Carnage au Yémen : 140 morts dans des raids, Ryad nie toute implication

Plus de 140 personnes ont été tuées et des centaines blessées samedi 8 octobre dans la capitale yéménite Sanaa, selon l'ONU, dans des raids aériens qui ont frappé une foule en deuil et que les rebelles Houthis ont attribué à la coalition arabe dirigée par Ryad.

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Des secouristes yéménites transportent un corps après des frappes attribuées à la coalition arabe à Sanaa, le 8 octobre 2016.

La coalition a nié toute implication dans ces frappes, estimant dans un communiqué qu'il faudrait envisager "d'autres causes" à l'attaque, qualifiée de "massacre" par les rebelles. Elle s'est déclarée prête à associer Washington à une enquête "immédiate".

"Profondément troublés" par ces raids, les États-Unis ont annoncé l'"examen immédiat" de leur soutien à la coalition menée par Ryad. "La coopération sécuritaire des États-Unis avec l'Arabie saoudite n'est pas un chèque en blanc", a martelé Ned Price, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

Les rebelles chiites Houthis, qui se sont emparés de Sanaa il y a deux ans puis d'autres régions, sont combattus par la coalition arabe, alliée du gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale.

La dernière attaque de ce type à Sanaa remonte au 9 août dernier, lorsqu'au moins 14 personnes avaient été tuées dans des raids de la coalition, selon des sources médicales, et ce, trois jours après l'échec de pourparlers de paix qui se tenaient au Koweït.

D'après le coordinateur humanitaire pour l'ONU au Yémen, Jamie McGoldrick, les raids de samedi ont fait plus de 140 morts et plus de 525 blessés.

"La communauté humanitaire du Yémen est choquée et scandalisée par les raids aériens d'aujourd'hui qui ont visé une salle publique où des milliers de personnes participaient à une cérémonie funéraire", a indiqué M. McGoldrick, en précisant que ce bilan provenait de "premières informations émanant du personnel de santé". Plus tôt, le porte-parole du ministère de la Santé, Tamim al-Chami, avait avancé sur la chaîne de télévision des rebelles un "bilan très lourd: plus de 520 blessés et plus de 100 martyrs".

Enorme incendie 

Les frappes ont visé une salle publique où de nombreuses personnes étaient réunies dans l'après-midi pour présenter leurs condoléances pour la mort du père du "ministre de l'Intérieur", Jalal al-Rouichène, a indiqué Sabanews.net.

Un énorme incendie s'est déclaré dans le bâtiment, qui s'est effondré, ont indiqué des habitants. Des équipes de secours retiraient des corps calcinés et tentaient de retirer d'autres coincés sous les décombres, a rapporté un photographe de l'AFP sur place.

Le photographe a dit avoir compté une vingtaine de cadavres. Certains blessés, amputés de leurs membres inférieurs par l'effondrement du bâtiment, étaient secourus par des volontaires. Des ambulances évacuaient les victimes et les hôpitaux ont lancé un appel pressant pour des dons de sang, selon des habitants.

"Un avion a tiré un missile contre la salle, et quelques minutes après, un deuxième appareil a bombardé le site", a indiqué un témoin, qui s'est identifié par son prénom, Moujahid. "C'est un crime contre l'humanité (...) Le régime saoudien est responsable de l'effusion de sang des Yéménites", a lancé un autre témoin.

Le maire de Sanaa, Abdel Qader Hilal, figure parmi les morts, a indiqué la chaîne Al-Masirah. Les rebelles n'ont pas précisé si M. Rouichène ou des personnalités autres que Abdel Qader Hilal étaient présentes au moment de l'attaque. Le général Jalal al-Rouichène, qui avait été nommé ministre de l'Intérieur par le président Abd Rabbo Mansour Hadi, est resté en poste après la conquête de Sanaa par les rebelles en septembre 2014.

 Menace des rebelles 

Destruction après des raids aériens sur Sanaa qui ont fait plus de 140 morts, le 8 octobre 2016.

Le gouvernement yéménite, qui avait alors dû fuir le pays, tente actuellement de regagner le terrain perdu avec l'appui de la coalition arabe.

L'attaque "ne restera pas impunie", a prévenu le Conseil politique suprême, mis en place récemment par les Houthis et leurs alliés, les partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Il a appelé ses partisans à "user de tous les moyens pour répondre à ce crime".

Le conseil a en outre appelé les Yéménites à participer dimanche matin 9 octobre à une manifestation devant le bureau de l'ONU à Sanaa pour protester contre "les crimes de guerre" de la coalition.

La coalition, qui est intervenue au Yémen en mars 2015, a été accusée par des organisations de défense des droits de l'Homme de commettre des "bavures" en touchant des secteurs civils dans ses raids.

Samedi à l'aube 8 octobre, quatre civils, membres d'une même famille, ont été tués dans un raid aérien de la coalition contre une maison près de Bajil, une localité de la province de Hodeida (ouest), a indiqué à l'AFP un responsable provincial.

Le 15 mars 2016, des raids aériens contre un marché dans la province de Hajja (au nord-ouest de Sanaa) avaient fait au moins 119 morts selon l'Unicef. Un chef tribal proche des rebelles avait accusé la coalition. Le conflit au Yémen a fait plus de 6.700 morts, selon l'ONU.

AFP/VNA/CVN

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