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La majorité des Vietnamiennes n’ont pas ou peu bénéficié d’une formation professionnelle. |
Photo: VNA/CVN |
Selon les statistiques, 72% des Vietnamiennes appartiennent à la population active, ce qui classe le pays à la deuxième place mondiale derrière le Cambodge (81%). Cependant, il n’y a que 20,9% de la population active du Vietnam, soit 11,3 millions de personnes, qui ont bénéficié d’une formation professionnelle.
Plus précisément, 81,6% des femmes actives n’ont pas ou peu bénéficié d’une formation (contre 76,7% chez les hommes). Ces données montrent que la majorité des Vietnamiennes exercent des professions pour lesquelles elles n’ont pas été formées.
Les femmes peu ou pas qualifiées
Dans la Stratégie nationale "Égalité des sexes, périodes 2011-2020", le gouvernement a fixé qu’en zone rurale, le taux de travailleuses ayant été formées doit atteindre un taux de 25% en 2015 et de 50% en 2020. Mais en 2016, ce taux restait très modeste, de l’ordre de 15%. Selon les spécialistes, ces objectifs sont impossibles à atteindre à cause d’énormes différences entre les zones économiques du pays.
La mauvaise qualification des femmes cause de nombreux problèmes, en premier lieu chômage, accès limité à la sécurité sociale, bas salaires, etc. Malheureusement, la majorité de celles-ci se trouve dans des zones rurales démunies, ou appartient à des ethnies minoritaires. À l’ère de la mondialisation, leur choix de métiers devient de plus en plus restreint.
"Le taux de femmes actives peu ou pas qualifiées chez les ethnies minoritaires affiche 36 points de plus que chez l’ethnie majoritaire Kinh. Ces femmes connaissent beaucoup de difficultés sur le marché du travail et ont besoin de soutiens gouvernementaux pour leur formation", insiste Trân Quy Long, chercheur à l’Institut pour les familles et l’étude des genres du Vietnam.
Selon Nguyên Thi Thu Hà, présidente de l’Association des femmes du Vietnam, celles-ci jouent un rôle à la fois social et économique dans chaque famille. "La mauvaise qualification a des conséquences directes sur ces femmes mais aussi sur leur famille", insiste-t-elle.
Resserrer les liens entre acteurs sociaux
Les relations entre entreprises et centres de formation restent très faibles. D’après Vu Xuân Hùng, chef du Service des formations relevant du Département général des formations professionnelles, bon nombre d’entreprises préfèrent ne pas recourir à ces structures.
Actuellement, 36% d’entre elles organisent elles-mêmes des cursus professionnels pour leurs travailleurs. Ce taux dans les sociétés publiques est de 30%. La qualité de formation n’est pas assurée et les compétences des travailleuses n’évoluent guère.
Ouvrières dans l’usine de Canon au parc industriel de Phô Nôi A, province de Hung Yên (Nord). |
Photo: Pham Kiên/VNA/CVN |
Les spécialistes insistent sur le fait que la quatrième évolution industrielle va modifier largement la structure de la population active du pays, et les femmes peu qualifiées auront de moins en moins accès au monde du travail.
En plus de ne pas avoir été formés à un métier spécifique, ces femmes ont peu de facultés d’adaptation aux nouvelles technologies, et elles ignorent souvent leurs droits en matière de conditions de travail, de salaire, d’assurances, de promotions, etc.
"À l’ère du 4.0, la majorité des travailleurs formés à court terme (moins d’un an) n’arriveront pas à trouver un emploi approprié, ou ne répondront pas aux besoins des entreprises", prévient la Docteure-Professeure Dang Nguyên Anh, présidente adjointe à l’Académie des sciences sociales du Vietnam.
L’État doit jouer un rôle central pour aider ces travailleuses à accéder aux centres d’études, aux pôles à l’emploi, aux ateliers... Par ailleurs, l’État peut aussi diversifier les cursus professionnels, particulièrement au service des travailleuses ou chômeuses en zone rurale ou dans les zones démunies, renforcer le financement de moyens d’accès au choix de métiers. L’important est que les Vietnamiennes acquièrent, outre les compétences et connaissances nécessaires, des aptitudes adaptées au marché de l’emploi actuel.
En plus, les centres privés de recherche d’emploi doivent élargir leur réseau, en recrutant à la fois des travailleurs vietnamiens et étrangers, donner plus d’informations et de conseils sur le marché de l’emploi, au Vietnam et dans le monde entier. Pour les femmes peu qualifiées en particulier, ces centres doivent les conseiller sur les besoins de la société et du marché du travail, leur permettre de profiter de la sécurité sociale, et assurer l’égalité hommes-femmes au travail.