>>Syrie : la trêve à Alep prolongée trois jours
>>L'ONU réclame une enquête sur l'attaque contre un camp de déplacés en Syrie
Montage des photographies des trois journalistes espagnols de gauche à droite Angel Sastre, Antonio Pampliega et Jose Manuel Lopez, libérés et en lieu sûr après avoir été retenus pendant dix mois en Syrie. |
Photo : AFP/CVN |
"Nous sommes heureux et soulagés de pouvoir célébrer la libération de Antonio Pampliega, José Manuel López et Ángel Sastre", a déclaré la présidente de Reporters sans frontières Espagne (RSF), Malén Aznárez dans un communiqué.
D'après des sources proches du gouvernement et RSF, les journalistes qui se trouvaient le 7 mai en Turquie étaient attendus le 8 mai à la base aérienne de Torejon, proche de Madrid. Mais les autorités se refusaient à confirmer la date et l'heure de leur retour.
RSF cite la mère d'Antonio Pampliega, María del Mar Rodriguez Vega. "Quand je lui au parlé au téléphone, c'était merveilleux, dit-elle. Il avait toujours la même voix, celle qu'il avait quand il était enfant, et me demandait sans arrêt pardon pour ce qu'il m'avait fait endurer".
Maria a ajouté qu'elle allait préparer à son fils son plat préféré, des épinards à la sauce béchamel. Le gouvernement avait annoncé la libération des trois journalistes samedi soir dans un court communiqué.
"Il y a quelques heures ont été libérés les journalistes espagnols Jose Manuel Lopez, Angel Sastre et Antonio Pampliega qui avaient été enlevés à Alep, dans le nord de la Syrie, il y a près de dix mois".
Dans son message, Madrid assure que cette libération a été rendue "possible grâce au travail de nombreux fonctionnaires et à la collaboration de pays alliés et amis, spécialement dans la phase finale depuis la Turquie et le Qatar". Ces deux pays abritent d'importantes bases militaires américaines.
Il n'a pas été possible de savoir si une rançon avait été payée.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les trois reporters avaient été vus pour la dernière fois le 13 juillet 2015 dans le quartier de Maadi (Alep), contrôlé par plusieurs groupes rebelles. Ils circulaient à bord d'une camionnette et avaient été emmenés par un groupe d'hommes.
Quand leur enlèvement avait été rendu public le 21 juillet, leurs familles avaient appelé les médias à faire preuve de "patience" et de "respect". Les ravisseurs ont distribué au moins une video des otages aux médias qui ont accepté de les passer sous silence à la demande du gouvernement espagnol.
Vocation de fer
La présidente de la Fédération des associations de journalistes en Espagne (FAPE), Elsa Gonzalez, a exprimé le 7 mai "toute sa joie" de les savoir libres et en lieu sûr.
Mais à l'heure du soulagement, elle n'a pas manqué de mettre en valeur l'implication de ces "journalistes free-lance aux salaires précaires mais à la vocation de fer".
En partant en mission en Syrie, ils savaient qu'ils se rendaient dans le pays le plus dangereux du monde pour les journalistes selon l'organisation Reporters sans frontières (RSF), qui y a recensé des dizaines de décès de journalistes depuis 2011.
Les trois reporters travaillaient pour divers médias espagnols, notamment les quotidiens ABC et La Razon, la chaîne de télévision Cuatro et la radio Onda Cero.
Le reporter d'images Angel Sastre, 35 ans, connaissait déjà la Syrie et était habitué à évoluer dans des zones dangereuses. Il avait commencé sa carrière de grand reporter vidéo en Amérique latine.
Antonio "Toni" Pampliega, 33, avait contribué à la couverture (texte, photo, vidéo) du conflit en Syrie de l'AFP, jusqu'en 2013, tout comme le photographe Jose Manuel Lopez, 45 ans, récompensé par plusieurs prix, notamment pour ses images très fortes des victimes de la guerre, en Syrie et ailleurs.
En septembre 2013, trois autres journalistes espagnols avaient été enlevés en Syrie et détenus par le groupe État islamique. Le reporter du quotidien El Mundo Javier Espinosa, le photographe free-lance Ricardo Garcia Vilanova, et le journaliste Marc Marginedas, du journal El Periodico, avaient été libérés en mars 2014.