Venezuela : nouveaux heurts entre opposition et police lors d'une manifestation

Des heurts avec les forces de l'ordre ont à nouveau éclaté samedi 8 avril à Caracas lors d'une manifestation qui a rassemblé des milliers d'opposants au président vénézuélien Nicolas Maduro, la quatrième en une semaine dans ce pays en pleine crise politique et économique.

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Un manifestant lors d'un rassemblement contre le président du Venezuela, Nicolas Maduro, le 8 avril à Chacao (est de Caracas), après que le leader de l'opposition a été déclaré inéligible.

Dans le quartier de La Campiña, les quelque 4.000 manifestants ont été empêchés d'avancer par les policiers et la garde nationale (militaires) qui ont utilisé des gaz lacrymogènes, des canons à eau et des balles en caoutchouc pour les contenir, selon les journalistes de l'AFP sur place.

Certains d'entre eux, visage couvert, ont répliqué en lançant des pierres. Aucun blessé n'a été recensé officiellement mais des journalistes de l'AFP ont constaté que deux policiers avaient été atteints par des cocktails Molotov.

Les affrontements ont éclaté quand les manifestants ont tenté de se rendre dans le centre de la capitale, où se trouvent les institutions contrôlées par le chavisme (du nom de l'ancien président Hugo Chavez, 1999-2013), qui a la main mise sur l'ensemble des pouvoirs, hormis l'Assemblée où l'opposition est majoritaire.

Ils ont duré près de deux heures avant que les opposants se replient vers d'autres points de la ville, même si des heurts persistaient en milieu d'après-midi en certains endroits.

Dans le centre de la capitale, les partisans de Nicolas Maduro défilaient eux aussi, dans le cadre d'un événement baptisé "grande fête culturelle, sportive et récréative".

Du côté de l'opposition, c'est la colère qui dominait, au lendemain de la sanction infligée à l'un de ses leaders, Henrique Capriles, principal rival de Nicolas Maduro qui l'avait battu de peu lors de la présidentielle de 2013.

L'organisme public chargé de contrôler l'action des fonctionnaires lui a imposé "une sanction d'inéligibilité pour des mandats publics pour une période de 15 ans", l'écartant de fait de l'élection de 2018, pour laquelle il était déjà candidat aux primaires de son parti.

Selon cet organisme, la sanction répond à des "irrégularités administratives" durant la gestion de M. Capriles en tant que gouverneur de l'État de Miranda (Nord), poste qu'il occupe actuellement.

'La lutte commence'

Cette mesure intervient dans un climat de forte tension au Venezuela et d'exaspération de la population, dans ce pays dont l'économie s'est effondrée avec la chute des cours du pétrole, son unique richesse.

Manifestation contre le président Nicolas Maduro, le 8 avril à Chacao, après que le leader de l'opposition a été déclaré inéligible.

"Les gens en ont marre de tant de corruption, de la faim et de la misère", confiait samedi 8 avril une manifestante, Vanessa Garcia, étudiante en optique de 37 ans.

"Ils croient qu'en rendant Capriles inéligible ils vont le faire taire, mais ça va être tout le contraire, c'est maintenant que la lutte commence", a déclaré Aixa Hernández, agent immobilière de 55 ans, alors que dans le cortège, beaucoup brandissaient le portrait de l'opposant politique de 44 ans.

"On verra bien qui rira le dernier! Nous nous verrons dans les rues de Venezuela, @nicolasmaduro, il n'y aura pas de répit", a d'ailleurs promis sur Twitter M. Capriles. Il a affirmé qu'il ferait appel de la sanction.

Jeudi 6 avril, le chef de l'État avait fortement critiqué cette figure des antichavistes, estimant qu'il était "fini politiquement".

L'opposition, qui cherche à obtenir le départ anticipé du président socialiste, âgé de 54 ans et très impopulaire dans le pays, a appelé à de nouvelles manifestations la semaine prochaine.

Jeudi 6 avril, quelque 10.000 opposants avaient défilé contre le pouvoir à Caracas. Lors de violentes échauffourées avec la police, un jeune homme de 19 ans avait été tué, 19 personnes blessés et 30 autres interpellées.

La crise politique, née de la victoire de l'opposition de centre droit aux législatives de fin 2015, qui a mis fin à l'hégémonie chaviste, s'est enflammée ces derniers jours quand la Cour suprême, réputée proche du président, s'est brièvement arrogée les pouvoirs du Parlement, déclenchant un tollé international qui l'a poussée à faire machine arrière.

L'opposition, réunie dans une vaste coalition, la MUD (Table pour l'unité démocratique), crie à la tentative de coup d'État.

Le Venezuela en a déjà connu trois depuis 1992 et, dans ce pays qui est l'un des plus violents au monde, de vastes manifestations contre le pouvoir en 2014 avaient fait officiellement 43 morts.

AFP/VNA/CVN

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