développement adaptés aux conditions naturelles avec un minimum d’interférence sur la nature.
"Le concept de villages climato-intelligents est une invitation à créer de nouvelles alliances et coopérations ainsi qu’à appliquer des solutions numériques pour développer ces villages", a-t-il fait savoir. Concrètement, ces derniers ont pour but d’accroître de manière durable la productivité agricole tout en favorisant une amélioration équitable des revenus agricoles, de la sécurité alimentaire et du développement; de renforcer la résilience en adaptant des systèmes de sécurité agricole et alimentaire et de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture.
Ce modèle comprend des solutions: élevage de vers de terre Perionyx excavatus, plantation d’arbres sur des terrains en pente, culture de plantes tolérantes à la sécheresse et à la salinisation, utilisation de pesticides respectueux de l’environnement, etc. Il encourage également les agriculteurs à utiliser des machines-outils économisant du carburant, à appliquer des mesures de gestion de l’eau d’irrigation. Les agriculteurs peuvent étudier des modèles de pratique agricole intelligente adaptés au changement climatique.
Les habitants au village de Ma ont tenté l’élevage des vers de terre Perionyx excavatus pour fabriquer du compost. |
Photo: CTV/CVN |
"Nous souhaitons non seulement améliorer les connaissances des populations locales sur l’agriculture intelligente face au climat, mais aussi faciliter l’apprentissage transversal entre les dirigeants locaux en Asie du Sud-Est et encourager le développement du concept de villages climato-intelligents dans cette région", a souligné Leo Sebastian, directeur du programme CCAFS-SEA.
Au Vietnam, trois villages et hameaux sélectionnés pour appliquer à titre expérimental ce modèle sont très touchés par les effets du changement climatique. Ce sont Ma (commune de Vinh Kiên, district de Yên Binh, province de Yên Bai), My Loi (commune de Ky Son, district de Ky Anh, province de Hà Tinh) et Trà Hât (commune de Châu Thoi, district de Vinh Loi, province de Bac Liêu).
Des comités de pilotage comprenant des scientifiques et représentants de la communauté locale ont été créés dans ces localités afin de parvenir à identifier les meilleures technologies que les paysans puissent appliquer pour améliorer leur résilience aux impacts du changement climatique.
Le village de Ma, l’un des pionniers
Ma, village de 193 familles, avec quelque 750 personnes dont la moitié de l’ethnie minoritaire Cao Lan, est connu en tant que modèle de Villages climato-intelligents. Avec le soutien de scientifiques, les locaux ont amélioré leurs rendements en manioc et la fertilité de leurs sols en cultivant cette plante en intercalaire avec des bandes enherbées, qui peuvent également servir à nourrir bétail et poissons afin d’améliorer les revenus.
Ce type de culture mixte atténue également l’érosion du sol en formant des terrasses qui empêchent les ruissellements pendant les précipitations. Les herbes permettent au sol d’améliorer sa qualité et sa structure, en contribuant à renforcer la pénétration de l’eau dans le sol et à fournir des stocks plus importants d’éléments nutritifs aux plantes. Le manioc, en tant que culture intercalaire, a contribué à améliorer les conditions de vie des locaux car de nombreuses autres cultures ne peuvent pousser sur les terrains en pente, en particulier lorsque la fertilité du sol est déjà faible.
Les habitants à Ma ont aussi tenté l’élevage des vers de terre Perionyx excavatus pour fabriquer du compost. C’est un moyen rapide et simple d’avoir un engrais organique gratuit tout en se débarrassant des déchets.
"Nous avons appris que la production de compost +fait maison+ à partir de déchets agricoles peut contribuer à réduire nos besoins d’engrais chimiques et de pesticides. Elle permet donc aux agriculteurs d’économiser de l’argent", a déclaré Hoàng Van Toan. Il est heureux de voir les poules et coqs de son jardin engraisser nettement quand il ajoute des vers de terre à leur nourriture. Par ailleurs, ils sont moins atteints de maladies qu’auparavant.
Trois ans après son lancement au Vietnam, le modèle de "Villages climato-intelligents" a enregistré des résultats encourageants. Tout d’abord, en termes de reconnaissances des locaux sur la production agricole et leurs comportements dans la vie quotidienne. Les habitants ont conscience de la nécessité d’économiser de l’eau, de cultiver des arbres et de protéger leur environnement de vie. Ce modèle les a aussi aidés à avoir accès à de nouvelles technologies, à réduire les coûts tout en augmentant rendements et revenus. Dans un avenir proche, il sera multiplié dans l’ensemble du pays, afin de s’orienter vers une agriculture durable et respectueuse de l’environnement.