>>Éthiopie : 52 morts dans un mouvement de foule
>>L'Éthiopie et Israël discutent de moyens de renforcer leurs relations
Le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Dessalegn, devant l'Assemblée générale des Nations unies à New York, le 22 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"L’État d’urgence est nécessaire parce que la stabilité de notre pays est compromise", a déclaré le Premier ministre dans une allocution retransmise par la télévision nationale EBC.
"Les responsables sont des éléments belliqueux en collaboration avec les ennemis extérieurs de l’Éthiopie, qui travaillent ensemble pour déstabiliser le pays", a t-il ajouté, précisant que "l'état d'urgence a été déclaré après un débat approfondi en conseil des ministres sur les morts et les dommages aux biens survenus dans le pays".
Cette déclaration d’état d’urgence intervient après une semaine de violence d’une rare intensité dans la région oromo (Centre et Ouest), où les manifestations visant des intérêts étrangers en plus des bâtiments publics se sont multipliées jusque dans la périphérie d'Addis Abeba.
Une ressortissante américaine a été tuée par un jet de pierre sur son véhicule près de la capitale. Des complexes touristiques, des usines et des fermes étrangères ont été incendiés.
Ces violences font suite à la bousculade meurtrière provoquée par des tirs de gaz lacrymogène de la police, dimanche dernier au cours d'un festival religieux oromo (55 morts selon les autorités, beaucoup plus selon les opposants).
"Nous nous donnons comme priorité la sécurité des citoyens. De plus, nous voulons mettre fin aux dommages causés à nos infrastructures, à des centres de santé, des bâtiments de l'administration et de la justice", a déclaré le Premier ministre dans son communiqué.
Une contestation sans précédent
Cette déclaration d’état d’urgence sur l’ensemble du territoire est sans précédent en Éthiopie depuis 25 ans. En 2005, les autorités éthiopiennes avaient décrété un état d’urgence limité à certaines villes, dont Addis Abeba, pour une durée de 30 jours, après des élections controversées.
La mesure marque un durcissement du gouvernement face aux mouvements de contestation qui traversent l'Éthiopie depuis la fin de l'année dernière, réprimés par l'État au prix de centaines de morts selon des organisations de défense des droits de l'Homme.
Des habitants de la capitale Addis Abeba et d'autres villes de province ont indiqué qu'il y avait davantage de policiers dans les rues à la suite de la déclaration de l'état d'urgence, mais pas d'autres mesures visibles.
Le réseau internet mobile est coupé depuis cinq jours à Addis Abeba et les réseaux sociaux bloqués, une mesure régulièrement prise par les autorités pour empêcher la diffusion d'appels à manifester, déjà mise en place en région omoro depuis des mois.
Selon un responsable de l'opposition éthiopienne, l'état d'urgence n'est qu'un moyen pour le gouvernement de "consolider son autorité et d'écraser toute manifestation publique spontanée".
AFP/VNA/CVN