L'ETA livre ses armes à la France, geste insuffisant pour Madrid

Une page d'histoire franco-espagnole est-elle tournée ? ETA, qui avait annoncé son "désarmement total" ce samedi 7 avril, a livré aux autorités françaises une liste de caches d'armes, un geste salué par Paris mais insuffisant pour l'Espagne, qui appelle l'organisation séparatiste basque espagnole à s'auto-dissoudre.

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Des policiers et des équipes de déminage recherchent les armes de l'ETA, le 8 avril à Saint-Pee-sur-Nivelle

ETA, qui a renoncé à la lutte armée en 2011, a fourni une liste de huit caches d'armes et d'explosifs, ce qu'il resterait de son arsenal : elles sont situées dans le département des Pyrénées-Atlantiques, frontalier de l'Espagne.

"Près de 3,5 tonnes d'armes, explosifs et matériels nécessaires à la fabrication d'engins explosifs" y ont été retrouvées, selon le Premier ministre Bernard Cazeneuve.

Le chef du gouvernement s'est félicité samedi soir 8 avril d'une opération menée "sans violence". Il a salué "une étape décisive vers la fin du terrorisme indépendantiste basque" et a rendu hommage aux victimes de l'organisation clandestine.

La tonalité était tout autre du côté du gouvernement espagnol, qui a appelé ETA à "annoncer sa dissolution définitive, demander pardon à ses victimes et disparaître, au lieu de monter des opérations médiatiques pour dissimuler sa défaite".

Dès vendredi 7 avril, Madrid avait prévenu qu'ETA ne tirerait "aucun avantage, aucun bénéfice politique" de son désarmement unilatéral.

Selon le parquet de Paris, "sur les sites indiqués, ont été découverts des dizaines d’armes de poing et d’épaule, des milliers de munitions, plusieurs centaines de kilogrammes d’explosifs et produits entrant dans la composition d’explosifs, plusieurs centaines de détonateurs et retardateurs".

Le parquet antiterroriste, qui a ouvert le 4 avril une enquête préliminaire, a confié les investigations à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

À leur arrivée sur l'un des sites, à Etxarri, dans la montagne pyrénéenne, les policiers ont eu la surprise de trouver le député européen EELV José Bové, qui les attendait pour les guider.

La police doit s'assurer que ces caches correspondent à ce qu'ils savent de l'arsenal d'ETA. Les experts en balistique et la justice devront ensuite faire "parler" ces armes et vérifier si certaines ont pu servir à des assassinats.

'À l'agonie'

C'est la Commission internationale de vérification (CIV), une structure indépendante non reconnue par l'Espagne et la France, qui a remis cette liste de caches samedi matin 8 avril au Procureur de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), Samuel Vuelta Simon.

Photo diffusée par l'organisation "Artisans de la Paix" montrant des membres devant une cache d'armes de l'ETA près d'Andaux, le 8 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

La CIV a reçu cette liste de la main des "artisans de la paix", issus de la société civile française, a précisé lors d'une conférence de presse à Bayonne son porte-parole, le Sri-Lankais Ram Manikkalingam, professeur en sciences politiques à l'Université d'Amsterdam.

ETA (Euskadi ta Askatasuna, Pays Basque et Liberté), toujours classée "organisation terroriste" par l'Union européenne, avait annoncé son "désarmement total" pour samedi 8 avril, dans un communiqué adressé à la BBC.

Pour ETA, historiquement, la France et particulièrement le Sud-Ouest ont été une véritable "base arrière".

D'après des experts de la lutte antiterroriste, l'organisation est "à l'agonie et le mouvement clandestin compterait tout au plus encore une trentaine de membres".

Un point de vue partagé par Jean Chalvidant, un expert du conflit basque interrogé par l'AFP. Selon lui, ETA a mis en scène un "show" pour redorer une "image désastreuse" alors qu'"elle se sait vaincue".

L'organisation clandestine, née en 1959 dans la lutte contre le franquisme, a renoncé en octobre 2011 à la lutte armée, après 43 ans de violences au nom de l'indépendance du Pays basque et de la Navarre. Au total, 829 morts lui sont imputés, tandis qu'au moins 62 de ses militants ont été tués par des groupes para-policiers.

Mais ETA refusait son désarmement et sa dissolution exigés par Madrid et Paris, réclamant une négociation sur ses membres détenus (337, dont 75 en France et une centaine purgeant des peines de plus de dix ans de prison).

En marge de l'opération de samedi 8 avril, un "grand rassemblement populaire" a eu lieu à Bayonne sur le thème "Nous sommes tous et toutes des artisans de la paix". Selon la police, 6.000 à 7.000 personnes, en majorité venues du Pays Basque espagnol, 20.000 selon les organisateurs, y ont participé aux cris de "Independentzia" ("Indépendance").


AFP/VNA/CVN

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